Aventure et écotourisme dans la toundra
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Au-delà du 49e parallèle, de plus en plus d’entreprises développent ou consolident des activités et des forfaits touristiques grâce à l’Incubateur-Accélérateur nordique. L’objectif de l’initiative : rendre l’envoûtant territoire du Grand Nord plus accessible aux adeptes d’aventures en nature sauvage tout en générant des retombées économiques, sociales et environnementales positives. Notre collaboratrice a participé à une expédition au lac Wolf, au Nunavik, organisée par l’entreprise inuite Nunawild et soutenue par l’Incubateur.
À la faveur d’une providentielle percée dans les nuages, notre Twin Otter a trouvé son angle d’approche pour amerrir en douceur sur la surface oblongue du lac Wolf, depuis Kuujjuaq. L’hydravion est la façon la plus rapide — et la plus excitante — d’atteindre le campement inuit d’Allen Gordon, au coeur de la toundra qui s’étend à perte de vue. Trois camps construits sur place avec le bois apporté du « Sud » complètent le paysage.
Alors que notre petit groupe vient à peine d’arriver au campement, une poignée de retraités de Kuujjuaq ou de la Côte-Nord, tous des fous du Grand Nord, atterrissent en avion nolisé. Pas pour participer à une expédition de plein air comme nous, mais pour prêter main-forte durant quelques semaines afin de bâtir un nouveau camp. En échange : trois repas quotidiens et de miraculeuses parties de pêche en perspective.
Pendant qu’ils sortent les deux-par-quatre transportés de l’avion, on enfile pour notre part nos bottes pour explorer le territoire spongieux de Wolf Bay, à la découverte de la faune et de la flore arctiques. Ainsi débute notre expédition organisée par l’entreprise inuite Nunawild.

Notre guide sort ses jumelles. « Un boeuf musqué solitaire qui a sans doute été exclu du troupeau par le mâle dominant », murmure Allen Gordon, fondateur de Nunawild, en scrutant les reliefs de la toundra. Cet infatigable entrepreneur a été notamment conseiller municipal à Kuujjuaq avant de fonder son entreprise et d’y employer des membres de la communauté.
Tandis que nous cheminons dans les broussailles, entre les camarines, baies de chicoutai et de genévrier, nous tentons de voir le « boeuf musqué » d’Allen, qui ressemble davantage, à nos yeux de néophytes, à un petit point sombre dont le déplacement se brouille à mesure que nous tentons de le saisir.
Les randonnées hors piste comme celle-ci font partie des activités prévues par Nunawild. Tout comme la partie de pêche en bateau à moteur que nous ferons aussi sur la rivière Koksoak, en quête de truites d’une dizaine de livres, qu’on remet à l’eau après la photo d’usage. Car le menu du souper est déjà prévu par Phillis et Paul, un couple de retraités ontariens employé de Nunawild, qui se partage les tâches durant l’été pour accueillir les visiteurs, offrir une cuisine aux produits du terroir.
Dès cette première soirée, nous voilà gagnés par l’enthousiasme de nos hôtes et la magie du territoire balayé par une petite brise qui repousse les mouches — un chasse-moustiques 100 % bio ! — tout en révélant le ballet des aurores boréales.

Un coup de pouce pour le Nord
Nunawild est l’une des entreprises soutenues par l’Incubateur-Accélérateur nordique (IAN), partenaire du ministère du Tourisme et de la Société du Plan Nord. Elle vise à assister les entreprises écotouristiques situées au nord du 49e parallèle qui sont en phase de démarrage ou d’accélération. Le prérequis pour bénéficier du programme : développer des activités en écotourisme (pourvoiries comprises) ou en culture autochtone.
Trois cohortes d’environ 37 entreprises, situées sur la Côte-Nord, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, au Nunavik ou encore à Eeyou Istchee (Baie-James), ont d’ores et déjà bénéficié de ce soutien, qui inclut une enveloppe de 8 millions de dollars répartis sur trois années d’activité ainsi qu’un accompagnement. Ce programme est administré par trois organismes reconnus pour leur engagement et leur autorité dans le milieu du plein air : Aventure Écotourisme Québec, Tourisme Autochtone Québec et la Fédération des pourvoiries du Québec.
« Je me déplace sur le terrain et j’observe les retombées positives de ce programme partout où nous intervenons avec les entrepreneurs, dit avec enthousiasme Anne Lemieux, gestionnaire de l’IAN. Comme la création de forfaits en kayak de mer à Baie-Comeau ou à Longue-Pointe-de-Mingan, ou encore d’un séjour en nature sauvage au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ces entreprises s’inscrivent dans une approche d’équité, de sécurité et d’écoresponsabilité. »
Cette initiative pourrait rendre le Nord québécois plus accessible aux adeptes d’aventures en nature sauvage. « Pour l’instant, ce programme est trop récent pour en mesurer l’impact concret, mais son objectif est bien de générer, à moyen et à long terme, des retombées économiques, sociales et environnementales positives », fait valoir Anne Lemieux. Les effets de ce programme devraient séduire les amants et les curieux du grand Nord.
Le forfait de Nunawild au campement de Wolf Lake est d’une durée de 8 jours (7 nuits) et se fait en groupe de 6 à 12 personnes. Tarif : 7000 $ à partir de Montréal, vol et repas compris.
Le Nunavik à portée d’aventures
Une nouvelle génération d’entrepreneurs soutenus par l’IAN offre l’occasion de vivre des expériences uniques, tant humaines qu’écotouristiques, dans l’environnement exceptionnel du Grand Nord. Ces entreprises sont en phase de démarrage ou d’accélération et proposent différents forfaits. Bien sûr, le coût du transport aérien vers le Nord demeure un enjeu pour démocratiser ces destinations.
Nunawild : excursions écoculturelles, observation de la faune, pêche sportive et hébergement en camp rustique tout confort.
Ungava Polar Eco-Tour : excursions en bateau sur la baie aux Feuilles, au large de Tasiujaq, à la découverte des ours polaires, avec nuitée dans la communauté.
Etua’s Arctic Adventures : activités organisées autour de l’observation de la nature et de l’initiation à la culture autochtone.
Willie’s Camp : un ancien camp de chasse au caribou, situé à 200 kilomètres à l’ouest de Kuujjuaq, reconverti en site d’observation et de randonnée pédestre.
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