Les Alpes de Haute-Provence

Source : N. Lejeune, maison de la france
Photo: Source : N. Lejeune, maison de la france

Nous sommes arrivés d'Italie. C'était au début juin. En haut du col de Larche, des plaques de neige étendaient encore leurs nappes blanches, éblouissantes sous les reflets du soleil. Depuis Cunéa, la route avait été tranquille: manifestement, peu de touristes utilisent ce parcours pour passer d'un pays à l'autre. Au-delà du col, nous avons débouché sur la vallée de l'Ubaye: notre premier contact avec la Haute-Provence n'en fut que plus agréable.

Sans nous presser, nous avons suivi la départementale 900 en enfilant Meyronnes, la Condamine et des villages aussi paisibles, notant au passage des chemins secondaires qui montaient vers des combles, nous promettant de les emprunter dans les jours à venir. Ce que nous avons fait en partie, en égrenant les heures du côté de Sainte-Anne et de Saint-Paul-en-Ubaye.

Nous y avons ajouté la route du col de la Bonette à 2802 mètres, le plus élevé en altitude de toutes les Alpes: en lacets et en serpentins sur 24 kilomètres, le cordon d'asphalte n'en finit pas de grimper. Avec respect et prudemment, nous avons dépassé des cyclistes qui ahanaient avec ténacité.

Il faut avouer que le panorama vaut de tels efforts: tout autour de nous, les montagnes découpaient leurs dents sur le ciel clair. Plus bas, le vert des pentes abruptes se teintait de nuances sombres dans les zones boisées et de taches claires là où s'épandaient les prés. Petit à petit, l'air chaud de la vallée tiédissait, puis fraîchissait au long de la montée avant d'avoisiner le point de congélation à la hauteur de Restefond à plus de 2600 mètres. Après une courte halte à l'oratoire de Notre-Dame du Très-Haut, nous nous sommes arrêtés à la cime de la Bonette, là où une table d'orientation permet d'apprécier, mieux encore, le paysage.

En Ubaye, nous avons séjourné au chef-lieu, à Barcelonette. Notre hôtel, de facture assez moderne et doté d'une terrasse attenante à un petit jardin fleuri, portait un nom surprenant, Azteca, pour un tel endroit. Expliquons: au début du XIXe siècle, plusieurs habitants de cette ville sont partis tenter leur chance au Mexique. Une plaque murale, celle de l'avenue des Trois Frères Arnaud, rappelle notamment qu'ils furent, en 1821, les «premiers enfants de la vallée» à ainsi émigrer.

Haute vallée perchée, l'Ubaye a connu des années difficiles et s'expatrier s'imposait souvent comme une solution obligée. On répète volontiers là-bas que «tout Barcelonette partait célibataire avec le rêve de revenir riche et de se marier au pays». Mais, s'ils furent des milliers à prendre le chemin de l'Amérique latine pour ouvrir des magasins à Mexico ou travailler dans le commerce, moins de 3 % d'entre eux y ont fait fortune. Bon nombre de ces bénis des dieux, tel Casimir Reynaud, se sont fait construire de somptueuses villas là où ils avaient vu le jour, à Barcelonette et à Jausiers, et où ils venaient passer des vacances ou vivre le reste de leur existence. Passé, vous l'aurez compris, qu'évoque l'hôtel susnommé au nom si exotique.

Nous avons continué notre voyage. En s'encaissant, la départementale descend vers Selonnet, Beaujeu, La Javie. Un peu après la réunion du Bès et de la Bléone, le relief s'élargit. Offrant au soleil ses murs ocre et ses toits orangés, Digne-les-Bains prend ses aises. Au coeur des routes de la lavande, cette station balnéaire a retrouvé un second souffle en diversifiant ses activités touristiques, en incitant entre autres ses visiteurs à explorer les environs et à découvrir la diversité de leurs attraits.

Faut-il y voir un signe des qualités du pays dignois? L'exploratrice Aleandra David-Néel, celle-là même qui fut la première Européenne en 1924 à entrer dans Lhassa déguisée en Tibétaine et qui voyagea abondamment en Asie, avait choisi Digne-les Bains à la fin de sa vie. Comme si cette partie des Alpes et de la Haute-Provence était un condensé du monde.

Villages et cités de caractère

Pour être ainsi homologuée, la commune doit compter moins de 2000 habitants et être dotée d'un patrimoine architectural de qualité officiellement reconnu. Dans les Alpes de Haute-Provence, dix localités font partie du réseau: Annot (Cité des grès millénaires), Castellane (Sur la route Napoléon), Colmars-les-Alpes (Place-forte du Haut-Verdon), Dauphin (Belvédère du Lubéron), Entrevaux (Place-forte Vauban), Lurs (Balcon de la Durance), Mane (Jardins de Provence), Mousties-Sainte-Marie (Cité de la faïence), Riez (Cité historique), Seyne-les-Alpes (Place-forte de la vallée Blanche), Simiane-la-Rotonde (Cité perchée au pays des lavandes).

Distribuée gratuitement, une brochure couleur comprenant une carte présente les différents endroits. Syndicat mixte des villages et cités de caractère, (33) 4 92 30 50 05/4 92 32 35 80 (télécopieur), infos@alpes-haute-provence.com.

Salagon

À Mane, sur le tertre légèrement surélevé de l'ancienne abbaye de Salagon, des passionnés ont reconstitué un jardin médiéval. Des textes d'époque ont permis d'y suggérer l'allure, la diversité végétale, le charme et les mystères des jardins qui existaient en Europe avant la découverte du Nouveau-Monde et l'introduction de ses plantes exotiques.

Y sont cultivées 400 plantes différentes, dont la pivoine qui aurait entre autres la propriété de combattre l'épilepsie. Bâti sur le site d'une ancienne villa gallo-romaine, le prieuré — avec son église classée — constitue un «monument historique majeur» de la Haute-Provence: devenu le Musée-conservatoire ethnologique de Haute-Provence, il est ouvert au public (frais d'entrée). 04 92 75 70 50, infos.salagon@wanadoo.fr.

Musique

Durant deux semaines à la mi-août, Simiane-la-Rotonde présentera son 23e Festival de musique ancienne (33 4 92 75 90 14) sous le thème «Les riches heures musicales de la Rotonde». Les concerts ont lieu dans une salle romane ornée de douze niches et surmontée d'une haute coupole nervurée au premier étage d'une tour médiévale du XIIe siècle, «écrin de pierre». Il est «impératif» de réserver.

Pour les muscles et l'estomac

Disponibles gratuitement auprès des bureaux de Tourisme Vallée de l'Ubaye...

- Le monde vertical en Ubaye: ce dépliant situe et décrit sommairement les principales parois d'escalade, les chemins de randonnée et quelques lieux de restauration et d'hébergement.

- Guide du vélo en Ubaye: brochure couleur présentant des circuits et balades qui, le moins qu'on puisse dire, exigent du souffle et du mollet...

- Saveurs et savoirs: ce petit répertoire fournit les coordonnées de producteurs agricoles culinaires locaux (charcuterie, liqueurs de montagne, chocolat, plantes aromatiques, miel, tartes et confitures), d'artistes et d'artisans (peintres, ébénistes, tanneurs, sculpteurs, céramistes). Il suggère également des «balades gourmandes» axées sur les spécialités régionales.

Hébergement

- Hôtel Azteca, Barcelonette, 04 92 81 46 36.

- Hôtel Villa Gaïa, route de Nice, Digne-les-Bains, 04 92 31 21 60. Installé au fond d'un parc planté de grands arbres, l'établissement loge dans une vaste maison construite en 1730 et restaurée au début du XXe siècle. Cet hôtel «un peu désuet, plein de charme et d'habitudes», pour citer sa brochure publicitaire, remplit tout à fait ses promesses.

- Auberge de Charembeau, route de Niozelles, Forcalquier.

Lectures

- Les Protestants de la vallée de Barcelonette: plaquette d'une quarantaine de pages publiée par Sabença de la Valeia («Connaissance de la vallée» en provençal), une association culturelle vouée à faire connaître l'histoire et les traditions de la vallée de l'Ubaye. On y apprend qu'une bonne partie de la population s'est convertie à cette confession au XVIe siècle et a été, à ce titre, persécutée et même chassée.

- Patrimoine religieux de la vallée de l'Ubaye: tout en couleur, ce «guide de découverte» propose un voyage en 30 étapes consacrées à des églises, chapelles et oratoires de la vallée, un périple qui va de l'époque romane jusqu'au XXe siècle.

Renseignements

- Comité départemental du tourisme des Alpes de Haute-Provence, 19, rue du Docteur-Honnorat, BP 170 - 04005, Digne-les-Bains, (33) 4 92 31 57 29, www.alpes-haute-provence.com, info@alpes-haute-provence.com.

- Tourisme Vallée de l'Ubaye, (33) 4 92 81 02 70, www.ubaye.com.

- Office de tourisme de Digne-les-Bains et du Pays dignois, place du Tampinet, B.P. 201, 04001 Digne-les-Bains Cedex, (33) 4 92 36 62 65, www.ot-dignelesbains.fr.

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