Un refuge en hiver
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Îlot de Grand Nord à portée de route, le parc national des Grands-Jardins évolue entre forêt boréale et taïga, dans une ambiance nordique envoûtante. Surtout en longue randonnée.
Grands-Jardins : étrange nom pour un territoire résolument nordique. Son nom, il le doit à un certain William Hume Blake, maître d’oeuvre du club privé de chasse et pêche La Roche constitué de villégiateurs ontariens et américains pour qui cette végétation s’apparente à un jardin à l’anglaise. Ce secteur devient quelques années plus tard, en 1895, partie prenante du parc des Laurentides — une dénomination qui reste encore ancrée dans les usages. Célèbre pour son sentier du Mont-du-Lac-des-Cygnes, l’un des plus fréquentés du réseau, il est particulièrement époustouflant en hiver du fait de son fabuleux enneigement et de son écosystème exceptionnel enclavé dans la réserve de la biosphère de Charlevoix. Une longue randonnée, avec nuit en refuge, permet de saisir l’immensité du territoire depuis ses sommets dénudés. Atmosphère unique garantie à seulement une heure et demie de route depuis Québec.
Entrée en matière
On n’aurait pu tomber sur une plus belle journée pour vivre l’expérience d’une longue randonnée hivernale. Départ à la brunante depuis le relais La Galette, situé à une altitude de 700 mètres ; même sous un ciel sans nuage, la lumière déclinante nous force à marcher dans le halo d’une lampe frontale pour compléter la faible distance qui nous sépare du camp rustique Jean-Pressé. Au bord de l’étang Malbaie, ce chalet est idéal pour commencer une longue randonnée, car il procure un confort optimal au beau milieu de nulle part : cuisinière et réfrigérateur au propane, notamment. On dort si bien dans un camp rustique ! Nul besoin de chauffage d’appoint, le poêle fait parfaitement le travail à condition de le bourrer de grosses bûches qui se consumeront jusqu’au petit matin. Dégustation de pâtes thaïes réhydratées devant l’hypnotique chorégraphie des flammes.

Plongée dans la rusticité
Raquettes aux pieds, c’est un départ joyeux dès le lendemain pour parcourir les six kilomètres vers l’un des deux refuges Pointu. On prendra alors tout le temps d’admirer les paysages contrastés, fruits de la dernière glaciation, qui jalonnent le sentier balisé au faible dénivelé. On s’enfonce peu à peu dans la forêt boréale et ses gros pins chargés de neige, avant de revenir aux abords de l’étang pour découvrir des vues spectaculaires sur le massif laurentien. Le refuge Pointu a un petit air scandinave avec ses rondins de bois et son toit pentu. Son charme tient à sa simplicité : six lits superposés, un poêle à bois efficace — une bonne braise nous attend déjà à notre arrivée — et quelques cordes à linge pour faire sécher nos effets. La cuisine ? Sur le poêle. L’eau ? De la neige fondue. Les toilettes ? La bécosse à quelques mètres du refuge. Le lendemain, passé le lac Pointu, la forêt boréale laisse progressivement la place à la taïga et à ses amples paysages. De retour vers La Galette, le sentier pénètre dans le secteur brûlé, témoin des incendies successifs qui ont marqué ce territoire grandiose balayé par les vents violents. Magique.
Infos pratiques
On peut télécharger la carte des sentiers à partir de l’application maison Avenza pour la consulter sur place sans connexion. D’autres circuits de longue randonnée sont possibles, hébergement de groupe inclus. Tarif de location des refuges : 28,25 $ par nuit et par personne. Location d’équipement disponible. sepaq.com/pq/grj/
Pour une expérience réussie
On ne peut pas accéder à un refuge avant 16 h, heure relativement tardive en hiver, puisqu’il est ouvert, dans la journée, aux randonneurs de passage, qui peuvent y faire une halte pour se réchauffer ou y prendre leur lunch. Le refuge en bois rond offre un hébergement pour six personnes, avec un confort relatif mais suffisant pour des amateurs de plein air aguerris : lits superposés et poêle à bois pour produire la chaleur nécessaire et cuisiner. Pour une première expérience, il est préférable de s’informer auprès de la SEPAQ pour avoir une idée précise des conditions.
Voici ce qu’il faut prévoir :
• un sac de couchage d’hiver (-18 degrés minimum) ;
• une doublure de sac de couchage en polyester ;
• une couche de vêtement chaud (polar ou même doudoune) et des vêtements de rechange ;
• des mouflons pour les pieds et des chaussettes de rechange ;
• une lampe frontale ;
• des bols et des ustensiles de camping ;
• des bougies pour évacuer l’humidité ;
• de la nourriture, lyophilisée de préférence.
Tant qu’à être là
Dans le secteur du Mont-du-Lac-des-Cygnes, direction le sentier La Chouenne, à 450 mètres, qui évolue en ascension graduelle en offrant de superbes points de vue sur la vallée. À peine quelque cinq kilomètres aller-retour, et voilà que le dénivelé se corse dans les derniers mètres. Au sommet, à 730 mètres, on évolue dans une végétation arctique alpine et on découvre un panorama époustouflant à 360 degrés, notamment sur la façade du mont Gros Bras. Deux petites heures de randonnée qui complètent parfaitement un séjour dans le parc.
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