Le charme discret de Palm Beach

Carolyne Parent
Collaboration spéciale
La Casa de Leoni, signée Addison Mizner, à l’abri des regards ou presque
Carolyne Parent La Casa de Leoni, signée Addison Mizner, à l’abri des regards ou presque

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Si le froid et la neige commencent sérieusement à écorcher votre bonne humeur naturelle, c’est sans doute qu’il est temps pour vous d’aller jouer les snowbirds sous le soleil de la Floride. Ce numéro du cahier Plaisirs vous y emmène, en vous proposant quelques destinations hors des sentiers battus. Première étape : la charmante bourgade de Palm Beach, qui peut remercier les « Fab Four », fameux quatuor d’architectes de l’entre-deux-guerres, pour l’unique cachet qu’ils lui ont donné.

C'est un territoire de rien du tout, d’à peine 20 km2, coincé entre l’océan Atlantique et le lac Worth, ce tronçon de la voie navigable intracôtière qui le sépare de la plèbe. Pardon, de West Palm Beach.

C’est un îlot de poche où, au dernier compte, 54 milliardaires résident de façon permanente ou saisonnière. C’est surtout une destination floridienne à nulle autre pareille, qu’on ne visite pas tant pour écornifler chez Donald Trump, Bon Jovi ou Sylvester Stallone que pour marcher dans les pas des « Fab Four ».

Non, pas les Beatles — plutôt les quatre architectes de l’entre-deux-guerres qui ont créé l’harmonieux paysage bâti de Palm Beach en interprétant à leur manière le style Mediterranean Revival, alors en vogue. Résultat ? Une profusion de toits de tuiles à l’espagnole, de murs en stuc, de tourelles tout droit sorties de la renaissance italienne, de crépis roses et autres détails gothico-vénitiens. « Sans oublier l’usage de la coquina, un matériau typiquement floridien fait de roche corallienne », souligne la guide Leslie Driver, avec qui nous faisons une tournée architecturale.

Mar-a-Lago, un palace de 126 pièces construit pour l’héritière de General Foods dans les années 1920, évalué à 8 millions de dollars américains en 1927 et payé 5 millions par un Trump ascendant filou en 1995, a été dessiné par un membre de ce quatuor : Marion Sims Wyeth. Une aile du très chic hôtel Brazilian Court a été imaginée par son collègue, Maurice Fatio, qui a aussi conçu le manoir des Vanderbilt. Les maisons de John Volk, elles, s’élèvent sur la plupart des rues de Palm Beach, selon la Preservation Foundation.

Un « starchitecte » mondain

Toutefois, les plus belles demeures de l’île, telles la Casa de Leoni, sur l’avenue Worth, la Casa Nana, sur Billionnaire’s Row et, non loin, El Solano, l’ancienne résidence d’un autre « Fab », John Lennon, portent toutes la griffe d’Addison Mizner. « Starchitecte » de son temps, il aura façonné Palm Beach au fil des quelque 70 bâtiments privés et publics dont il l’aura dotée.

« Mizner était un architecte mondain et un excentrique au physique imposant, qui se baladait avec un singe baptisé M. Johnny Brown sur son épaule », relate Mme Driver. Le papier peint qui pare le hall orientalisant d’un hôtel emblématique de Palm Beach, The Colony, construit en 1947 soit lors du boum immobilier d’après-guerre, immortalise d’ailleurs ce M. Brown.

Pour Elisabeth Munder, porte-parole du célèbre établissement, Palm Beach se distingue d’autres villes balnéaires du fait qu’elle a été créée comme telle et n’a jamais cessé de l’être. « Cela signifie que ce n’est pas qu’un lieu de vacances où l’on ne fait que passer : des familles vivent ici depuis des générations. On y étudie, on y travaille, cela change tout », dit-elle. Des familles comme les Flagler, les Wanamaker, les Kennedy, les Lauder. Pour mémoire, Henry Morrison Flagler, jadis aux commandes de la Standard Oil et du chemin de fer de la côte est de la Floride, a joué un rôle majeur dans la création de la destination, entre autres en y construisant ses premiers hôtels.

Aujourd’hui, l’old money et quelques célébrités vivent discrètement à l’ombre des monumentales haies de cèdres qui courent sur des kilomètres et des kilomètres le long des boulevards de Palm Beach, et il n’y a guère que les étrangers curieux pour s’étirer le cou au passage, espérant entrapercevoir, derrière ces verts paravents, d’autres superbes réalisations des « Fab Four » !

Par ici, la virée rétro !

De Jacksonville à Key West, Henry Morrison Flagler fit ériger un chapelet de grands hôtels pour les passagers de ses trains. En 1894, le Royal Poinciana donne le coup d’envoi à la destination Palm Beach. Deux ans plus tard, côté Atlantique, commence la construction du premier hôtel, The Breakers, pour satisfaire une clientèle exigeant « une chambre down by the breakers (au pied des brisants) ». Datant de 1926, son incarnation actuelle, grandiose, est inspirée de la villa Médicis, à Rome. Ses architectes, Weaver et Schultze, ont également réalisé le Biltmore, à Coral Gables.

Abritant le musée Flagler, Whitehall est la somptueuse demeure que Henry offrit en cadeau de noces à son épouse. Dans ce bâtiment classé datant de 1902, on peut voir le Railcar No. 91, la voiture de train qu’il utilisait pour inspecter son empire ferroviaire.

L’élégant hôtel-boutique The White Elephant loge dans une résidence de style Mediterranean Revival datant de 1924. Un forfait inclut une visite guidée de l’île axée sur le legs architectural d’Addison Mizner. Au programme, Via Mizner et la villa (en fait, la tourelle de l’ensemble immobilier) où il a vécu, avenue Worth, situées de biais avec le club privé The Everglades, sa première réalisation, et La Guerida, la « Winter White House » de John F. Kennedy.

Pour faire une visite en compagnie de Leslie Driver : islandlivingpb.com

À noter : Air Canada assure son vol saisonnier entre Montréal et West Palm Beach jusqu’à la fin d’avril.

Notre journaliste était l’invitée de Discover The Palm Beaches.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



À voir en vidéo