Cap à l’ouest de Terre-Neuve

Catherine Lefebvre
Collaboration spéciale
Le parc national du Gros-Morne, situé sur la côte ouest de l'île de Terre-Neuve
Photo: Eric Le Bel/Parcs Canada Le parc national du Gros-Morne, situé sur la côte ouest de l'île de Terre-Neuve

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Il y a quelque chose d’extraordinaire à Terre-Neuve. Sa géologie est unique, ses eaux sont riches en espèces marines délicieuses et sa forêt boréale est le terreau fertile d’une variété de petits fruits sauvages. Voilà une destination hors pair pour les explorateurs gourmands.

Un territoire unique

 

Le long de la côte, de Woody Point à St. Anthony, le panorama changeant illustre la singularité de l’île.

À Woody Point, le sentier des Tablelands, dans le parc national du Gros-Morne, est un rocher de couleur rouille, composé d’une partie du manteau terrestre et de la croûte océanique et datant de la formation des Appalaches il y a 460 millions d’années. Tout autour se déploient forêt boréale et champs de fleurs sauvages. Le contraste entre les paysages est saisissant.

Un peu plus au nord, l’étang Western Brook illustre un autre phénomène géologique. À bord de la croisière Bon Tours, le guide explique que c’est lors de la plus récente ère glaciaire que ce fjord, dit « étang », s’est formé, laissant son incroyable marque dans le paysage des monts Long Range. À l’extrême nord, les berges rappellent celles de la Basse-Côte-Nord, au Québec, que l’on aperçoit de l’autre côté du golfe du Saint-Laurent.

Délices en chemin

 

Propres au terroir nordique canadien, les jolies fleurs, qui donneront des petits fruits, sont partout, notamment la chicoutai, aussi appelée plaquebière, tout comme la graine rouge, alias la lingonne. Ici, leurs fruits sont servis à toutes les sauces.

Pour se restaurer et déguster des glaces aux petits fruits locaux, direction St. Lunaire-Griquet, au Café Nymphe de l’entreprise The Dark Tickle Company, qui comprend même un Économusée du confiturier !

Photo: Dru Kennedy Des graines rouges, aussi appelées lingonnes

À Terre-Neuve, la morue est à l’honneur, notamment dans plusieurs restaurants, ce qui peut sembler surprenant en raison du moratoire dont elle fait l’objet et dont on souligne les 30 ans cette année. On la retrouve dans la chaudrée, dans les croquettes de poisson et dans le fisherman’s brewis du Café Nymphe — le classique terre-neuvien composé de morue servie avec des lardons frits et du pain rassis.

Toute une histoire de pêche

 

Lorsque Jean Cabot vogue près de Terre-Neuve en 1497, lui et son équipage constatent l’abondance de la morue. Les nations autochtones, qui en ont foulé le sol avant eux, sont déjà bien au courant de son stock important.

« Les Béothuks, les Inuits, les Innus et les Micmacs ont rejoint cette terre nouvelle au fil des époques poury trouver des ressources diverses, comme le caribou, les plantes comestibles et médicinales, et les produits marins en abondance », raconte Keith Payne, de descendance micmaque et guide pour Gros Morne Adventures, à Norris Point, durant une visite consacrée à l’histoire autochtone.

Au début de la colonisation, la rumeur sur l’abondance de morue court en Europe. Si bien que Français, Portugais et Espagnols viennent aussi y pêcher massivement dès le début du XVIe siècle.

Pendant près de 500 ans, les prises sont si bonnes au large de Terre-Neuve que la ressource paraît inépuisable. Jusqu’à ce qu’en 1992, le 2 juillet, le gouvernement impose un moratoire sur la pêche à la morue. Résultat : 30 000 Terre-Neuviens perdent leur emploi ce jour-là.

Trente ans plus tard, on peut s’étonner de trouver de la morue partout dans les restaurants. « En fait, seule la pêche côtière est permise pour un petit nombre de pêcheurs locaux et leur quota est très limité, explique Kier Knudsen, fils de pêcheur et propriétaire de l’entreprise Dark Tickle Expeditions Boat Tour, à St. Lunaire-Griquet. La morue pêchée demeure à Terre-Neuve et suffit à la demande des habitants et des restaurants à l’année. »

La morue à l’honneur

Souvent offerte en fish and chips, elle est parfois pochée et servie sur une polenta grillée, nappée d’une sauce crémeuse, et accompagnée d’une salade de fenouil et pomme en juliennes tout en fraîcheur, comme au restaurant The Black Spruce, à Norris Point. Tout près, le restaurant Chanterelles la sert sur des pâtes au safran, nappées d’une sauce crémeuse à la ciboulette et garnies de fleurs sauvages. Ces deux tables font partie des meilleures adresses de l’ouest de Terre-Neuve.

En plus de la morue, on y pêche aussi le flétan, le capelan et le homard. De plus, la saison du crabe des neiges s’étire d’avril à juillet et il est permis de servir du gibier de chasse au restaurant. Terre-Neuve-et-Labrador est d’ailleurs la seule province au pays à l’autoriser. Que de bonnes nouvelles pour les gourmands !

Bon à savoir

Pour s’y rendre

Air Canada offre un vol direct quotidien entre Montréal et Deer Lake.

Se déplacer

Étant donné la pénurie de voitures de location, il est préférable de réserver votre voiture avant de planifier vos vacances. L’entreprise de transport privé Ride in Style est une autre option pour vous déplacer sur la côte ouest avec un chauffeur privé.

Notre journaliste était l’invitée de Go Western Newfoundland.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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