Un séjour à l’hôtel comme un voyage dans le temps

Marie-Julie Gagnon Collaboration spéciale
Dormir au Capitole de Québec permet aussi au commun des mortels de s’offrir une bonne dose de «glamour».
Photo: Marie-Julie Gagnon Dormir au Capitole de Québec permet aussi au commun des mortels de s’offrir une bonne dose de «glamour».

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Si les murs pouvaient parler, les hôtels auraient des milliers de récits à raconter. Témoins de chapitres marquants de l’histoire du pays comme de moments intimes qui ont changé le cours d’une vie, certains établissements haut de gamme offrent de merveilleux voyages dans le temps. Et si on poussait la porte de quelques-uns d’entre eux ? Dernier de deux textes.


 

Le Capitole (Québec)

Le Capitole de Québec est d’abord une salle de spectacle mythique où se sont produits, depuis 1903, des artistes de la trempe de Sarah Bernhardt. Au moment de sa construction, l’architecte new-yorkais Walter S. Painter a dû relever le défi d’intégrer un bâtiment inspiré des styles Beaux-Arts et Second Empire à un espace étroit du carré d’Youville, tout près des fortifications. Dans les années 1920, un autre New-Yorkais, Thomas W. Lamb, consultant pour des chaînes comme Famous Players et Loew’s, ajoute notamment le grand escalier désormais emblématique. L’ancien Auditorium de Québec est aujourd’hui le seul survivant des théâtres opulents érigés dans la province entre 1900 et 1930, avant le règne des cinémas.

C’est à Walter S. Painter et Thomas W. Lamb que Jean Pilote, propriétaire unique du Capitole pendant 20 ans, a pensé pendant la réalisation du nouveau complexe inauguré en octobre 2019, six mois après la fermeture de l’ancien hôtel de 40 chambres ouvert depuis 1992. « La question qu’il se posait : “Est-ce que les architectes du temps seraient fiers de notre intégration ?” » rapporte Valérie Desmeules, directrice des ventes.

Photo: Guillaume D. Cyr L'escalier emblématique du Capitole

On accède à l’établissement de 108 chambres par le bâtiment patrimonial, avant de traverser vers la partie moderne par une passerelle. « C’était tout un défi d’intégrer une telle bâtisse sans dénaturer le Vieux-Québec », poursuit Mme Desmeules.

On voit la vieille ville comme jamais depuis le 7e étage, où se trouve la réception. Fièrement perché sur son cap Diamant, le Château Frontenac semble narguer l’édifice Price,seul bâtiment à gratter le ciel du quartier historique depuis 1930. L’immeuble Art déco de 82 mètres de haut, où se trouve aujourd’hui la filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec, abrite depuis 2005 les appartements de fonction du premier ministre. En tournant la tête, on aperçoit ensuite le fleuve, le port, les montagnes… La taille des fenêtres permet de « ressentir » la ville comme peu d’endroits le font. De la terrasse de la piscine, au neuvième étage, la silhouette des Laurentides contraste avec l’autoroute.

Depuis juin 2020, la salle de spectacle, maintenant la propriété de Québecor, est gérée indépendamment de l’hôtel. Si la business est bien présente, le show n’est cependant jamais bien loin dans les pensées de Jean Pilote. « Tout a été repensé pour que l’artiste qui vient se produire au théâtre se retrouve dans un environnement magique, affirme la directrice des ventes. Il peut prendre l’ascenseur de sa chambre et arriver directement dans les coulisses. » Pas de doute, dormir au Capitole permet aussi au commun des mortels de s’offrir une bonne dose de glamour.


  

Hôtel Clarendon (Québec)

Si la façade de l’hôtel Clarendon, rue Sainte-Anne, à quelques pas du Capitole, est plus discrète, les ornements Art nouveau de ses superbes portes piquent inévitablement la curiosité. Inauguré en 1870, le Clarendon est l’un des plus anciens établissements toujours en activité au pays. Érigé en 1859, le bâtiment a auparavant été un théâtre, une école, une ferblanterie, une imprimerie… Après un incendie en 2019, le quatre-étoiles a subi des travaux majeurs pendant une année entière.

En pénétrant dans le hall de réception, on remarque tout de suite les inscriptions au-dessus des trois fenêtres de l’accueil : « Enregistrement », « Comptabilité » et « Caisse ». Longtemps recouvertes, ces enseignes rappellent qu’on se trouve dans un lieu qui a accueilli ses premiers voyageurs à peine trois ans après la confédération.

En plein cœur du Vieux-Québec, le Clarendon a vu défiler plusieurs propriétaires, « mais tous étaient québécois », précise Samuel Gaudreault-Belley, directeur de la réception et du service à la clientèle. Alors que son auguste « presque voisin », le Château Frontenac, a reçu Churchill et Roosevelt lors des Conférences de Québec en 1943, le Clarendon a logé l’équipe de journalistes internationaux.

Photo: Marie-Julie Gagnon L’hôtel Clarendon est l’un des plus anciens établissements toujours en activité au pays.

Sa proximité avec la résidence des premiers ministres a amené plusieurs d’entre eux, dont René Lévesque, à venir se sustenter à son restaurant. « Il venait toujours s’asseoir à la même table », raconte M. Gaudreault-Belley.

Les travaux réalisés après l’incendie de 2019 ont permis de faire d’intéressantes découvertes, comme un foyer condamné, des éditions du journal Le Soleil des années 1920 (malheureusement en piètre état), de vieux lustres… L’hôtel compte maintenant 144 chambres rénovées et remeublées, soit une de plus qu’avant les travaux. Une brasserie, Les Mordus, se trouve aussi dans le bâtiment.


  

Hôtel British (Outaouais)

Dans le Vieux-Aylmer (Gatineau), l’hôtel British est sis dans un immeuble patrimonial construit en 1834. À l’époque où des voyageurs remontaient la rivière Outaouais en bateau à vapeur, l’entrepreneur irlandais Robert Conroy a créé l’un des lieux les plus élégants au pays. Membres de la famille royale et premiers ministres y séjournent, ainsi que des célébrités québécoises comme Louis Cyr et Jos Montferrand.

Photo: Caroline Baron-Courcy L'hôtel British

On raconte que des meurtriers en cavale s’y sont aussi arrêtés. « Le politicien canadien Thomas D’Arcy McGee a été assassiné le 7 avril 1868 sur la rue Sparks, à Ottawa, peut-on lire sur le site Web de l’hôtel. Les policiers ont pris en chasse les agresseurs, mais ceux-ci se seraient échappés en traversant le pont Chaudière vers le Québec. Plus tard au cours de la nuit, quatre étrangers nerveux sont arrivés au British. Personne ne savait qui ils étaient ni pourquoi ils se trouvaient à l’hôtel, mais on a affirmé plus tard qu’il s’agissait des assassins du célèbre politicien venus établir leur alibi au British. » Une chambre avec vue sur la rivière des Outaouais, qui se trouve au-dessus de la porte arrière par laquelle le quatuor se serait enfui, porte le nom du politicien. D’autres personnages marquants ont aussi inspiré le nom des chambres ou de suites, dont le roi Édouard VII, pour qui un bal a été organisé lors de sa visite à Ottawa en 1860, alors qu’il était toujours le prince de Galles.


  

Le Château Montebello (Outaouais)

Le Château Montebello a pour sa part célébré ses 90 ans cette année. Considéré comme « le plus grand chalet en bois rond au monde », il a été érigé en quatre mois sur la terre des Papineau, après qu’un homme d’affaires américain eut acquis le domaine lors d’un encan pour… 75 000 $. Ce dernier souhaitait y faire construire un club privé de chasse et pêche destiné à la bourgeoisie américaine.L’anglais y était la seule langue d’usage. Ironie du destin, l’hôtel est aujourd’hui sous la bannière Fairmont, une propriété d’Accor, un groupe… français.


  

Marie-Julie Gagnon était l’invitée de Québec cité et Tourisme Outaouais.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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