Les écogîtes du Costa Rica, entre nature et valeurs

Entre les feuillages verts se dissimulent des maisonnettes colorées et des fleurs resplendissantes à Altamira.
Photo: Isabelle Marjorie Tremblay Entre les feuillages verts se dissimulent des maisonnettes colorées et des fleurs resplendissantes à Altamira.

Au-delà des plages idylliques et des forêts denses où s’agite une des plus riches biodiversités au monde, le Costa Rica se distingue par son climat social stable et l’amabilité des ticos. Les hébergements de type écogîtes (ecolodges), avec leur charme rustique et leur taille humaine, permettent aux voyageurs des rencontres exceptionnelles et des sensations fortes à profusion. Fragments d’une escapade en solo, pour découvrir la vraie pura vida.

Guayabo Lodge

 

C’était il y a deux ans, le 6 février 2016. Le volcan Turrialba émergeait de son repos et, depuis, il exhale une fumée grise. À partir du petit hôtel Guayabo Lodge, situé sur son versant sud, le splendide volcan inquiète peu ; au contraire, il fascine. Turrialba constitue une toile de fond spectaculaire, telle une massive cheminée, et séduit les visiteurs de la vallée centrale du Costa Rica.

L’écogîte de 22 chambres et de 6 suites, niché à 1500 mètres d’altitude, accueille des touristes depuis 15 ans. « J’ai acheté une petite propriété ici, avec l’idée de recevoir trois ou quatre visiteurs, de temps en temps », explique Rossana Lok, anthropologue néerlandaise et propriétaire. « Puis, c’est devenu un projet social et environnemental pour la communauté de Santa Cruz et pour la planète. »

Sur ces 10 hectares où le vert domine, des vaches, des chèvres et des chevaux paissent tranquillement au son des cris d’oiseaux tropicaux. La chaîne de montagnes Cerro de la Muerte s’élève au sud ; la vallée de Turrialba invite à la promenade jusqu’à la puissante rivière Aquiares. Près de 120 espèces d’oiseaux ont été identifiées sur le terrain, entretenu sans pesticide. Bien sûr, le personnel composte, recycle, récupère — même si ce n’est pas obligatoire au pays ! L’emploi de Costariciens de la région et l’achat de produits locaux font partie des priorités. Ici, les valeurs ne sont pas que des mots. Elles sont des actions. Que ce soit en transit dans la province de Cartago, en direction des Caraïbes, ou pour se poser dans un environnement différent de la côte, là où le climat est plus frais, chaque minute passée ici a l’effet d’une cure antistress. À 30 minutes en voiture, alors que derrière chaque virage se pointent des paysages stupéfiants, les activités pullulent : rafting, marche près des volcans ou visite des vestiges archéologiques. Pas de petits singes capucins ou de crocodiles, mais mille autres découvertes, loin du tourisme de masse.

Los Campesinos

Photo: José Miguel Mora Fallas Notre collaboratrice descend en rappel une chute de 40 mètres. Los Campesinos plaît aux voyageurs en quête de calme ou… de sensations fortes.

« Tout mon secondaire, j’ai marché seul une heure matin et soir en forêt, pour me rendre à l’école au village voisin. No problema. » C’est de la bouche de Juan Pablo Mora, 24 ans, directeur de l’auberge écotouristique Los Campesinos, qu’émanent ces souvenirs d’enfance singuliers. « Je suis né ici. Je vais mourir ici », ajoute-t-il. En séjournant quelques jours dans la communauté Quebrada Arroyo, avec les iguanes, les toucans, les colonies de fourmis et les papillons colorés, j’ai presque eu envie, moi aussi, d’y passer ma vie.

Qu’elle est belle, l’histoire de ce village aux maisonnettes dispersées, ici et là, à l’ombre d’arbres majestueux. Ce sont 60 personnes, 13 familles, qui ont subi durement les contrecoups de la propagation d’un champignon toxique qui foudroya les plantations de vanille et de cacao dont vivait l’ensemble du village en 1995. La polyculture est devenue la solution pour survivre. Et l’entraide, aussi.

« Presque tout le monde a ses poules et ses cochons, et cultive une variété d’herbes, de fruits et de légumes, ce qui rend le village autosuffisant. La nature est si généreuse. La nourriture est fraîche ! » Et le tourisme a diminué la précarité financière. Plus de 90 % de la communauté travaille pour l’écogîte, constitué de 10 cabanes en teck et en cèdre. Il faut aimer un brin l’aventure pour se rendre ici, même si Los Campesinos est à 30 km du parc national Manuel Antonio (donc à 1 h 30 de route). Les six derniers kilomètres se dessinent sur une route tortueuse, des ponts étroits, de la boue par moments et, surtout, une obscurité totale, dès 17 h. Mais on vous attend avec un sourire fier et chaleureux. Confort, propreté et WiFi inclus.

Plusieurs villageois détiennent une certification de guides pour les activités de plein air. La descente en rappel dans la rivière Savegre fut sans doute le moment le plus intense du périple. Tenue par une corde dans une puissante chute, lâchée dans un bassin grouillant au coeur d’un environnement tropical, j’ai vécu là une expérience inscrite dans mon top 10 !

Asoprola

 

C’est la gorge nouée que Yessica Suarez Chacon, 24 ans, a le courage de parler de son village, Altamira, de la crise vécue, des efforts de la communauté pour s’en sortir et des retombées positives aujourd’hui. « Tout le monde vivait du café. Lors de la crise des années 1990, mon père a dû nous quitter pour aller travailler aux États-Unis. Il est revenu neuf ans plus tard. »

Adossé au parc national La Amistad, dans le sud du pays, à 10 km de la frontière du Panama, le site d’hébergement qu’elle gère dans la province de Puntarenas est aussi né d’une initiative communautaire. L’hébergement, d’une dizaine de chambres, modestes mais confortables, sert de point d’ancrage aux voyageurs en quête d’authenticité et d’immersion. « Des Québécois sont même déjà venus passer quelques jours dans des familles et ils ont adoré l’expérience », explique Yessica avec enthousiasme.

Une visite à pied va droit au coeur tant la gentillesse des Costariciens est sincère. Le petit cultivateur de cacao explique fièrement comment il produit seul son chocolat, de la cueillette à l’emballage. Un autre cueille pour nous des litchis ; puis une adolescente charmante nous présente les chèvres qui permettent une petite production de fromage. Plus de 75 % de ce qui est consommé ici est produit localement. Yessica ajoute : « Et le tourisme rural qu’on propose permettra notamment la construction d’une clinique, inexistante pour un village de 350 âmes ! »

Au fil de la promenade, je m’étonne d’un style architectural fantaisiste. Un arrêt d’autobus, des toilettes publiques, l’accueil de l’auberge et la crémerie du village sont construits en partie avec des pneus et des bouteilles récupérées, et dessinés par Pancho, un artiste du coin. Un style qui mérite ses lettres de noblesse ; un village de Schtroumpfs en pleine forêt, c’est unique ! « Cela enracine notre identité », ajoute ma guide.

Et y déguster une glace produite exclusivement à partir de mangues, de vanille, de cacao frais et de lait tiré de la vache d’à côté n’a pas son pareil.

L’auteure était l’invitée de Passion Terre et Village Monde. Elle s’est rendue au Costa Rica avec Sunwing.


Pour réserver

Grâce à un partenariat avec l’agence de tourisme durable Passion Terre, Village Monde propose, dès janvier 2018, plus de 300 hébergements dans 34 pays. La nouvelle plateforme Vaolo, lancée en novembre 2017, permet de réserver selon différents critères, que ce soit les intérêts des voyageurs (plein air, culture, etc.) ou encore le niveau de confort recherché (confort, villageois, rustique ou chez l’habitant).


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