Copenhague : le temps des Fêtes à l'heure d'antan

Est-ce parce qu'on dit, ici, que le père Noël est né au Groenland, donc en sol danois, qu'on n'en fait pas tout un plat ? Ou est-ce plutôt que les compatriotes de Hans Christian Andersen sont de nature calme ? Toujours est-il que dans la capitale nordique, l'ambiance des Fêtes est tout sauf frénétique. Rafraîchissant.

Pas de sapins artificiels. Pas de couronnes en plastique. Pas le moindre accord du P'tit Renne au nez rouge dans les endroits publics. Des glaçons lumineux pendouillant aux toitures des maisons ? Vous n'y pensez pas ! Copenhague vit son temps des Fêtes à l'heure d'antan.

« À Noël, il règne ici une atmosphère relax. Animée, oui, mais pas trépidante, dit Henrik Thierlein, de Wonderful Copenhagen. L'ambiance est rétro. Des lumières qui clignotent, vous n'en verrez pas. Prenez les guirlandes qui parent Strøget, la plus longue rue piétonne du monde : elles sont faites de sapin et décorées de gros coeurs rouges. »

Des coeurs ? « Oui, le coeur est un motif très utilisé ici et, à Noël, il nous rappelle d'être gentil et d'aller voir grand-maman à l'hôpital ! »

Donc, pour la bamboula, on repassera, mais ce n'est pas parce que c'est calme que c'est plat ! La rue commerçante Strøget est l'épine dorsale de cette très belle ville d'un demi-million d'habitants. Et on l'emprunte forcément pour aller jeter un coup d'oeil aux tables de Noël de la boutique Royal Copenhagen, place Amagertorv. Chaque année, depuis 40 ans, le porcelainier officiel de sa majesté Margrethe II invite des personnalités connues à dresser des tables à l'occasion des Fêtes. Cette saison, la reine elle-même, une artiste accomplie (elle a dessiné le timbre de Noël), en a « habillé » cinq de belle façon.

Charme suranné

À l'ouest, Strøget, longue d'environ 1,5 kilomètre, débouche sur Radhuspladsen et son sapin gigantesque décoré de... coeurs. Encore deux enjambées et nous voilà aux Jardins de Tivoli, l'un des plus vieux parcs d'attraction du monde.

Créé en 1843, Tivoli a servi de modèle à Walt Disney mais n'a rien de disneylandien. Sur ses huit hectares, on trouve bien sûr des manèges mais surtout une architecture datant de l'époque où l'orientalisme était en vogue, ce qui donne au site un charme vieillot.

« Tivoli, c'est l'attrait touristique numéro un de Copenhague et du Danemark, dit la porte-parole Lene Brock Jeppesen. C'est un symbole national. À un point tel que l'occupant nazi n'a pas hésité à dynamiter la salle de concert du parc, durant la Deuxième Guerre mondiale, pour se venger de nos résistants. »

Le parc est normalement ouvert d'avril à septembre. Cette année, il a accueilli 3,2 millions de visiteurs. Depuis 10 ans, il ouvre également ses portes pour les Fêtes, le temps d'un marché de Noël. À cette occasion, une soixantaine de kiosques proposent de beaux objets d'artisanat et une grande structure abrite une centaine de nisser mécaniques, les malicieux lutins scandinaves, qui font la joie des enfants. On peut aussi patiner sur l'étang (mais il y a quelques semaines, il ne faisait pas suffisamment froid pour ce faire). Et le soir venu — c'est-à-dire vers 15 h 30 ! —, il faut voir la centaine de milliers d'ampoules scintiller dans les arbres. C'est féerique.

À son extrémité est, Strøget mène sur la grande place Kongens Nytorv, que bordent l'Hôtel d'Angleterre et le Magasin du Nord, aux façades imposantes. De là, nous sommes à un jet de pierre du canal de Nyhavn qui, au XVIIe, permettait aux navires d'acheminer hareng et autres denrées au coeur de la cité (København, ou Copenhague, signifie « port marchand »). Le long de cette voie d'eau s'étale un autre marché de Noël, « une tradition allemande plutôt que danoise, que Tivoli a importée avec succès et que la ville a adoptée », dit M. Thierlein.

Prendre un p'tit coup

Typiquement danois sont la Julebryg, une bière de Noël, et le gløgg, soit du vin rouge chaud, épicé de bâtons de cannelle, de clous de girofle, d'amandes et de raisins secs ayant macéré dans de l'aquavit. On peut déguster ces boissons partout en ville, dans des bars chaleureux qui font tous grand usage de bougies.

Et les Danois, ils la célèbrent comment, la fête de Noël ? « Eh bien, nous irons, comme nos compatriotes, à la messe pour la première fois de l'année le 24 décembre à minuit, raconte Bjarne Skov. Après, nous chanterons des cantiques de Noël en famille, en faisant une ronde autour du sapin, et nous échangerons nos cadeaux. Le 25, je préparerai les trois plats traditionnels, canard croustillant farci de pommes et de pruneaux, porc rôti et saucisses, servis avec du chou rouge aigre-doux. »

« Et pour dessert, ajoute sa compagne Lone Bakmand, il y aura du risengrød, un riz à l'amande très sucré et renfermant une amande entière qui vaudra un cadeau à la personne qui l'aura dans son assiette. »

Chose certaine, le hygge, cet art de vivre danois, qui se veut aussi cosy que la chaise « oeuf » d'Arne Jacobsen, sera aussi de la fête. Là-dessus, God Jule !

- Air France offre quotidiennement deux vols Montréal-Paris et cinq vols Paris-Copenhague.

- Renseignements : www.visitcopenhagen.dk, www.royalcopenhagen.com (l'exposition se tient jusqu'au 28 décembre) et www.tivoligardens.com (le marché de Noël se termine le 23 décembre, celui de Nyhavn, le 22 décembre).

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