Le plaisir de picorer

Madrid — Une journée, c’est bien peu pour faire connaissance avec la capitale espagnole, mais c’est amplement pour picorer — et picoler — de-ci, de-là ! De bons plans…
À l’heure du petit-déjeuner, cap sur la Chocolateria de San Ginés pour avaler un chocolat chaud et quelques churros (longs « rigatonis » de pâte frite et sucrée). Connu comme Carmen Maura dans un film d’Almodóvar, ce lieu est une vénérable institution.
Dans ces mêmes parages, à savoir le Madrid des Habsbourg, la Chocolateria Valor (la succursale du Postigo de San Martín) sert également un chocolat muy rico.
Dans ce même Madrid royal, sur la calle del Cordón, aux abords de la jolie plaza de la Villa, El Jardín del Convento est la vitrine des douceurs des bonnes soeurs et des moines de tout le pays.
Par ici, turrónes (nougats), confitures, miels et petits gâteaux pour succomber au péché de gourmandise !
Les biscuits du cloître
À deux enjambées, plaza del Conde de Miranda, on peut se procurer biscuits et naranjines (pâtisseries à l’orange) directement auprès des soeurs cloîtrées du couvent del Corpus Christi.
Une fois à l’intérieur, un « Buenos días, Hermana ! » signale notre présence à la religieuse qu’on devine postée derrière un énorme passe-plat rotatif en bois.
On dépose nos euros sur le plateau, on le fait tourner, on reçoit nos pâtisseries par le même stratagème, mais… rien ne va plus pour ceux qui espéraient apercevoir la cornette d’une soeur Carbonera !
Déjà l’heure du lunch ? Ça tombe bien, nous voilà tout près du marché de San Miguel, l’un des plus anciens de la capitale. Récemment restauré, il se prend désormais pour une foire alimentaire, une nouvelle philosophie que partage aussi le marché San Antón, dans Chueca.
Chez l’un comme chez l’autre, on peut grignoter toutes sortes de tapas — brochettes d’olives, jambon ibérique AOC, huîtres et autres bocadillos (petits sandwichs), tout en sifflant sangría ou champagne, olé !
Top tapas
Mais para picar dans les règles de l’art… culinaire contemporain, direction Estado Puro, le resto de tapas de Paco Roncero, l’un des chefs madrilènes parmi les plus en vue.
Ses patatas ali-oli et sa tortilla del siglo XXI — quasi liquide ! — sortent autant du cadre qu’un blond Javier Bardem !
En prime, nous voilà sur le Paseo del Prado, « la promenade de l’art » jalonnée des musées du Prado, Reina Sofia et Thyssen-Bornemisza.
Vous avez déjà vu le Guernica de Picasso et les pinturas negras de Goya ? Allez donc jeter un coup d’oeil à la collection du baron au nom d’ascenseur…
Avec celle de son fils, qui, contrairement au paternel, ne croyait pas que l’art n’était beau que jusqu’au XIXe siècle (!), ce sont plus de 1000 oeuvres que vous aurez à vous mettre sous la dent.
À l’heure de l’apéro, les bars de la plaza de Santa Ana, dans le barrio de las Letras, attirent la gente biutiful ; ceux des Cavas Alta et Baja, les Américains sur les pas d’Hemingway (c’était les QG de l’écrivain-journaliste alors qu’il couvrait la guerre civile pour le Toronto Star).
Cava Baja aligne aussi de très, très anciennes auberges qui ont fait leur spécialité du cocido, un pot-au-feu typiquement madrilène. Anciennes comment ?
Disons qu’à la Posada de la Villa, on s’activait aux fourneaux pendant que le sieur de Maisonneuve et Jeanne Mance fondaient Ville-Marie !
Vivement Matadero!
Dans le registre alterno, vivement Matadero !
Cet ensemble de vieux abattoirs et de marchés aux bestiaux municipaux, construit entre 1911 et 1925, fermé en 1996 et redéveloppé depuis le début des années 2000, comprend un centre de design, une cinémathèque, un café-théâtre, des halls d’exposition, des restaurants et des bars-terrasses. Et c’est présentement l’endroit le plus especial de Madrid.
Puis, que faire à quatre du mat’ dans cette ville qui fut le berceau de la movida et ne s’en est jamais remise ? Case départ : la Chocolateria de San Ginés, claro !
Carolyne Parent était l'invitée de Vacances Transat.
Collaboratrice