Saveurs et couleurs de l'Ardèche

Vogüé, village de pierre aux rues étroites, est surplombé depuis le XIIe siècle par le château remanié à plusieurs reprises; la reconstitution du bâtiment est impressionnante et, dans les salles du haut, on découvrira une remarquable exposition de l’artiste Jean-Yves Pennec, que l’on peut voir jusqu’en novembre.
Photo: Agence de développement touristique de l’Ardèche Vogüé, village de pierre aux rues étroites, est surplombé depuis le XIIe siècle par le château remanié à plusieurs reprises; la reconstitution du bâtiment est impressionnante et, dans les salles du haut, on découvrira une remarquable exposition de l’artiste Jean-Yves Pennec, que l’on peut voir jusqu’en novembre.

L'Ardèche méridionale est devenue un relais gastronomique majeur au cours de la dernière décennie et ses vins se sont vu décerner toute une série de nouvelles appellations contrôlées (AOC). Nous vous proposons ici une promenade de trois jours, sorte de flânerie gourmande empruntant le réseau des petites routes sillonnant les replis des hautes vallées jusqu'à la spectaculaire formation rocheuse du Pont d'Arc. Un truc à faire en famille ou, plus encore, à deux, lentement, de mai jusqu'au début d'octobre, avant d'aller assister au festival d'Avignon ou non, en goûtant tout sans se gêner...

L'Ardèche est depuis longtemps une destination touristique de choix. On connaît la beauté époustouflante de ses hauts plateaux et de ses rivières encaissées, l'ascétisme de ses maigres villages accrochés à flanc de montagne et la renommée de ses produits du terroir, châtaignes, olives, charcuteries, fromages de chèvre et de brebis.

On entre ici en passant habituellement par le pays des volcans, au nord, ou par celui des papes, au sud, mais nous nous y sommes plutôt glissés à partir des côtes du Rhône en venant de Tain-L'Hermitage, Cornas et Saint-Peray.

C'est de là, face à nos premières ruines de château, que nous entamons la première tranche de la randonnée en passant le col de l'Escrinet, par Privas, afin de rejoindre la rivière Ardèche à la hauteur du château de Vogüé puis du hameau médiéval de Balazuc.

Vogüé, le village de pierre aux rues étroites, est surplombé depuis le XIIe siècle par le château remanié à plusieurs reprises; la reconstitution du bâtiment est impressionnante et, dans les salles du haut, on découvrira une remarquable exposition de l'artiste Jean-Yves Pennec que l'on peut voir jusqu'en novembre (www.chateaudevogue.net).

Balazuc aussi est perché sur une colline au bord de l'Ardèche, qui a creusé ici une impressionnante gorge escarpée dans laquelle on peut se baigner dans une eau de couleur céladon. On circule à pied dans le village à travers un dédale de vieilles pierres traçant de minces passages entre les maisons et formant voûtes et petites rues en escalier débouchant sur une église romane du XIIe et quelques autres bâtiments datant du XIIIe. Le tout sous un soleil ardent servi sur fond assourdissant de cigales chantant l'amour universel...

À quelques kilomètres de là, au bout d'une petite route impossible qui vous amène au bord de la falaise surplombant l'Ardèche, on peut descendre à pied jusqu'au Viel Audon, un village qui renaît de ses cendres comme plusieurs dans le coin. Il faudra ensuite compter une bonne demi-heure vers Sanilhac, par la D 4, pour atteindre l'Auberge de la Tour de Brison.

L'auberge est une sorte de perle rare perchée au sommet des collines. Depuis presque deux siècles, on y accueille quelques dizaines de visiteurs chaque soir, d'avril jusqu'en octobre: la famille Belin y sert depuis toujours une cuisine exceptionnelle basée sur la fraîcheur et la diversité des produits locaux, arrosée des vins charnus du coin. De la grande terrasse-balcon du restaurant, on peut observer une impressionnante succession de montagnes et de hautes vallées.

On vous souhaite de pouvoir dormir là dans des petits pavillons ou des chambres offrant une vue paronamique sur les toits et la vallée ou, plus encore, de discuter sur la terrasse avec les Belin des mérites de la vieille tradition hôtelière française en regardant le mont Ventoux se couvrir, à l'horizon, des couleurs du couchant entouré de dizaines d'autres sommets orangés...

Ce n'était toutefois que la première d'une série de rencontres intenses.

Des olives et des voûtes


Le lendemain, par la D 104 puis la D 207, nous voilà à Payzac et déjà, là-haut, à Brès, à l'Olivier de Vincent, un moulin et une boutique consacrés à l'huile d'olive tenus par un sympathique et coloré personnage, Dominique Vincent. Ce sont l'entêtement et la fidélité de cet homme à ses racines ardéchoises qui ont fait revivre le petit hameau; c'est lui qui moud là la récolte artisanale des oliviers de la communauté environnante dispersée sur le sommet des crêtes rocheuses. Le paysage tout autour est une sorte de rêve toscan réactualisé.

Dominique, qui a séjourné tout autant en Abitibi qu'en Argentine, se fera un plaisir de vous faire visiter et de raconter ses projets les plus fous. Et qui sait, lorsqu'il reconnaîtra votre accent, il vous demandera peut-être des nouvelles de Rouyn-Noranda en vous faisant goûter ses huiles d'olive parfumées.

Le midi, nous mangeons chez sa fille, Céline, qui a ouvert La Table du moulin à l'été 2007, tout juste au-dessus de l'Olivier de Vincent. Son histoire est tout aussi admirable que celle de son pionnier de père; elle a fait des études en relations internationales un peu partout, de l'Australie jusqu'en Californie, puis, après avoir obtenu un poste à Washington, elle décide plutôt de revenir en Ardèche et de se laisser aller à sa passion pour la cuisine.

Elle nous sert une sorte d'envolée poétique sous forme de petites bouchées de légumes absolument irrésistibles, suivies d'un plat d'agneau local et d'un poisson aux herbes à se rouler par terre, le tout arrosé d'un rosé du pays, fruité et charpenté. L'ensemble vous donne le goût de vivre jusqu'à 109 ans.

Le soir, une demi-heure plus loin par la D 352, la D 104a puis la D 408, nous voici à Naves, un village médiéval reconstruit à partir des pierres trouvées dans les ruines (voir autre texte), dans l'accueillante maison d'hôtes La Seigneurie de Naves. Rideau.

Après avoir compté toutes les voûtes, les ruelles et les passages plus ou moins secrets du village, nous repartons le lendemain pour un voyage aux entrailles de la Terre dans l'Aven d'Orgnac, à une heure de là. Si vous avez choisi l'option famille, vous passerez d'abord par le Bois de Païolive visiter un jardin pétrifié déposé à flanc de falaise et taillé par le vent — attention: vous mettrez quelques heures pour la balade —, avant de vous baigner dans l'Ardèche. Plus tard, pour descendre dans l'aven, «un véritable voyage dans le temps» d'une indescriptible et somptueuse beauté avec grands orgues de pierre et replis d'étoffe en calcaire, on recommande la petite laine et le soulier de marche: il faudra compter un peu plus de deux heures si l'on veut voir aussi le musée paléolithique à la sortie de cette visite que vous n'oublierez pas de sitôt. Toutes ces activités ouvrent l'appétit et c'est déjà avec bonheur qu'on arrive en fin d'après-midi à notre dernier arrêt: le Lodge du Pont d'Arc.

C'est un endroit magique, vous le constaterez tout de suite (www.prehistoric-lodge.com), avec plage privée donnant sur la falaise surplombant l'Ardèche, à quelques minutes à peine du fameux Pont d'Arc. Le bâtiment «vert» compte quatre chambres qui sont une symphonie de bois et de verre hyper-design, tout comme ces six grandes «tentes-lodges» qui offrent le confort le plus douillet aux amoureux comme aux petites familles. L'ensemble est couronné par une étonnante cuisine que l'on veut «identitaire» et qui met en vedette des produits du terroir.

Le charme, le raffinement et la couleur écologique de l'endroit risquent, aussi bien vous prévenir, de vous amener à planifier là, déjà, la date de votre prochain passage en Ardèche...

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Notre journaliste était l'invité de l'Agence de développement touristique de l'Ardèche (www.ardeche-guide.com).

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