Luang Prabang, l'aimant du Laos

Luang Prabang — Tous les chemins ne mènent pas à Luang Prabang, pas du tout. Cette ville inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO est lovée dans les montagnes du nord du Laos, entre la Chine et la Thaïlande.
De très nombreux Européens, et quelques Nord-Américains, viennent contempler plusieurs temples bouddhiques rénovés et pleins de vie, admirer l'architecture coloniale française demeurée intacte et explorer les merveilles naturelles environnantes (grottes, chutes, montagnes...), souvent à dos d'éléphant ou à bord d'une pirogue.En outre, les Laotiens sont adorables et souriants, notamment à Luang Prabang où ils sont traditionnellement très indépendants du reste du pays. Le Laos est un bastion socialiste officiellement appelé «République démocratique populaire lao». On sent peu que le pays est socialiste, sauf quand on paye le visa 42 $US pour les Canadiens (aille!) en arrivant à Luang Prabang et quand on se fait montrer la sortie du Musée du palais royal à 11h30 (c'est l'heure du lunch... jusqu'à 13h30!).
Le Laos a des liens politiques et historiques très forts avec le Vietnam voisin, qui demeure aussi socialiste et qui faisait également partie de l'Indochine française. Néanmoins, la population se sent souvent plus proche de la Thaïlande car le laotien et le thaïlandais sont des langues très similaires et parce que les échanges commerciaux sont intenses entre ces pays séparés par le fleuve Mékong.
Les touristes occidentaux qui viennent à Luang Prabang sont facilement remarquables. Ce sont en général de jeunes trippeux et d'assez vieux baba-cool; en tout cas, des gens respectueux de la culture locale. Il faut bien car la culture, on en a plein la vue ici! Même dans les marchés, on achète en priorité des biens culturels, au sens où ce sont des textiles et des objets sculptés à la main, localement. Il y a bien quelques brillantes babioles chinoises ou thaïlandaises, mais pas énormément. Idéalement, on devrait visiter le Traditional Arts & Ethnology Centre avant d'arpenter l'énorme marché central d'artisanat: ainsi, on aura plus de respect pour la grande écharpe à 100 $ qui a pris des semaines à tisser dans un village...
Au coeur de Luang Prabang, dans la mignonne rue Fa Ngum, les sculpteurs sur bois et autres artisans de la boutique Caruso Lao taillent et polissent des pièces de bois rares qui font des cadeaux et des souvenirs d'exception. Caruso Lao a été fondée en 1997 par la designer montréalaise Sandra Yuck.
L'autre intérêt, c'est la nature. Une nature vierge comme on en voit rarement en Asie. Une vingtaine de dollars suffisent pour obtenir les services d'un chauffeur et de sa camionnette tuk-tuk pendant quelques heures. Il y a mille explorations à faire.
Vous voyez, Luang Prabang, c'est la grande aventure, en toute facilité. On peut faire du rafting, du trekking, du vélo, des promenades à dos d'éléphant; on peut aussi visiter des grottes et admirer des chutes exceptionnelles, toujours à des prix dérisoires.
Une nourriture très variée
Des gargotes locales en plein air bordent le Mékong et la rivière Nam Khan. Ici, il y a incroyablement peu de touristes et la nourriture est brûlante d'authenticité (que de piment!). La fondue laotienne, sur feu de charbon de bois, est une expérience inoubliable. Attention, toutefois: choisissez uniquement des aliments cuits ou bouillis. Un plat cru peut rendre très malade...
La rue principale, très touristique, a l'avantage de préserver la flore intestinale des touristes dans des décors très romantiques. Les prix, élevés pour des Laotiens, sont de trois à cinq fois moins élevés qu'au Québec. On peut y goûter des plats laotiens irrésistiblement exotiques. La tacm maak-hung (salade de papaye verte) est très différente de sa soeur vietnamienne.
Partout, on peut déguster des plats typiques simples comme le laap, un hachis de poisson ou de viande relevé de menthe fraîche, du citron vert et du piment fort.
L'incroyable bonne surprise de Luang Prabang, c'est ce merveilleux café cultivé dans la région et torréfié selon les règles de l'art. Les nombreuses boulangeries constituent aussi des vestiges odorants et savoureux de l'ère coloniale française.
En vrac
-Pour une balade en privé sur le fleuve Mékong, il y a les services de M. Khamphong et de son bateau motorisé à longue queue. Cet homme sympathique et compétent s'exprime assez bien en anglais et — pratique — il a un téléphone portable (856.20.5774.655).
-On peut aller à Luang Prabang par la route depuis la Chine, la Thaïlande et surtout depuis la capitale laotienne (Vientiane). Les trajets sont toutefois longs et cahoteux; seuls certains touristes riches en temps apprécieront.
-Le petit aéroport de Luang Prabang appartient à Bangkok Airways, une des meilleures compagnies aériennes régionales d'Asie. Seules Bangkok Airways et Lao Airlines, la compagnie aérienne nationale du Laos, sont autorisées à atterrir à Luang Prabang. Essayez de vous asseoir près d'un hublot; la vue sur les montagnes, les cours d'eau, les bâtiments historiques et la ville présentent une émouvante palette de verts et d'orangés.
-On peut payer de 10 $ à 200 $ pour une chambre à Luang Prabang. Au sommet de l'échelle, il y a la Maison Souvannaphoum. L'ancienne résidence du prince Souvannaphouma est un palace depuis les années 1990 et cet hôtel vient tout juste d'être rénové.
-Pour environ 100 $, on peut loger à la Villa Santi, peut-être le meilleur exemple de grande maison coloniale française transformée en hébergement. Réservations faciles sur AsiaRooms.com.
-De très nombreuses guest houses (des pensions de moins de 15 chambres) proposent des chambres correctes à moins de 50 $. Si vous cherchez un peu, vous trouverez une chambre en maison flottante, un hamac dans une case traditionnelle et des auberges de jeunesse à prix dérisoires...
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Collaborateur du Devoir