Le canal Rideau : un site du patrimoine mondial

Nos voisins ontariens ont eu de bonnes raisons de se réjouir en 2007: le canal Rideau, qui irrigue le coeur d'Ottawa et serpente dans le sud-est ontarien, est officiellement devenu, le 27 juin de cette même année, à Christchurch en Nouvelle-Zélande, un site du patrimoine mondial de l'UNESCO. Il s'agit du premier site répertorié dans la province de l'Ontario — le quatorzième au Canada — reconnu par le Comité du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture. Parmi ceux-ci, deux le sont déjà au Québec: l'arrondissement historique du Vieux-Québec et le Parc national de Miguasha en Gaspésie. Depuis longtemps inscrit comme lieu historique national du Canada, le canal Rideau fait partie intégrante de l'image touristique projetée par la capitale canadienne, et souhaitait obtenir cette reconnaissance internationale afin de célébrer en grand ses 175 ans d'existence.
D'abord construit pour créer une voie navigable de 202 kilomètres entre Kingston, sur le lac Ontario, et la capitale Ottawa, sur la rivière des Outaouais, le canal et ses 47 écluses possédaient déjà le titre de «l'un des ouvrages du génie les plus remarquables du XIXe siècle». Amorcée en 1826, la construction du canal s'est conclue en 1832 sur cette image dominante: «Une majestueuse échelle de huit écluses au pied de la colline du Parlement.»Le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO a reconnu le canal Rideau parce que «c'est le seul canal datant de la grande époque de la construction de canaux en Amérique du Nord, au début du XIXe siècle, qui soit encore opérationnel sur tout son tracé initial, et qui conserve intactes la plupart de ses structures d'origine».
Parmi ces structures, le site comprend six postes défensifs, un fort, quatre tours Martello, des maisons de maîtres éclusiers et une chaîne totale de 47 écluses de forte dimension. La construction de ce gigantesque projet a toutefois été accompagnée d'une lourde dette en capital humain. Selon Parcs Canada, plus de 1000 ouvriers sont morts de la malaria, d'autres maladies ou d'accidents de travail, au cours des six ans qu'a duré le chantier. «Deux mille travailleurs besognaient chaque année en toutes saisons, dégageant la route pour le canal à l'aide de pelles, de pioches et de brouettes, et avec des animaux de trait. Femmes et enfants accompagnaient souvent les ouvriers.»
Aujourd'hui, le canal Rideau fait le bonheur des plaisanciers, des canoéistes, des kayakistes, des cyclistes ou tout simplement des marcheurs qui arpentent les trottoirs du Queen Elizabeth Driveway à l'ouest ou du Colonel By Driveway à l'est, le long du canal qui anime la vie jusqu'au centre-ville d'Ottawa. Il faut noter qu'à la hauteur du parc Vincent-Massey, un peu au sud de l'Arboretum et du lac Dow, le canal et la rivière Rideau se divisent jusqu'à leur embouchure respective dans la rivière des Outaouais. Cela permet d'aménager, l'hiver venu, «la plus grande patinoire au monde», avec l'allée glacée du canal Rideau qui va du campus de l'université Carleton jusqu'au Château Laurier, soit une distance de 8 kilomètres.
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Collaborateur du Devoir
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Renseignements: www.pc.gc.ca, www.rideau175.org, www.rideaufriends.com