Montréal - New York en bus - Payer avec ses nerfs

L'autocar est souvent le transporteur de ceux qui n'ont probablement pas d'autre choix. En tout cas, ça semble être la réalité des clients de Greyhound sur le populaire trajet Montréal - New York. Ces clients subissent des tracas indignes d'un transporteur majeur. Récit.

Le départ de 7h45 quitte la Station centrale de Montréal à 8h, sans raison ni explication: 15 minutes de retard dès le départ. Juste avant la frontière états-unienne, le bus fait un arrêt au grand magasin hors taxes de l'autoroute 15 sous prétexte de permettre aux passagers de changer des devises (mais qui part vers les États-Unis sans dollars US?). On accumule alors 15 autres minutes de retard et ma voisine rage: «Ce chauffeur va finir par me faire manquer ma correspondance à Albany.» Cette passagère va à Schenectady et n'a aucun autre choix (ni le train ni l'avion).

Au départ, le chauffeur nous donne toutes les précisions (douanes, arrêts à venir) en anglais seulement. Devant moi, des retraités qui partent en croisière depuis New York n'y comprennent rien et doivent demander des explications à leurs voisins. Précisons que nous sommes alors en Montérégie, pas aux États-Unis. Un petit message enregistré en français pourrait peut-être régler ce problème?

La douane est un cauchemar mineur qui durera une heure. Il faudra sortir du bus avec tous nos biens, les déposer sur un trottoir à l'extérieur (pas très rassurant) et entrer se faire interroger. Les imprudents qui n'ont pas acheté de billet aller-retour se font cuisiner à température élevée par les douaniers de l'oncle Sam.

Nous arrivons à Albany. Ma voisine a trois minutes pour prendre sa correspondance. Stressée, elle implore les autres passagers de la laisser passer. Outre la pause repas — fort légitime — de 30 minutes à Albany, le bus fera trois arrêts dans de petites villes américaines. Des arrêts légitimes aussi, mais qui prolongent le trajet, déjà fort long. Aucun bus express ne fait la route Montréal - New York d'un trait.

Nous arrivons finalement à Manhattan à 16h45, avec 15 minutes de retard, alors que nous aurions dû y être avec 15 minutes d'avance. Près de neuf heures de trajet pour couvrir 600 kilomètres.

Dans de tels cas, Greyhound présente l'attitude insouciante d'une compagnie qui n'a pas de concurrence. Voyons voir. Le train d'Amtrak coûte environ le même prix que le bus mais il met 11 heures pour faire un seul trajet quotidien (il y a environ six départs quotidiens en bus) et il est régulièrement en retard. Avantages majeurs: on a de l'espace et ce sont les douaniers qui prennent le train et nous interrogent à notre siège.

Quant à l'avion, il coûte au meilleur des cas quelque 200 $ aller-retour, plus les taxes et suppléments qui alourdiront le coût final aux environs de 350 $, presque le triple de l'autocar (dont le billet est 10 % moins cher s'il est acheté au moins trois jours à l'avance).

Avec le bus, on paye peu avec le porte-monnaie mais beaucoup avec ses nerfs.

Collaborateur du Devoir

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