Bruxelles en mode design

Une ville intrigante. À la fois stratégique par le ballet diplomatique qui s'y joue au sein de l'Union européenne, restreinte dans son étendue géographique et imposante pour sa dimension humaine, Bruxelles gère bien des chantiers à la fois. Des chantiers de construction pour répondre à la demande pressante résultant de l'élargissement de l'Europe, mais aussi des chantiers de rajeunissement de quelques-uns de ses quartiers longtemps délaissés... Et maintenant parmi les plus branchés. Emportés dans le défilé de l'année touristique qui leur est consacrée, le design et la mode n'y font pas exception, ni ne font dans la dentelle côté effervescence. Des petites tailles aux grosses pointures.
Bruxelles — Lorsqu'on évoque le design et la mode, avouons que Bruxelles ne vient pas spontanément à l'esprit comme Paris, Londres ou Milan. Pourtant, la ville explose littéralement au rayon du stylisme. Oui, il y a une vie hors de la Grand-Place, si magnifique soit-elle avec ses murs séculaires qui transpirent d'histoire, comme ceux de la maison où Victor Hugo écrivit une bonne partie des Misérables, dans une ville qui a connu les dominations française, autrichienne, hollandaise et espagnole.Il y a une vie hors du Mannekenpis aussi, celui-là qui attire encore des hordes de touristes le regardant s'exécuter. Ainsi, l'équipe de l'Office de promotion du tourisme Wallonie-Bruxelles a voulu dégager une image plus contemporaine, plus dynamique de la ville, d'où le thème design-mode 2006.
Et la capitale ne manque pas d'attraits en périphérie des grands classiques. À commencer pas ses résidants eux-mêmes, qui forment un joyeux melting-pot, vocation européenne oblige, et qui cohabitent dans une sorte d'indiscipline créative à laquelle une formidable explosion de ses quartiers branchés n'est pas étrangère.
Prenez l'avenue Louise, flanquée d'un côté d'Ixelles, une sorte d'Outremont en devenir, et de l'autre du Châtelain, un genre de Plateau Mont-Royal en puissance. La Louise, elle, les traverse fièrement: en témoignent les chalands qui y déambulent pour fréquenter ses boutiques et restos beau chic beau genre. Surplombant un centre-ville abondamment touristique, sont installées là les places commerciales de marques internationales: les Gucci, Armani, Sonia Rykiel, Vuitton, Dior, Versace et autres Chanel s'alignent avenue Louise et boulevard de Waterloo, rivalisant d'originalité dans la conception de leurs vitrines.
Des coups de coeur
Des petits coups de coeur, dans cette branchitude consommée? Le marché du week-end le long des étangs d'Ixelles, qui s'installe pendant quelques heures et puis s'en va. Mais quel ravissement pour les yeux... et le palais, bien sûr. Savez, le genre d'endroit où on voudrait acheter des comptoirs entiers et d'où on repart les bras chargés de tant de victuailles dont on n'avait jamais besoin! Et c'est le marché qui vient à vous, comme ça se faisait au Québec à une autre époque. Et comme on aimerait que ça se passe encore aujourd'hui...
Autre coup de coeur: le quartier du Bailli, dont la rue du même nom regorge de commerces tous plus à la mode les uns que les autres, qui proposent leurs fringues et autres articles.
Et tant qu'à faire dans les coups, puisqu'ils sont de coeur, mentionnons la place Saint-Géry, qui offre en pâture ses cafés et restos où l'on peut — du moins en a-t-on la douce illusion — fuir un moment les cordées de touristes de la Grand-Place tout à côté et frayer avec quelques Bruxellois, dans un décor de maisons rustiques tout à fait charmant. Voilà un de ces quartiers mal famés qui se sont refait une beauté depuis une dizaine d'années.
Là, nous ne sommes pas très loin de la rue Dansaert où sont installés quelques-uns des designers émergents dont les autorités touristiques bruxelloises font mousser les créations autant que la bière cette année. Un arrondissement plutôt abandonné qu'ils ont contribué à rehausser: les collections de prêt-à-porter et de sur-mesure rivalisent avec une panoplie d'accessoires à l'avenant. Prenez Shampoo & Conditioner... Non, ce n'est pas une nouvelle marque de shampooing mais l'une des griffes de mode qui se sont tissées depuis quelques années: deux tailles de ses créations se trouvent en boutique, des pièces qu'on peut faire confectionner pour soi par la suite.
Vanessa Vukicevic et Aude de Wolf, qu'elles s'appellent (tél. 02 511 07 77). Mais pourquoi diable un tel nom affublé à des stylistes? «Pour l'humour, le côté sexy, une folie, diront-elles en choeur. Pour ne pas se prendre au sérieux non plus!» C'est dans ce quartier qu'on retrouve aussi la boutique STIJL de Sonja Noël, l'une des pionnières du renouveau styliste bruxellois (tél. 02 512 03 13).
Chez Mademoiselle Lucien, rue Armand-Campenhout, dans l'un de ces arrondissements qui ont aussi pris du galon ces dernières années, le langage est tout autre. Les deux créateurs de la maison, qui ont notamment habillé Barbie pour la compagnie Mattel, ont une formation en... histoire de l'art. Là, on ne trouve que des vêtements sur mesure et tout est produit en Belgique, même lorsqu'on fait tisser des matières au Maroc, par exemple.
Et pas de lancements de collections, chez Mademoiselle (tél. 02 343 38 24, www.mademoiselle-lucien.be), que la tenue d'une exposition tous les deux ans. Les créations sont magnifiques et les tissus, un pur enchantement au toucher. Lors de notre passage, une cliente y cherchait la robe idéale pour une occasion spéciale. Sa tentation ultime valait 1200 euros. Oui madame! Mais pour un événement spécial, savez...
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En vrac
- Mieux vaut se munir d'un bon plan de la ville parce qu'il n'y a aucune logique apparente dans la disposition des rues et avenues. Pire qu'à Paris. Et qu'est-ce que les noms de rue sont écrits en petits caractères!
- Bruxelles est une ville propre. C'est donc un choc lorsqu'on atterrit à Montréal, où le maire Tremblay semble avoir statué à jamais que le remplissage des nids-de-poule était plus urgent que le nettoyage de la cité. On voit ce que ça donne.
- Il y a dans la capitale belge plusieurs brasseries traditionnelles où le service — masculin — le dispute au décor douillettement vieillot.
- La Belgique brasse des affaires mais aussi plus de 1000 marques de bière... chacune avec son propre verre pour la déguster. Essayez donc de goûter tout ça, pour boire!
- Au pays de la bande dessinée, une quarantaine de murets de Bruxelles ont été peints de scènes de BD. On peut aussi y faire un circuit sur ce thème et visiter le Centre belge de la bande dessinée.
- Il est très agréable de se balader et de faire du lèche-vitrines dans le quartier huppé du Sablon, où se trouvent des cafés sympas et plusieurs boutiques d'antiquaires et où se rencontrent artistes et célébrités.
- Si vous avez par trop relâché le portefeuille chez les stylistes, les commerces de la rue Neuve proposent du magasinage un peu plus «populaire».
- Parmi les restos branchés, dans un décor zen et un emplacement géographique plutôt surprenant, Yoma s'impose à deux pas de la Grand-Place, près de la Bourse. Un peu cher mais avec un menu intéressant dans une ambiance conviviale. Ah oui... Sonnez pour entrer! % 02 514 64 42, www.yomabxl.com.
- Les auberges de jeunesse offrent un mode d'hébergement parfois oublié des plus vieux, et à des prix «jeunes». Prenez l'Auberge Jacques-Brel, membre du réseau Hostelling International. Située en plein centre-ville, elle offre tous les services nécessaires. Et pas de limite d'âge... % 02 218 01 87, www.laj.be. Tout près, l'auberge Sleep Well, un établissement privé fondé par une communauté religieuse, propose des chambres qui rivalisent aisément, ma foi, avec certains hôtels une ou deux étoiles! % 02 218 50 50, www.sleepwell.be.
- Si voux voyagez avec des ados et sans portable, repérez vite un café Internet près de «chez vous». Ça évitera bien des tergiversations. Ah oui, autre chose: essayez de ne pas prévoir d'activités trop tôt le matin... Genre.
- Dans la brochure intitulée Mes escapades, on trouve un chapitre consacré aux renseignements touristiques pour les jeunes visiteurs et intitulé Mon Bruxelles Jeune.
- La Brussels Card (3 jours, 30 musées, 30 euros) donne accès aux établissements participants mais inclut aussi la gratuité des transports en commun et des rabais dans certains restaurants.
- Si les Bruxellois prennent parfois un ton apparemment expéditif et faussement hautain, ce n'est là qu'une façade dissimulant une grande affabilité. Leur manière de vous dire «S'il vous plaît!» ou «Plaît-il!» en vous servant? Franchement sympathique.
- Renseignements: Office de promotion du tourisme Wallonie-Bruxelles au Québec: Tél. (418) 692-4939, 1 877 792-4939, www.belgique-tourisme.qc.ca.
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Ce reportage fait suite à une invitation de l'Office de promotion du tourisme Wallonie-Bruxelles au Québec et de Vacances Transat.