Couleurs des Bois-Francs

Autrefois, au moment où sont arrivés les premiers Européens, le sud du Québec était couvert de forêts dont nous n'avons plus de souvenirs. Ou si peu. Dans l'Outaouais, par exemple, que reste-t-il de ces étendues de grands pins abattus pour la construction navale ? Où sont passées toutes ces chênaies de la vallée du Saint-Laurent ? Les Bois-Francs, eux, perdurent comme les dernières sentinelles. Sous le soleil oblique de l'automne, ils brillent de tous leurs feux.

L'équinoxe a été franchi. Et les nuits sont maintenant plus longues que les jours. Après les grands frissons du vent, tout ne sera bientôt que tapis de feuilles. De quoi chanter Prévert et Kosma. Mais, avant l'ultime voltige, il y aura eu dans les érablières, parmi les frênes et les bouleaux, une hémorragie de couleurs. Dans les Bois-Francs, tout autour de Victoriaville — Victo, ainsi qu'on l'appelle là-bas comme pour amplifier l'affection qu'on lui porte en abrégeant son nom —, il faut goûter le plaisir de s'égarer par les chemins creux. Long and winding roads, fredonnaient les Beatles.

Pourquoi aime-t-on les paysages ? Parce qu'ils parlent à notre intelligence ? Parce qu'ils jouent avec nos cordes sensibles, s'adressent à notre inconscient ? Parce qu'ils participent à notre identité ? À la prise de conscience de nous-mêmes ? Comment ne pas se poser de telles questions en fréquentant ce pays où, parmi les contreforts des Appalaches, les arbres se confondent avec le relief ?

Ici, on travaille le bois. De génération en génération. C'est une matière précieuse. On en fait des bâtons de hockey, des cercueils. Est-ce pour cela qu'on y trouve tant d'antiquaires et de marchands de meubles d'autres âges ? Pour un peu, on pourrait croire que l'air transporte des parfums de bran de scie. C'est noble, la sciure de bois.

À l'écart des grands axes, les Bois-Francs mènent une vie discrète. Prenez la côte qui mène à l'église de Norbertville. De ce surplomb, regardez la plaine, puis les collines qui deviendront des montagnes : vous aimerez ce paysage. Vous aimerez sa force tranquille, sa douceur qui laisse soupçonner une vigueur contenue. Enfilez la route sinueuse jusqu'à Saint-Fortunat en clignant des yeux sur la rivière.

Vous êtes au pays de Notre-Dame-de-Ham, de Chesterville, de Warwick, de Saint-Rémi-de-Tingwick. Où des colons de souches francophone et anglophone se sont côtoyés, succédé, empruntant mutuellement à la culture des autres. Aucune merveille à figurer dans les encyclopédies. Juste une forme d'harmonie qui s'éclate à l'automne.

Un pays franc, comme ses bois.

Canneberges

Les Indiens disaient atocas. Arrivés à maturité, c'est-à-dire ces temps-ci, les champs de canneberges étalent leurs nappes de rouge. Qui ne se délecte de ces petits fruits, qu'on dit diurétiques, souvent servis avec du gibier et surtout avec la dinde... de Noël ou de l'Action de Grâces ? Mais avez-vous déjà goûté à une tarte aux pommes et aux canneberges, à du chutney, du riz, à des muffins ainsi aromatisés ? À des canneberges séchées, épicées ou même blanches ?

Sous un grand chapiteau, à Saint-Louis-de-Blandford, le Centre d'interprétation de la canneberge (www.canneberge.ca) invite aujourd'hui et demain les visiteurs à se familiariser avec ses mystères, sa récolte et ses processus de transformation avant d'arriver sur les marchés. Un village voisin, celui de Villeroy, célèbre le Festival de la canneberge (www.festicanne.ca) depuis 1994. Les réjouissances ont lieu ce week-end. L'église Saint-Philéas est à visiter.

Sur deux roues

Sur le plat ou d'un versant à l'autre, cinq circuits vélo parcourent la MRC Athabaska-Victoriaville : La route des fleurs (40 kilomètres, qualifiée de facile), La route des saveurs et La route des silos (intermédiaires, respectivement de 56 et 77 kilomètres), La route panoramique et La route des antiquaires (pour cyclistes expérimentés, respectivement de 90 et 102 kilomètres). Le site web (www.avelo.ca/) en fournit les plans couleurs détaillées.

Un marché

De l'huile d'émeu, des horloges, des coffrets de bois peints à la main, des chandelles à la cire d'abeille, des tricots, du saumon à l'érable ? Samedi et dimanche, une vingtaine de producteurs agricoles et d'artisans participeront au Marché de produits régionaux qui se tiendra au Pavillon du mont Arthabaska à Victoriaville. Ce sera une occasion de découvrir le lieu et d'admirer les paysages des environs, d'y faire un pique-nique ou de prendre une marche de santé.

Festival de blues

Malgré son nom, l'Auberge Saint-Fortunat (www.aubergest-fortunat.com) n'offre pas de chambres à louer. Elle présente plutôt des spectacles. Durant les week-ends jusqu'au 23 novembre, elle organise un Festival de blues. Au programme : Henry and the Blues Kats, Gaston Gagnon, Guy Cardinal, Richard Carr and the Jam et bien d'autres.

Attraits
- Parc Marie-Victorin (385, rue Marie-Victorin, Kingsey Falls, 1-888-753-PARC, www.ivic.qc.ca/mv, parcm-victorin@ivic.qc.ca) : cinq jardins thématiques, ornithologie, mycologie. Jusqu'au 31 octobre. Frais d'entrée.
- Cascades Inc. (à Kingsey Falls, 1-888-PARC, www.cascades.com) : visites guidées d'une usine spécialisée dans la fabrication de produits à partir de papier et de carton récupérés. Jusqu'au 31 octobre. Entrée gratuite.
- Économusée du cuir (857, boul. Bois-Francs, Victoriaville, 819-357-3138) : sur le site de l'ancienne cordonnerie du village d'Arthabaska. Entrée gratuite.
- Lieu historique national de la Maison-Wilfrid-Laurier (16, rue Laurier Ouest, Victoriaville, 819-357-8655, www.museelaurier.com, mlaurier@ivic.qc.ca) : de style victorien, construite en 1876 pour l'ancien premier ministre du Canada. Frais d'entrée.
- Vannerie des Bois-Francs (11, rue de Courval, Victoriaville, 819-752-6252) : atelier équipé de métiers adaptés aux handicapés. Entrée gratuite.
- Centre équestre Quatre Vents (10, rang 5, Saint-Fortunat, 819-344-5485) : randonnées à la journée ou de deux à cinq jours. Toute l'année.

Deux adresses
- Le Vieux Moulin (7901, rang Goupil, Chesterville, 819-382-2544, www.giteauvieux moulin.com) : gîte aménagé dans un ancien moulin sur la rive gauche de la Blanche, au coeur de la « Petite Suisse du Québec ». Accueil chaleureux et la nature au parterre.
- La Halte de Chester (1350, route 263, Chester-Est, 819-382-2466) : restaurant proposant sanglier, bison, cerf et autres viandes sauvages. Lieu de départ de deux sentiers (5 et 11 kilomètres) mis en place par le Carrefour écotouristique des Appalaches.

Forfaits

En collaboration avec Tourisme Bois-Francs, divers établissements ont mis sur pied des forfaits vélo, santé et de chasse (jusqu'au 20 octobre, puis du 2 au 19 novembre).

Renseignements

Tourisme Bois-Francs, 1 888 758-9451, www.tourismeboisfrancs.com.

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