Le vin dans les voiles

Photo: Courtoisie

Visiblement, il semble bien que vous n’y alliez pas mollo sur le vino, comme en témoignent ces records de ventes enregistrés à la Société des alcools du Québec. C’est Noël en mai à la SAQ ! C’est toujours ça de pris pour le Trésor public. Les ventes de vins en importations privées ont aussi le vin dans les voiles avec une offre particulièrement diversifiée. Qu’en est-il de ce créneau habituellement prisé par la restauration ?

Vu les circonstances, alors que cette dernière industrie traverse un véritable cauchemar, les agences promotionnelles de vins n’hésitent pas à proposer ces exclusivités, d’autant plus que la société d’État a mis de l’eau dans son vin en assouplissant quelque peu les règles au passage. L’affaire est-elle pour autant alléchante pour le consommateur lambda ?

Oui et non. Côté positif, il y a possibilité de bénéficier d’exclusivités souvent fort recherchées, le tout préparé et livré par des gens sérieux, en caisses panachées ou non. L’aspect moins positif, des coûts un chouïa plus élevés (taxes et frais de gestion compris ou non) et l’obligation d’acheter un minimum de trois bouteilles d’un même produit par caisse de six ou de douze flacons. Compliqué peut-être, mais c’est comme ça. Le monopole impose ses conditions.

Je contactais récemment l’association A3 Québec, qui rejoint une soixantaine d’agences de vins et de spiritueux en vue d’une demande d’échantillons de produits disponibles en importations privées auprès de leurs membres. Je vous propose ici quelques candidats de bon niveau — lire : à l’intérieur d’un rapport qualité-plaisir-prix-authenticité assumé. La démarche se poursuivra sur le site Web du Devoir, en fonction de la cohérence des offres à venir.

Agence Symbiose

 

(3) Sancerre Blanc 2018, Thibauld Denizaud, Verdigny, Loire, France (27 $ – 14350474). Le sauvignon transcende ici son caractère variétal pour s’ouvrir sur des horizons où les fleurs et les agrumes bien mûrs dansent littéralement au nez comme en bouche, avec une précision, mais surtout avec une délicatesse inouïe. Ce millésime solaire n’est pas ici moins cohérent pour autant. (5) © ★★★1/2

(3) Petit Chablis 2018, Yannick Cadiou (31,25 $ – 14434467).Les amateurs de chardonnays vifs et tranchants, sans la moindre touche boisée, seront au septième ciel avec ce blanc sec vibrant, au goût de pomme et d’agrumes, tendu comme une corde de cerf-volant. Un 2018 atypique qui régalera sur les huîtres. (5) © ★★★

(3) Château Couraze 2010, Fronsac, Bordeaux, France (29,55 $ – 14440525). Près d’une décennie en bouteille permet ici à ce rouge composé de cabernet franc et de merlot d’être au sommet de son expression. Le bouquet relève du sous-bois alors que la bouche, aux tanins lisses et fondus, évoque ce petit gibier qu’il fera bon de rôtir et de servir à table. Finale de longueur moyenne terminant sur une pointe de fumée et de zan, typique des vins de l’appellation. (5) © ★★★

(3) Bourgogne Rouge 2017, Domaine Serrigny, Bourgogne, France (28,45 $ – 14241219).Je ne connaissais pas cette maison familiale aujourd’hui gérée par Francine et Marie Laure Serrigny, à Savigny-lès-Beaune. C’est du sérieux ! Et parfaitement vinifié avec ça. Issue de deux parcelles totalisant un peu plus de 35 ares, dont l’une pas très loin de la commune d’Aloxe-Corton, cette cuvée place le pinot noir à un niveau élevé de « croquabilité » tant l’expression y est fruitée, dense, éclatante, d’une sève soutenue. Délicieusement bourgogne ! (5+) © ★★★Total pour 12 bouteilles (taxes comprises) : 348,75 $

Vins Fins, L’Agence

(6) Alta Mora Bianco 2018, Cusumano, Etna DOC, Sicile, Italie (29,75 $).Imaginez fouler le sol sicilien par une fin de journée chaude alors que le miel, les fleurs d’oranger et autres abricotiers laissent filer leurs parfums… Les voilà embouteillés avec ici une classe, mais surtout une fidélité enviable. Le tout complété en bouche par une rondeur et une générosité sans toutefois être ni trop puissant ni trop vineux. Un style moderne qui ne manque pas de longueur. (5) © ★★★ Total pour 6 bouteilles (taxes et frais d’agence compris) : 178,50 $

Le coin des importations privées

Dans la foulée d’un assouplissement de procédures avec la SAQ, les agences promotionnelles en vins et spiritueux s’organisaient en début de la pandémie du coronavirus à offrir des caisses panachées disponibles exclusivement en importations privées aux consommateurs, avec ou sans service de livraison. Cette section veut jeter un pont entre ces mêmes agences et les consommateurs en proposant l’offre disponible. Compliqué peut-être, mais c’est comme ça. Le nombre de bouteilles proposées est inscrit en début de commentaire. Si les taxes sont comprises, les frais de gestion peuvent varier selon l’agence. Les prix s’entendent ici sans les taxes.

Maxim Impex Inc. Mihai Popescu. dionis@maximimpex.ca

 

(3) Crama Girboiu Blanc 2018, Livia Sarba, DOC Cotesti (cépage sarba). Voilà un blanc sec original qui ne manque ni d’expression ni de vivacité, alliant des nuances florales et citronnées sur une bouche expressive, vive, nette, aromatique, de belle longueur. (5) ★★★

(3) Petit Clos Blanc, Clos des Colombes (cépages viognier et feteasca alba). On parle ici du second vin de la maison, avec un assemblage où le viognier se fait discret, laissant le feteasca alba exploser sous ses flaveurs de salade de fruits blancs. La bouche est élégante, franche, fraîche et de belle rondeur. Original. (5) ★★ 1/2

(3) Petit Clos Rouge, Clos des Colombes (syrah et merlot). Il y a de la souplesse et un côté friand dans ce rouge léger au goût de cerise noire, d’épices et de fumée. C’est net, équilibré, prêt à boire bien frais sur une brochette d’agneau aux herbes. (5) ★★ 1 2

(3) Tamaioasa Romaneasca Blanc 2017, Colocviu la Roma, Cotnari (cépage tamaioasa romaneasca). Il y a des airs de sauternes secs dans ce blanc sapide et aromatique, léger de tonalité mais vivace d’expression. Un vin original qui ne manque pas de complexité, à servir sur les salades de fruits de mer et autres volailles au citron.

Total pour 12 bouteilles : 240 $ (taxes comprises)

Mousseux

 

(3) Crama Girboiu Cuartz Brut, Vrancea. Un mousseux élaboré par l’entremise de la méthode charmat au profil discret tout en étant vivace, citronné et pourvu d’un dosage moyen parfaitement intégré à l’ensemble. Une bulle harmonieuse, digeste, d’une jolie longueur. (5) ★★★

(3) Cotnari Colocviu la Viena, méthode traditionnelle (cépage francusa). Non dégusté

 

Total pour 6 bouteilles, 160 $ (taxes comprises)

À grappiller pendant qu’il en reste !

Chardonnay 2017, Quails’Gate, Vallée de l’Okanagan, Colombie-Britannique, Canada (23,50 $ – 12892712). À ce prix, rien à envier à une côte chalonnaise tant l’équilibre est juste et la densité du fruité assurée. Un blanc sec de la famille Stewart du côté de Kelowna qui s’inscrit dans un style où dominent l’élégance et le respect du fruité, et ce, dans la continuité. La gamme des vins proposée est d’ailleurs toujours très recommandable. (5) © ★★★

Château Porto Carras 2010, Côtes de Meliton, Macédoine, Grèce (25,75 $ – 10701329). Le grand oenologue bordelais Émile Peynaud s’est penché, il y a quelques décennies de cela, sur le berceau de ce rouge fin élaboré avec la trilogie des cépages bordelais à laquelle s’ajoute ici le cépage grec limnio. Si la robe demeure soutenue et encore jeune, le bouquet, lui, s’est affiné avec majesté, avec de beaux tanins frais, mûrs et serrés au goût de prune, de laurier, de sauge. Un classique à redécouvrir, sur une poêlée de rognons par exemple. (5) © ★★★

Fruit sauvage 2017, Clos de Caveau, Vacqueyras, Rhône, France (31,75 $ – 13750370). Cette superbe cuvée issue de l’agriculture biologique à base de grenache et de syrah est, pour tout dire, exquise de fraîcheur et d’élégance, avec son registre aromatique précis et délicat, ainsi que sa trame fine en bouche où des tanins mûrs, satinés et bien liés étoffent le palais avec une espèce de grâce rarement rencontrée dans les vins de cette appellation. Civilisé ! (5+) © ★★★★

Chablis 1er Cru Vau Ligneau 2018, Domaine Louis Moreau, Bourgogne, France (33,10 $ – 480285). Classe, subtilité, finesse. Quelques qualificatifs qui viennent rapidement à l’esprit et témoignent du savoir-faire de cette belle maison familiale habituée à ne jamais faire de compromis. J’ai sans doute aussi un parti pris : celui d’aimer le vin de chablis ! Toujours est-il que le fruité y est palpable, rapidement soutenu et tendu par l’esprit minéral du terroir pour compenser la réalité chaude et solaire du millésime. Équilibre et longueur. (5+) © ★★★ 1/2


Légende

(5) à boire d’ici cinq ans
(5+) se conserve plus de cinq ans
(10+) se conserve dix ans ou plus
© devrait séjourner en carafe
★ appréciation en cinq étoiles


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