Gousto Bistro: un «Italiano vero» version longueuilloise

Il y a des critiques plus reposantes que d’autres. Celle sur ce Gousto longueuillois, par exemple, est un peu compliquée à écrire tellement tout y a été simple, délicieux, généreux et raisonnable côté porte-monnaie.
L’endroit avait été chaudement recommandé par plusieurs lectrices et lecteurs du Devoir, appréciant sans doute, comme moi, la simplicité érigée en vertu. De nos jours, la simplicité semble être devenue une vertu peu prisée en restauration, chez les Italiens comme chez les autres. Elle est donc éminemment appréciée quand on va beaucoup au restaurant et que l’on ne veut pas nécessairement passer des heures à se demander comment la cuisine a réussi tel ou tel plat. On peut admirer la cuisine du chef multi-étoilé Massimo Bottura et aimer un plat de pasta al natural ou un risotto de base.
En plus de ces aimables lectrices et lecteurs, mon ami Ronaldo, Italo-Longueuillois pour qui un restaurant ne peut être qu’italien, n’avait eu que de bons mots au sujet de ce Gousto. J’ai souvent une petite appréhension lorsque tout le monde me chante les louanges d’un établissement. Chez Gousto, la réalité correspond aux recommandations.
Décor comme si vous poussiez la porte d’une petite trattoria de Sant’Eusanio del Sangro ou de Popoli. Clientèle de bonne humeur, beaucoup d’habitués qui se saluent de table en table. Jovialité communicative. À notre table, les filles commandent immédiatement du vin et on doit retenir Diane, toujours prête à monter sur les tables pour une tarentelle.

Quelques acras de morue, craquants et parfumés, une belle salade « verde », comme dit le menu, et une assiette d’aubergine parmigiana à vouloir aller en cuisine déposer une bise sur le front du chef et lui demander sa recette.
Dévorées quasi instantanément, deux pizzas croustillantes, dont la Gousto, nappée d’une sauce tomate particulièrement savoureuse et habillée de quelques bouchées de cèpes, de pancetta et d’un mélange de gorgonzola et de mozzarella. Comme il se doit, un peu de roquette complète l’élan.
Ronaldo est resté très digne devant son plat de gnocchis, disparus eux aussi à une vitesse impressionnante. Seul un sourcil légèrement relevé au contact du premier gnocchi m’a permis de savoir qu’il estimait la boulette digne de félicitations chaleureuses. Ronaldo est aussi circonspect que Diane, sa jeune épouse exubérante.
Madame Sylvie a consciencieusement nettoyé son assiette de foie de veau avant même que j’aie eu le réflexe de la prier de m’en laisser une bouchée. Elle m’a parlé de la tendreté du beau morceau, de la sauce aux oignons légèrement caramélisés et m’a montré (de loin) les légumes racines en accompagnement, dont d’irrésistibles petits choux de Bruxelles et quelques morceaux de betteraves rouges et jaunes. « Cuisson parfaite, » a-t-elle conclu en fermant les yeux sur une dernière bouchée. J’ai supposé que je pourrais vous dire que ce devait être très bon…

Si vous aimez plus que de raison les pappardelles aux saucisses, je vous suggère de les commander dès votre arrivée, au cas où la tablée d’une douzaine d’affamés en fond de salle ait décidé d’en commander une fois assise. Mon assiette était le parfait exemple de ce qui fait de la cuisine italienne une chose dangereuse pour le tour de taille des messieurs, les dames ne prenant de poids que très rarement et seulement dans les lobes d’oreille. Des pâtes maison parfaitement al dente et, dans un fond de sauce tomate, de délicieux morceaux de saucisse italienne relevée avec délicatesse. Égal à-propos pour cette touche de ricotta et ces copeaux de grana padano déposés en chapiteau.
Au moment du départ, j’aurais voulu remercier le chef, Gianfranco Di Nisio, de cette belle soirée au cours de laquelle même mon amie Diane, une esthète de la casserole aux exigences culinaires inassouvissables, avait été comblée. Madame Silès, son épouse, qui gère de main de maîtresse la salle et s’assure que tout se passe pour le mieux, m’a dit que, sans doute épuisé par tous les efforts déployés pour satisfaire tout le monde avec ses exploits, il avait déjà quitté les lieux. Il faut dire qu’il était tard et que les Abruzzais sont connus pour se coucher tôt ; vous le remercierez de ma part.
Ouvert à midi, du lundi au vendredi, et en soirée, du mardi au samedi. Un souper pour deux personnes avec un verre de chianti a coûté 80 $ avant taxes et pourboire. Exception faite de trois ou quatre étiquettes qui font payer le fait d’être… des étiquettes, la carte permet d’accompagner les plats délicieux de vins qui le sont tout autant et qui n’alourdiront pas votre facture.
Légendes
★ Je regrette de devoir vous en parler★★ Pas mauvais, mais on n’est pas obligés de s’y précipiter
★★★ Bonne adresse
★★★★ Très bonne adresse
★★★★★ Adresse exceptionnelle pour la cuisine, le service et le décor
$ Le bonheur pour une vingtaine
$$ Une quarantaine par personne
$$$ Un billet rouge par personne
$$$$ Un billet brun par personne
$$$$$ Le bonheur n’a pas de prix