Chanhda, cuisine asiatique à Sainte-Foy

Il y a bien des courants d’air dans la salle à manger, où nombre d’affamés viennent chercher quelque chose à l’espace boutique ou quérir une commande pour emporter. Sous nos latitudes, un portique n’est pas un caprice. Il est bien possible toutefois que les propriétaires aient été pris de court par l’arrivée brutale d’une météo hivernale.
Photo: Francis Vachon Le Devoir Il y a bien des courants d’air dans la salle à manger, où nombre d’affamés viennent chercher quelque chose à l’espace boutique ou quérir une commande pour emporter. Sous nos latitudes, un portique n’est pas un caprice. Il est bien possible toutefois que les propriétaires aient été pris de court par l’arrivée brutale d’une météo hivernale.

Je fais partie de ces gens qui ont une aversion pour le mois de novembre. Que voulez-vous, c’est viscéral : le froid, le vent, la grisaille m’enrhument l’âme et m’incitent à opérer un repli stratégique vers ma tanière. Mon excursion resto mensuelle, offrant l’occasion de dîner en compagnie d’une amie dans un endroit sympathique, s’avère toutefois une bonne raison de pointer le nez hors de chez moi. La recherche de chaleur prévaut dans le choix du lieu : allons-y pour une cuisine aux accents de l’Asie du Sud-Est. Ce sera le Chanhda.

Chaud, froid, un peu de tout ça

 

L’effet physiologique des épices est tout ce qu’il y a de plus fascinant. Employés dans les pays où le mercure et l’humidité atteignent des sommets, ces piquants aromates font transpirer et procurent par là même une sensation de fraîcheur, tandis qu’ajoutés aux mets servis par temps froid, ils accélèrent le rythme cardiaque et font monter le rouge aux joues. Tout réside dans l’art de doser.

Photo: Francis Vachon Le Devoir C’est un festival de couleurs, de saveurs et d’épices qui fait monter le rouge aux joues dans les plats du Chanhda.

Pour commencer le repas, mon invitée a choisi les classiques rouleaux impériaux de porc, dont l’extérieur bien doré et croustillant recèle un fin hachis de viande et de légumes. Ma petite soupe thaïe remplit sa promesse et me fait grand bien : le curry rouge, délayé dans le bouillon de poulet maison et le lait de coco, le tout acidulé d’une touche de lime Kaffir, diffuse sa bienfaisante chaleur dans tout mon organisme.

Heureusement, d’ailleurs, car il y a bien des courants d’air dans la salle à manger, où nombre d’affamés viennent chercher quelque chose à l’espace boutique ou quérir une commande pour emporter. Il fait froid et je regrette l’absence d’une double porte ou autre dispositif de même acabit. Je me drape dans mon écharpe.

Sous nos latitudes, un portique n’est pas un caprice : convenons qu’il est bien désagréable de sentir une brise glacée s’enrouler à nos chevilles et nous caresser l’échine pendant un repas au restaurant… Mais il est bien possible que les propriétaires, comme tout le Québec d’ailleurs, aient été pris de court par l’arrivée brutale d’une météo hivernale. Au moment d’écrire ces lignes, je formule simplement le souhait qu’on ait remédié à la situation, pour le bien-être de la clientèle et des employés.

Ma tempête contre ta mousson

 

Je n’ai encore jamais visité un pays d’Asie du Sud-Est, mais on m’a fréquemment parlé de l’intense chaleur qui y règne, des pluies subites et torrentielles, ainsi que des cuisines locales combinant les arômes, tantôt subtils, tantôt explosifs, de manière surprenante. Au bout de la fourchette — ou des baguettes — est convié tout un monde.

Photo: Francis Vachon Le Devoir

J’ai aimé mon entrée. Les mêmes notes d’agrume (merci d’exister, lime Kaffir) et d’épices se retrouvent dans mon curry panang, ici en version poulet et vermicelles. Parsemé d’arachides rôties, toutefois laissées un brin trop longtemps sous le gril, et surmonté d’un œuf renversé, le plat s’avère riche en saveurs et en textures. En couleurs, aussi : le mélange de céleri, poivrons rouges, oignons, pousses de bambou et autres légumes s’avère un puissant antidote à la grisaille novembrale.

Même festival de couleurs et de saveurs chez Sophie, qui a choisi une assiette wok aux noix de cajou, parfumée d’un mélange de deux currys thaïs adoucis par le lait de coco. Loin d’être chiche en crevettes et en morceaux de poulet, le plat déborde de végétaux colorés et cuits à point, servis sur un nid de vermicelles. Pas trop épicé, précisons-le, afin de respecter la délicatesse digestive de ma comparse.

Friandises nipponnes

 

Le menu du Chanhda ne comporte pas de dessert, mais les clients n’hésitent pas à aller piger un petit quelque chose dans l’espace boutique, où s’alignent de colorés paquets de biscuits et de friandises importées. J’y capture des bâtonnets Poky au thé vert et aux amandes, ainsi que des Kit Kat japonaises aux saveurs funky, l’une au chocolat au lait et aux framboises, l’autre au chocolat blanc, au rhum et aux canneberges.

Photo: Francis Vachon Le Devoir

J’ai constaté au fil des ans que le tapioca fait partie de ces aliments polarisants : certains le détestent, d’autres l’adorent. Faisant sans honte partie du second camp, je suis ravie de repérer les bols remplis de petites billes translucides. Et hop, le pouding vient grossir un butin que mon amie et moi partageons gaiement, terminant le repas sur une note fraîche… avant de retrouver l’inhabituelle froidure de novembre.
 

Les plus : Saveurs et couleurs, juste ce qu’il faut de dépaysement, à prix amical. Mets aussi offerts pour emporter.

Les moins : Salle à manger exposée aux courants d’air : un portique ou une double porte sera indispensable.

Coût d’un repas pour deux, nourriture seulement, avant taxes et service : 61 $.

Coût total pour deux, incluant taxes et service : 83 $.

Actualités gastronomiques de la région de Québec

Ouverte en 1999 dans la rue Saint-Joseph, en plein coeur du quartier Saint-Roch, la toute première Boîte à Pain a prospéré, a grandi et s’est multipliée : deux décennies plus tard, 120 employés utilisent 800 kilos de farine et 400 kilos de beurre par semaine pour produire une quarantaine de variétés de pains, des croissants et des viennoiseries. Un dessert spécial a été conçu pour célébrer ce 20e anniversaire : inspirée de la Belgique natale du propriétaire, Patrick Nisot, mais avec une touche québécoise, la tarte au riz à saveur d’érable et de pommes sera offerte à la clientèle jusqu’au 15 décembre.

Un autre bel événement à souligner cet automne est le 25e anniversaire du restaurant Les Frères Toc, situé au nord de Charlesbourg , près de Lac-Beauport. Le chef Martial Abraham, qui est à la tête des cuisines depuis plus de deux décennies, est reconnu pour ses techniques impeccables et la fraîcheur des plats concoctés par sa brigade. Vingt-cinq ans plus tard, l’établissement continue de miser sur une table honnête et une ambiance conviviale.

Signalons la parution aux Éditions Ulysse d’un très bel ouvrage, Routes des vins dans le monde. 50 itinéraires de rêve, par la sommelière québécoise Natalie Richard. Ayant parcouru la planète à la découverte des plus beaux vignobles, celle qui est aussi animatrice et chroniqueuse gastronomique a voulu proposer des circuits inédits articulés autour de la dégustation de vins, fournissant aussi pour chaque région visitée une fiche technique listant les principaux cépages et les vignobles à découvrir. Dans cet ouvrage de plus de 200 pages illustrées, on trouvera 29 circuits européens, 9 des Amériques, 7 d’Afrique et d’Océanie, et 5 du Moyen-Orient et d’Asie. Beau, utile et gourmand.


Légendes

★ Je regrette de devoir vous en parler
★★ Pas mauvais, mais on n’est pas obligés de s’y précipiter
★★★ Bonne adresse
★★★★ Très bonne adresse
★★★★★ Adresse exceptionnelle pour la cuisine, le service et le décor

$ Le bonheur pour une vingtaine
$$ Une quarantaine par personne
$$$ Un billet rouge par personne
$$$$ Un billet brun par personne
$$$$$ Le bonheur n’a pas de prix

Chanhda

★★★

2900, chemin Saint-Louis, Québec ☎ 581 981-2430



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