Les joies de la pizza chez Jaja

Québec – Plus tôt cet automne, j’avais vu passer un communiqué annonçant l’ouverture d’un nouveau restaurant du Groupe Restos Plaisirs. Le concept ? « Pizzas et vins sympas ». Et un procédé de service du vin unique dans la région de Québec. Ma curiosité était piquée. Par un lundi soir bien tranquille, désireux de déjouer la grisaille de novembre, mon invité et moi franchissons donc la porte de Jaja La P!zz. « C’est votre première visite ? », interroge la pimpante serveuse. « Croyez-moi, ce ne sera pas la dernière ! »
Dès l’instant où nous prenons place, je suis frappée par l’atmosphère joyeuse et insouciante que le motif de la mobylette, omniprésent, contribue à bien camper. On pourrait tout aussi bien se trouver dans un jeune bistro parisien que dans une pizzeria donnant sur une trattoria romaine.
La musique enjouée, le décor coloré, les nappes de papier et les tableaux noirs arborant des dictions choisis — « Manger est un besoin de l’estomac, boire est un besoin de l’âme » — donnent le ton. Si Jaja La P!zz a sa personnalité propre, sa parenté avec les restos Cochon Dingue est évidente. Et ça sent drôlement bon. Voyons le menu.
Un sens de l’ensemble
J’ai un faible pour la pizza. Faussement désinvolte, ce mets requiert un sens de « l’ensemble » bien développé puisque le cuisinier doit user savamment de la synergie des ingrédients. C’est la spécialité de Jaja LaP!zz, qui en propose une vingtaine de déclinaisons dans un format unique de 10 pouces.
Mais avant de fixer notre choix, nous soupesons longuement les choix d’entrées. Puisque le repas principal promet d’être copieux, j’opte pour une verrine aux crevettes nordiques tandis que mon compagnon choisit une entrée au nom rigolo : les boules du chef.
Le moment est propice pour interroger la serveuse sur les vins et, surtout, sur le procédé Versay que Jaja est le seul à offrir à Québec. Ce procédé, réservé aux meilleurs crus, repose sur le principe du fût : une barrique de vin est mise en perce, puis, chaque fois qu’on soutire du vin, un gaz (l’argon) vient combler le vide, évitant l’oxydation et assurant une conservation optimale.
Un système de refroidissement intégré permet de maintenir chacun des vins à la température de service idéale. Outre les trois millésimés (deux rouges et un blanc) disponibles en formule Versay, une dizaine de vins en bouteille peuvent être commandés au verre. Pour accompagner mon entrée aux accents maritimes, je choisis un chardonnay Lulu B et mon ami, un syrah Jaja de Jo, le vin spécial de la maison.
La «Tout cochon»
Justement, voici nos entrées. Ma verrine recèle un assemblage délicat, pas trop citronné, où le croquant du poivron offre une belle contrepartie aux tendres crevettes de Matane. Le coquin minipain qui l’accompagne, un « échantillon » de pâte à pizza gros comme une noix, me fait sourire. Quant à la boule du chef, sachez qu’il s’agit d’une surprenante pochette de pâte légèrement dorée, farcie d’un mélange de fromage maison et servie sur roquette. Si le tout apparaît un peu rustique à l’oeil, il semble que le goût l’emporte puisque l’heureux convive en face de moi n’en laisse pas une miette !
La Tout cochon de la section « Pizz d’inspiration québécoise » avait attiré l’attention de mon compagnon. La voici devant lui, cette spécialité de Jaja combinant tomate, effiloché de porc BBQ, saucisse de porc chipolata et bacon fumé au bois de pommier et sel de mer. Verdict : si la bien nommée a tout ce qu’il faut pour ravir les amateurs de cochonnailles, le dosage des ingrédients laisse pourtant chaque saveur s’exprimer.
Pour ma part, une option de la section « Pizz d’inspiration française » ayant remporté mon veto, c’est la Coin Coin du Lac Brome qui atterrit devant moi. Vous l’aurez deviné, cette pizza met en vedette le canard. Sur la croûte cuite à point s’étale l’effiloché de confit de canard, superbement rehaussé par la garniture d’oignons et de pommes caramélisés à l’orange. Les pizzas sont garnies du mélange de fromage maison, soit mozzarella, parmesan et suisse, tous produits au Québec.
Je m’exclame tout haut et continuerai à le faire presque à chaque bouchée ! C’est si bon que je n’envisage même pas d’y ajouter l’une des trois huiles d’olive épicées au basilic. Petit détail que j’apprécie, la serveuse nous apporte des couteaux Laguiole pour taillader dignement nos succulentes ellipses de pâte.
Afin d’arroser le tout, et puisque Jaja s’en fait une gloire, il semble de mise d’essayer les deux rouges disponibles en procédé Versay. La fraîcheur et les nuances subtiles du vin explosent en bouche. Or, nous nous rendons rapidement compte que le vin choisi par l’un accompagne singulièrement mieux le plat de l’autre : ainsi, le Gotham Project 2009 sied vraiment au canard, tandis que le porc fumé est mieux soutenu par le Bob et Robert 2010. On le saura !
Quand ça fait Pop!
Si délicieuse soit-elle, ma pizza m’a comblée au-delà de mes capacités. Je n’envisage donc pas de passer au dessert, quand la serveuse revient avec une curieuse palette où s’aligne ce qui ressemble à des suçons tout ronds. Ce sont les Cake-Pop, une spécialité de la maison, de petites boules de gâteau mi-cuit présentées sur bâton et enrobées d’une fine couche de chocolat solide. Il y a ceux aux carottes, ceux au chocolat au lait et à la vanille et ceux au chocolat noir. La portion — trois bouchées —est parfaite pour conclure un roboratif repas sans exagérer.
Tandis que la surface chocolatée cède sous la dent en révélant le coeur moelleux, nous interrogeons la serveuse afin d’élucider la question qui nous a taraudés toute la soirée : pourquoi « Jaja » ? Nous apprenons alors qu’il s’agit d’un mot d’argot français signifiant « vin de plaisir ». Assurément, le plaisir aura été au rendez-vous pendant les deux heures passées dans ce sympathique restaurant !
Plus: un art certain de la pizza et le service ultra-agréable.
Moins: l’éclairage un peu cru, plus approprié à l’ambiance du midi qu’à celle de la soirée.
Notre repas, incluant les taxes: 83 $.
Collaboratrice