Le jeu du Mahjong culinaire

Le Mahjong de Montréal est un joli restaurant chinois bien décoré d’un mélange de modernisme et de belles pièces chinoises.
Photo: Annik MH de Carufel - Le Devoir Le Mahjong de Montréal est un joli restaurant chinois bien décoré d’un mélange de modernisme et de belles pièces chinoises.

Oui, je dois l'admettre, cela fait bien longtemps que je ne suis plus adepte des restaurants d'hôtel, qui ont déçu au fil des années. On y pratique en général une cuisine commerciale et aseptisée qui présente bien peu d'intérêt pour les gastronomes. À part quelques exceptions, la nourriture y devient plus un souci et un service qu'une véritable volonté, au demeurant peu rentable.

Le boulevard Décarie a eu, lors des courses hippiques, ses heures de gloire avec certains établissements, dont fait partie le Ruby Foo's. Si le restaurant Le Mahjong n'a rien à voir avec l'hôtel au niveau de la gestion, il offre néanmoins pour celui-ci des services de banquet et de restauration avec le D Lux, l'autre restaurant de la famille Mah.

Le Mahjong est un joli restaurant chinois bien décoré d'un mélange de modernisme et de belles pièces et statues chinoises qui ornent l'entrée. Les tables de bois brut, dressées avec goût, transgressent la coutume souvent banale des restaurants chinois. On sent là un raffinement et une qualité de restauration que l'on retrouve plus souvent dans le centre-ville de Montréal.

Un menu-découverte

Lorsque la carte est trop longue et trop complexe, il est difficile de choisir. Le Mahjong propose, en plus de la carte, un menu-découverte qui offre aux convives un choix des plus intéressants. On mentionne aussi, avec des pictogrammes, la force des plats qui vont en harmonie entre des plats cantonais et des plats de cuisine séchuanaise plus épicés.

Rares sont les endroits qui offrent une bonne qualité de dim sums. Cuits à la vapeur, frits, ils sont souvent confectionnés à partir de feuilles de riz, enveloppés de feuilles de bananier ou de lotus, ou encore de pâte constituée de farine de riz.

On trouve ici un choix de dim sums servis dans un tamis de bambou et accompagnés de différentes sauces salées-sucrées. Les dim sums sont chauds, fins au niveau des farces qui s'accordent merveilleusement entre crevettes, légumes et porc.

En plat principal, une découverte extraordinaire: du homard à la cantonaise, en morceaux, servi avec une sauce aux haricots noirs, échalotes et gingembre. Une harmonie de goût et de tendreté qui traduit la valeur du cuisinier. Le boeuf au poivre et épinards croustillants est un classique de l'endroit. Ce sont de fines tranches de boeuf sautées et accompagnées d'une sauce au poivre noir bien dosée. La viande est tendre et s'accommode de feuilles d'épinard frites et saupoudrées de sucre à glacer.

Le riz n'est pas banal non plus. Cuit dans un premier temps à la vapeur, il est ensuite sauté au wok avec des anchois et des légumes. Il joue son rôle de remplacement du pain et permet d'éponger la sauce sans restriction.

Peu de restaurants asiatiques investissent dans une cave à vins, et moins encore dans des choix intéressants. On a compris, au Mahjong, l'évolution de la clientèle dans ce sens en proposant non seulement un bon choix, mais aussi des vins d'importation privée, comme ce rouge mousseux unique, en provenance de l'Australie, qui se sert frais à l'apéritif: vraiment intéressant.

Ce restaurant concentre l'énergie culinaire sur les plats, davantage que sur les desserts. Comme de coutume en Chine, on propose plutôt des fruits pour terminer le repas avec, en prime, un vrai thé noir en feuilles.

Une note pour le service de qualité où on se force, comme le fait Rose, immigrée chinoise, à parler en français.

- Prix payé pour un repas pour deux, le soir, avec une bouteille de vin, avant service mais après taxes: 132 $.

- Plus: l'excellence de la cuisine fine et raffinée, les serviettes brodées vendues pour emporter à 4,95 $ chacune.

- Moins: une salle trop climatisée le soir.

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Collaborateur du Devoir

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