Quand la nature se fait extravagante

Cette année, le Jardin botanique de Montréal innove avec une nouvelle exposition étonnante : Les plantes étranges de Madame Z. Passionnée des plantes étranges, cette femme originale en fait pousser des centaines dans sa serre-laboratoire.
Pendant son absence momentanée, les visiteurs sont invités à s’y faufiler afin de découvrir leurs formes, leurs motifs et leurs fascinants mécanismes d’adaptation.
Près de 200 espèces différentes de plantes — petites, grandes, velues, aériennes ou grasses — cohabitent dans la serre-laboratoire d’influence steampunk de Madame Z.
Imaginez des machines à vapeur en laiton du début de la révolution industrielle qu’on aurait transformées en arbre mécanique avec des cordages et des loupes géantes dans une végétation luxuriante, et vous y êtes !
Mais revenons aux plantes ! Pourquoi certaines sont-elles dites étranges ? De façon générale, c’est qu’elles ont développé des adaptations singulières, parfois toutes simples, parfois époustouflantes, afin de survivre dans leur environnement. Les adaptations jouent différentes fonctions selon les plantes.
Cinq groupes de plantes
Il y en a pour la protection (les épines), pour la reproduction (la forme des fleurs), l’adaptation à la lumière (la grosseur des feuilles) et à la disponibilité en eau (les feuilles succulentes) ou en nutriments (les pseudobulbes).
Toutefois, certaines étrangetés botaniques semblent être simplement de jolies fantaisies de la nature. Pour mieux comprendre ce phénomène, cinq groupes de plantes étranges sont présentés dans la serre : les géantes adaptées aux milieux chauds et humides ; les succulentes adaptées aux milieux arides ; les carnivores adaptées aux milieux pauvres en nutriments ; les animales aux motifs évoquant des animaux connus ; et les énigmatiques aux formes étranges, quelques fois même extravagantes.
Dans l’ombre de Madame Z
Il aura fallu plus d’un an à l’horticultrice Josée Massé pour produire l’ensemble des plantes de la serre-laboratoire de Madame Z. Néanmoins, le délai était court, car elle se demandait où trouver les plantes étranges, comment les reproduire, comment les cultiver et ce qui serait réalisable pour 2020. « Nous avons travaillé fort pour trouver les végétaux », explique-t-elle au Devoir.
« Certaines plantes proviennent des collections du Jardin botanique, poursuit Mme Massé, mais nous nous sommes procuré la majorité des végétaux sous forme de plants ou de semences aux États-Unis et au Canada.
Nous avons même acheté une espèce insectivore au Sri Lanka. Pour les cultiver, en plus d’avoir à recréer plusieurs climats en serre, il a fallu comprendre leurs besoins en fertilisation, en lumière, en sol. »

La conception de la serre-laboratoire ne s’est pas faite sans difficulté. « Souvent, il n’y avait rien d’écrit sur l’Internet, se souvient-elle. Pour les insectivores [qui vivent dans des milieux pauvres en nutriments], nous avons même installé un système d’osmose inverse afin d’éliminer les minéraux dans l’eau d’arrosage »
Même si elle est une horticultrice aguerrie, Josée Massé confie que trois plantes l’ont particulièrement étonnée : « L’agave undulata, pour son magnifique feuillage ; l’heliamphora, une insectivore, pour ses grosses fleurs ; et l’anigozanthos, ou pattes de kangourou, pour ses fleurs originales. »

Tant pour son décor, qui nous transporte dans un monde imaginaire, que pour ses végétaux, Les plantes étranges de Madame Z s’avère une exposition réussie. Il aurait fallu toutefois plus de plantes méconnues et étranges pour satisfaire les aficionados.
Le peu de temps pour la production des plantes a de toute évidence eu une incidence sur ce point. À voir, en famille ou en solo, pour le plaisir de découvrir le monde fabuleux des végétaux.
L’exposition en un coup d’oeil
Défis amusants pour toute la famille à relever dans la serre-laboratoire;
Trois pôles de jeu interactif ;
Un atelier sur les plantes carnivores ;
Une zone d’invention ;
Une minizone pour les 4 à 6 ans.
Les serres sont fermées les lundis, sauf à la relâche scolaire et le lundi de Pâques. L’exposition se termine le 26 avril ; les billets sont à heure fixe.
Au jardin
Avec les jours qui s’allongent et le soleil plus ardent, les plantes ont recommencé à pousser.
Voilà le signe qu’il est temps de reprendre la fertilisation. Choisissez un engrais à faible teneur en phosphore et fertilisez à petites doses une fois par semaine.
C’est également la saison appropriée pour propager vos plantes et le rempotage. Pas le temps de rempoter ?
Le surfaçage, consistant à enlever la première couche de sol et à la remplacer par une nouvelle, est une bonne solution de rechange.
Toutes les plantes belles en hiver
Nos jardins étant ensevelis sous la neige pendant des mois, nous ne pensons pas aux plantes décoratives en hiver. Pourtant, en sélectionnant judicieusement des végétaux aux fruits automnaux persistants, aux écorces remarquables ou aux feuillages non caducs, nous pouvons égayer notre jardin durant la blanche saison. Cet excellent livre sur le sujet saura vous inspirer. Toutefois, comme il est français, notez que plusieurs des plantes proposées ne supportent pas les rigueurs de notre climat.
James Garnett et Didier Willery, Ulmer, Paris, 2019, 320 pages