Le b.a-ba d'un aménagement paysager

L’arrière de la maison peut être subdivisé en différentes zones et on s’y permet plus de folie.
Photo: Guillaume Vincent L’arrière de la maison peut être subdivisé en différentes zones et on s’y permet plus de folie.

L'aménagement paysager est un art, l'art de composer un tableau avec des végétaux qui évoluent et se transforment. Il n'est pas donné à tout le monde d'être un artiste et de réaliser avec succès un aménagement. Voici donc quelques principes de base recueillis auprès de Martin Desgagné, architecte du paysage et professeur à l'École des métiers de l'horticulture de Montréal.

Planification

Pour faciliter la réflexion, on fait faire ou on réalise soi-même un plan ou un croquis, permettant d'avoir une vue d'ensemble et d'éviter de développer à la pièce. Pour l'avant, on choisit des plantes de valeur sûre et on privilégie l'harmonie avec l'architecture de la maison, tout en s'assurant d'avoir un bel effet d'avril à novembre. À l'arrière, si le terrain est assez grand, on le subdivise en différentes zones: détente, terrasse, potager, etc. Et puis, on s'y permet plus de folie: on plante là nos coups de coeur et on réserve un espace pour les essais.

La cour latérale sert de lien pour faire un rappel des couleurs et des végétaux de l'avant et de l'arrière. On intègre à l'aménagement les vues empruntées telles que le bel arbre du voisin: c'est gratuit! Enfin, il faut considérer le temps dont on dispose pour l'entretien du terrain.

Création d'une plate-bande


D'abord, le choix des couleurs doit s'harmoniser avec celles de la maison et des matières inertes. Et, à moins de bien maîtriser les agencements, on s'en tient à deux couleurs dominantes et à une «d'accent» (spectaculaire), sinon on risque la discordance. Une trop grande diversité de plantes cause aussi le même phénomène.

Nous devons maintenir l'équilibre entre la diversité et l'uniformité; en fait, on veut suffisamment de diversité en conservant l'unité. De plus, en multipliant le nombre d'espèces, on augmente la complexité et le temps d'entretien. Aussi, il est important d'intégrer des plantes moins spectaculaires, des valeurs sûres, passe-partout, qui mettent en valeur nos plantes d'accent. On s'en sert également pour faire des rappels.

Quant aux plantes de bordures, elles soulignent les formes de la plate-bande et créent une continuité. Assurons-nous également d'une diversité dans la grosseur de nos massifs et de nos plantes et de l'installation de plantes d'accent.

Les feuillages sont souvent oubliés dans la composition d'un aménagement. Pourtant, ils sont présents bien plus longtemps que les fleurs. On les agence en fonction de leur texture et de leur forme pour obtenir des contrastes intéressants. Et, pour les effets de perspective, soulignons que les gros feuillages et ceux de couleur lumineuse réduisent l'espace, tandis que les feuillages fins donnent un effet de profondeur. Donc, pour ne pas annuler les courbes convexes et concaves de nos plates-bandes, il faut tenir compte de cette dernière caractéristique.

Enfin, la création d'une plate-bande se compare à l'écriture d'une phrase: elle commence par une majuscule et se termine par un point. Elle a donc un début et une fin, avec des accents ici et là.

Arbres et arbustes


Les arbres apportent de la force, de l'équilibre et de la structure à l'aménagement. De plus, ils créent de la fraîcheur, diminuent la pollution et le bruit. D'abord, on évalue leur état de santé et on élimine les arbres malades et peu vigoureux. On abat ceux qui ont été plantés aux mauvais endroits, et ceux qui font trop d'ombre peuvent être élagués pour permettre à la lumière de pénétrer. Enfin, on choisit judicieusement les arbres qui seront plantés.

Quant aux arbustes, parfois négligés, ils donnent de la structure et de la permanence. Ils ajoutent de la hauteur, offrent des feuillages persistants, des ramures décoratives, des floraisons saisonnières et des baies décoratives.

Vivaces et annuelles

Depuis une trentaine d'années, les vivaces occupent une place centrale dans les jardins. Une panoplie de ces plantes sont disponibles et des nouveautés arrivent en grand nombre chaque année. On se laisse emballer facilement, on veut tout. Donc, attention aux coups de foudre! Il vaut mieux faire des achats réfléchis... Est-ce qu'elle s'intègre? Est-ce que j'ai de la place? Est-ce que j'ai les conditions culturales nécessaires? Et, lorsqu'on achète, on en prend au moins trois pour réaliser un massif ou faire des rappels. Finalement, il n'est pas nécessaire d'accepter tous les cadeaux des voisins, des amis et de la famille, car on risque de finir avec une pizza.

En ce qui a trait aux annuelles, les mal-aimées des dernières années, elles ont pourtant plusieurs avantages. Atteignant leur maturité rapidement, elles ont une floraison continue qui donne ainsi une touche d'éclat en permanence au jardin. On peut en faire des compositions exotiques et on invente chaque année!

Patience

Bref, on utilise le maximum de valeurs sûres et on fait le minimum d'essais. Chaque terrain est un laboratoire et, attention, les nouveautés sur le marché n'ont pas toutes fait leurs preuves. De plus, pour diminuer le travail, on peut choisir des plantes sans entretien, résistantes aux maladies et aux insectes ravageurs. La patience est de mise, car un aménagement atteint son plein épanouissement au bout de trois ans.

Il est important de sélectionner une bonne jardinerie, de demander des conseils et d'éviter les périodes d'achalandage. La consultation d'un spécialiste permet de régler certains problèmes en peu de temps. Les frais horaires pour les services d'un professionnel aguerri varient en général entre 75 $ et 150 $.

Un jardin est en constante évolution au gré des saisons et des années. Ainsi, au fil du temps, on le peaufine et on le façonne.

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Des questions sur votre jardin, des interrogations horticoles? N'hésitez pas à me contacter à lgobeille@ledevoir.com.

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Conseils au jardinier

On prend le temps d'admirer les balconnières, les paniers et les plates-bandes d'annuelles qui sont à leur apogée.

Il commence à faire froid pour les plantes tropicales, il faut penser à les rentrer. On les inspecte et les traite au besoin pour ne pas introduire d'insectes dans la maison.

On fait l'achat de chrysanthèmes en les choisissant en boutons: ainsi, on en profite bien plus longtemps. Elles décoreront le balcon tard dans la saison, quand il n'y aura plus rien en fleur.

Jusqu'à la mi-septembre, c'est un bon moment pour réensemencer les zones endommagées de la pelouse.

On fait sécher les fines herbes. Les espèces à petites feuilles se prêtent bien au séchage en bouquets suspendus. On les place dans un endroit chaud, aéré et sombre. Les plantes à feuilles plus larges, telles que le basilic, la livèche et le persil, prennent plus de temps à sécher. Il est préférable de le faire au four traditionnel, au degré minimum, sur une tôle à biscuits couverte d'une étamine. Aussitôt qu'elles paraissent sèches, il faut les retirer pour éviter que la chaleur ne fasse évaporer les essences.

Livre

Mon jardin zen

Pierre Nessman
Éditions de La Martinière, 2011, 126 pages, 26,95 $

Voilà un guide pour réaliser un jardin, une cour urbaine ou une terrasse inspirés des valeurs du zen. On aborde le traitement des surfaces horizontales et verticales ainsi que la décoration. On propose des plantes d'esprit zen, mais, attention, elles ne sont pas toutes rustiques au Québec.

Pétition

Le Groupe de travail en agriculture urbaine (GTAU) est convaincu que Montréal doit se pencher sur le dossier de l'agriculture urbaine. Le groupe invite dont le public à signer sa pétition papier, d'ici le 8 novembre, dans l'espoir d'obtenir les 15 000 signatures nécessaires pour la tenue d'une consultation publique. Pour les points de signature: www.agriculturemontreal.info, www.facebook.com/agricultureurbainemtl.

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