Un nouveau souffle à Montréal-Nord

Ce texte fait partie du cahier spécial Habitation
Le maire Gilles Deguire travaille d’arrache-pied pour transformer en profondeur son arrondissement.
S’il n’en tient qu’à Gilles Deguire, le nom de Montréal-Nord rimera un jour avec « milieu de vie » et « beau quartier » plutôt qu’avec « gangs de rue » et « violence ». « Nous faisons tout pour changer cette perception négative et injuste — des incidents, il en arrive partout en ville, pas juste chez nous — qui nous colle à la peau et marque notre communauté », déclare le maire dont l’arrondissement souffle ses 100 bougies cette année.
Depuis quelques années, Gilles Deguire et son équipe ont entrepris une vaste modernisation des infrastructures de Montréal-Nord : transformation maintenant achevée du carrefour Henri-Bourassa–Pie-IX en une entrée de ville distinctive à configuration humaine ; requalification urbaine du boulevard Pie-IX qui s’étirera sur les 8 à 10 prochaines années pour en faire un « petit DIX30 » ; renouvellement du transport collectif avec l’arrivée récente du Train de l’Est et celle à venir du Service rapide par bus qui reliera l’arrondissement au métro Pie-IX en 25 minutes ; investissement de plus de 3,2 millions dans l’amélioration des parcs ; construction d’un futur complexe sportif et d’une bibliothèque interarrondissement à la frontière d’Ahunstic-Cartierville.
« Je veux donner des services de proximité de qualité afin que les gens soient heureux et fiers d’habiter ici », dit M. Deguire.
Le maire affirme avoir également mis « beaucoup d’amour » dans les installations du secteur nord-est de l’arrondissement. Par exemple, au coin de la rue Pascal et du boulevard Rolland, là où ce sont produites les émeutes de 2008 à la suite de la mort de Fredy Villanueva, se dresse aujourd’hui la place de l’Harmonie, une place citoyenne avec arbres, vivaces et mobilier urbain.
Mais rien n’incarne mieux la revitalisation nord-montréalaise que la Vélocité des lieux, cette grande roue de 19 mètres de haut créée par le trio BGL et érigée à l’angle des boulevards Henri-Bourassa et Pie-IX. L’immense sculpture a nécessité un investissement de 1,1 million, la somme la plus importante jamais octroyée par la Ville pour la conception d’une oeuvre d’art public. Ce qui n’a pas manqué de susciter des critiques. Peu importe, le maire Deguire adore « sa grande roue » ! « Elle nous a été proposée par le Bureau d’art public de Montréal, rappelle-t-il. Si nous ne l’avions pas acceptée, elle serait aujourd’hui dans un autre arrondissement. C’est vrai que l’art suscite la discussion, voire la discorde, mais cette roue nous donne de la prestance. C’est une démonstration du dynamisme de Montréal-Nord. »
Des trésors nord-montréalais
Petit territoire d’à peine 11 kilomètres carrés, Montréal-Nord a beaucoup à offrir à qui prend la peine de le découvrir. « C’est la banlieue en ville, un quartier parfait pour les jeunes familles », résume Gilles Deguire. Surtout pour celles qui désirent accéder à la propriété, car les prix y demeurent les plus abordables de l’île.
Le multiculturalisme fait partie de l’ADN de Montréal-Nord. Un habitant sur trois est né à l’extérieur du pays. Les vagues successives d’immigration ont d’abord amené les Italiens, puis les Haïtiens et, depuis les années 1990, les Maghrébins. « Si nous travaillons aussi fort à améliorer nos parcs et nos places publiques, c’est aussi pour favoriser le vivre-ensemble, la socialisation et le partage entre ces diverses communautés », explique Gilles Deguire.
L’arrondissement jouit de sa position géographique, lui qui est bordé par la rivière des Prairies. « Le parc linéaire le long de la rivière est un lieu extraordinaire à découvrir avec son sentier pédestre, sa piste cyclable l’été et sa piste de ski de fond l’hiver », observe Gilles Deguire, lui-même un grand cycliste. Chaque été, une dizaine de concerts en plein air sont présentés dans des parcs qui longent la rivière. « Des moments magiques », commente le maire.
M. Deguire avoue avoir un penchant pour deux institutions de l’arrondissement : la Maison Brignon-dit-Lapierre et la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord. La première est une maison patrimoniale devenue un lieu de diffusion culturelle. « On peut assister à des soirées de raconteux comme à des spectacles de musique dans un cadre intimiste », signale-t-il. Quant à la seconde, « c’est une installation unique à Montréal », selon le maire. « C’est non seulement une maison de culture comme on en trouve ailleurs dans la ville, mais également un espace citoyen de vie communautaire — tout ça dans le même édifice ! »
Donner une chance aux jeunes
Avant d’accéder à la mairie, Gilles Deguire a partagé pendant près de quatre décennies le quotidien des Nord-Montréalais à titre de membre des conseils d’administration des organismes communautaires Loisirs Ste-Colette et Entre-parents, de dirigeant du hockey mineur, de policier sociocommunautaire et d’attaché politique de la députée de Bourassa-Sauvé.
Il sait fort bien qu’une large part de sa population ne l’a pas facile. L’arrondissement se trouve dans la circonscription fédérale de Bourassa, la plus pauvre au pays avec un revenu annuel moyen de 26 000 $ par personne. « Ce qui veut dire qu’il y en a beaucoup qui sont en bas de ça », fait remarquer M. Deguire.
Récemment, deux jeunes de 17 et 19 ans se sont présentés au conseil d’arrondissement. « Monsieur le maire, on a besoin de vous », ont-ils dit à Gilles Deguire, une requête qui l’a profondément touché. « Qu’est-ce qu’on fait pour nos enfants ? s’interroge-t-il. Oui, il faut améliorer nos infrastructures, mais l’avenir de l’arrondissement ne se bâtira pas sans nos jeunes. On ne peut pas se permettre de les perdre. » C’est pourquoi le maire aimerait faire de Montréal-Nord un « arrondissement laboratoire » où différents acteurs joindront leurs efforts pour soutenir ces jeunes.
« Vous savez, je l’aime beaucoup, ma grande roue, mais mon ultime coup de coeur va à la jeunesse nord-montréalaise, à son courage et à sa détermination », ajoute Gilles Deguire.
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