Conjuguer modernité et patrimoine

Émilie Corriveau Collaboration spéciale
Photo: Yul

Ce texte fait partie du cahier spécial Habitation

Logé au sud du boulevard René-Lévesque Ouest, entre les rues Lucien-L’Allier et Mackay, l’îlot Overdale a longtemps été considéré comme l’un des terrains les plus sous-exploités au centre-ville de Montréal. L’endroit perdra bientôt son sombre statut : d’ici quelques mois, la construction de deux tours d’habitation de 38 étages et de 17 maisons urbaines métamorphosera complètement les lieux. Également, la restauration de la maison Louis-Hippolyte-Lafontaine, qui s’y trouve depuis les années 1830, contribuera à la revitalisation du secteur.

C’est la firme montréalaise Menkes Shooner Dagenais Létourneux Architectes (MSDL) qui a été mandatée pour réaliser cet ambitieux projet. Le défi était de taille : l’îlot Overdale étant bordé au sud par de petites maisons et au nord par de grands immeubles, il fallait trouver un moyen de développer le site sans que le tout ne jure avec ces deux environnements distincts.

De plus, comme le terrain abrite la maison Louis-Hippolyte-Lafontaine, laquelle est considérée comme un bâtiment patrimonial par la Ville de Montréal, le cabinet devait parvenir à concevoir un projet qui intégrerait bien la demeure.

« D’autant plus que le promoteur nous avait laissé savoir qu’il était sensible aux questions de conservation du patrimoine bâti, signale l’architecte Anik Shooner. Il faut savoir que la maison Lafontaine a été construite par un brasseur et qu’elle a été rachetée quelques années plus tard par Louis-Hippolyte Lafontaine, qui a été premier ministre. Il n’a même pas eu le temps de l’habiter que celle-ci s’est fait attaquer. C’était une tentative d’assassinat. La maison n’a pas une grande valeur architecturale, c’est plutôt au plan patrimonial qu’elle est importante, puisqu’elle témoigne de ces événements-là. »

Après avoir effectué de nombreuses recherches et bien réfléchi à la chose, la firme en est venue à proposer l’érection de deux tours de 38 étages donnant sur René-Lévesque et l’aménagement de quelques maisons en rangée de trois étages pour assurer une transition vers l’avenue Overdale et respecter le tissu urbain des lieux.

« On a aussi pensé à créer, à la base des deux tours, des podiums qui refléteront l’échelle des maisons situées avenue Overdale, indique l’architecte. Au plan visuel, ça permettra un passage plus en douceur vers les tours. »

L’architecture de YUL sera particulièrement audacieuse et différente de ce qui se fait généralement à Montréal. « Le bâtiment principal a été conçu comme des blocs qui glissent latéralement les uns sur les autres. Ça créera donc un effet volumétrique très intéressant ; ça donnera un peu l’effet d’une tour qui danse dans l’espace. Ça permettra aussi à plus d’acheteurs d’avoir accès à des toits-terrasses », explique l’architecte.

En ce qui a trait à la maison Louis-Hippolyte-Lafontaine, la firme MSDL a décidé de la restaurer conformément à son état d’origine. Le dernier étage, ajouté par d’autres propriétaires après le décès de M. Lafontaine, sera démoli. Le toit en pente sera reconstruit et la façade principale sera conservée et revalorisée. Quelques pommetiers seront également plantés à proximité de la maison pour rappeler le verger qui l’entourait à l’époque de sa construction. D’après Mme Shooner, le promoteur n’a pas encore déterminé officiellement ce qu’il adviendra de la résidence. « Il va peut-être la vendre ou encore la louer », commente-t-elle.

Vivre comme en banlieue à la verticale

Bien qu’elles seront situées au centre-ville, les tours du projet YUL pourraient bien donner à ses résidants l’impression de vivre en banlieue. Comportant de nombreux espaces communs — un café, un sky lounge, un hammam, un spa, une piscine intérieure et une piscine extérieure ainsi qu’une salle d’exercice — l’endroit favorisera les rencontres.

« La vie en milieu urbain dans les grands centres, ça peut être assez impersonnel, relève Mme Shooner. Les gens y vivent, mais ils ne côtoient pas beaucoup leurs voisins. Lorsqu’on s’intéresse à la question et qu’on en discute avec des propriétaires, on s’aperçoit que plusieurs aimeraient sentir qu’ils appartiennent à une communauté. C’est pour cette raison qu’on a décidé d’essayer de recréer un semblant de vie de banlieue à la verticale. C’est ce qui explique qu’on ait prévu autant d’espaces communs. »

Dans le même esprit, contrairement à bon nombre de projets du secteur, l’ensemble immobilier YUL comprendra de vastes espaces verts dont pourront profiter tous ses habitants. Notamment, les toits des maisons urbaines seront aménagés en terrasses vertes. Les résidants des tours ne seront toutefois pas en reste ; ils auront accès à une immense cour intérieure privée largement paysagée.

« On voulait créer un îlot de verdure à l’intérieur du complexe. On a travaillé avec des architectes de paysage pour y parvenir (NIP Paysage). Le concept donne un peu l’impression de congères laissées par le vent. Ce sera très fluide. Il y aura des buttes avec des plantations indigènes très naturelles et de petits sentiers sinueux », note Mme Shooner.

Ventes et échéancier

 

En vente depuis un moment déjà, plusieurs logements de la première phase du projet (soit la première tour) ont déjà trouvé preneur. D’après Mme Shooner, les acheteurs sont surtout canadiens, mais plusieurs proviennent également de l’étranger. Comme les condos ont des typologies très diversifiées (il y a plus d’une soixantaine de plans différents), la clientèle s’avère assez variée. Si tout se passe comme prévu, les premiers propriétaires pourront emménager à l’automne 2017.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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