La pâtisserie haute couture de Catherine Méra maintenant à Québec

Après avoir séduit Baie-Saint-Paul, Catherine Méra souhaite ravir les papilles des gourmands de la capitale nationale.
Photo: Francis Vachon Le Devoir Après avoir séduit Baie-Saint-Paul, Catherine Méra souhaite ravir les papilles des gourmands de la capitale nationale.

Catherine Méra, pâtissière bien connue à Baie-Saint-Paul, a installé ses pénates dans le Vieux-Québec il y a quelques semaines à peine. Entre la frénésie de Pâques et l’arrivée de la belle saison, l’entrepreneure tâte le pouls de son deuxième quartier d’adoption. Le Devoir l’a rencontrée dans sa nouvelle boutique.

Les passants sont nombreux à déambuler dans les rues du Vieux-Québec en cette journée ensoleillée. Catherine Méra profite de l’accalmie d’après-dîner pour réviser en vue de son examen de citoyenneté canadienne. « Il y a tellement de choses à savoir ! » s’exclame-t-elle en souriant, un brin dépassée.

Il faut dire que le Canada et le Québec, elle les connaît beaucoup plus à travers leurs différents terroirs et saveurs. En 2012, la Française a traversé l’océan pour vivre une nouvelle aventure et a rapidement atterri dans la région de Charlevoix. Avec son baluchon — bien garni d’une maîtrise en gestion d’entreprise, d’un poste de cadre à la multinationale alimentaire Mars et d’une formation à l’École nationale supérieure de pâtisserie d’Yves Thuriès et Alain Ducasse —, elle a poussé les portes du Manoir Richelieu, du Château Laurier et du Groupe Germain.

Puis, en 2019, vint l’appel du défi. Elle décide de voler de ses propres ailes et d’ouvrir sa pâtisserie. Les conditions sont bien modestes, mais la détermination est là. « Je n’avais pas d’argent de côté, je me suis lancée en affaires avec trois fois rien. Je savais que j’étais dans un marché de niche et je ne voulais surtout pas déroger à la qualité des produits que je voulais offrir. Alors je me suis dit : “au pire, on essaie !” J’avais une petite chambre à l’intérieur de la pâtisserie. Ça s’est fait petit à petit. J’investissais dans un frigo, puis dans une machine à café ; je me débrouillais. »

Le bouche-à-oreille a fait son travail et les gourmands de Baie-Saint-Paul et des alentours sont venus, encore et encore. « Le fait que je sois ouverte toute l’année et pas seulement pour la saison touristique, ça, les gens en sont contents. Je suis une vraie pâtisserie de quartier », nous racontait-elle, quelques jours plus tôt au téléphone.

Pas juste un gâteau au chocolat

 

Lorsqu’ils étaient enfants, Catherine Méra et ses quatre frères et sœurs avaient droit à une pâtisserie une fois par semaine. C’est sans doute là que le germe de ce qu’elle est devenue a pris racine. Elle se souvient des religieuses au chocolat et des gâteaux Forêt-Noire. « J’ai eu la chance d’avoir une bonne éducation sur les aliments et d’apprendre à cuisiner très jeune. Ma mère et ma grand-mère étaient de bonnes cuisinières et elles ont toujours tout fait maison. »

Cette éducation, c’est à son tour de la transmettre à sa clientèle. Une partie du métier qu’elle aime. « Ce n’est pas juste un gâteau au chocolat, illustre Catherine Méra. Il y a tout un travail derrière. » Même chose pour les ingrédients qu’elle utilise, qui ont tous une histoire et une spécificité qui méritent de l’attention, indique la pâtissière. Le mélilot, l’argousier, la camerise, le chocolat Valrhona, pour n’en citer que quelques-uns, sont parmi les coups de cœur qu’elle veut mettre en valeur, notamment en discutant avec les curieux.

Ces échanges, ils sont nombreux. Devant les véritables œuvres d’art façonnées de sucre, de fruits et de chocolat, les exclamations fusent. Ce qui fait sourire la principale concernée. « C’est quelque chose que j’ai, cet amour pour les belles et bonnes choses. Et ça se développe avec l’équipe qui m’entoure. Ce sont des gens qui ont tous la même passion et on échange des idées tout le temps. Il y a vraiment un travail autour du goût, des textures, du design et de l’emballage. C’est un tout. »

Dans la boutique aux murs de pierres et au mobilier moderne, les gâteaux côtoient les macarons. Les étalages sont remplis de tablettes de chocolat grand cru, de petits caramels et de pots de confitures. Au fond, les outils essentiels en pâtisserie sont en vente. Or, les vedettes du jour, sous ce chaud soleil de printemps, sont certainement les sorbets et les gelatos, dont celui au turrón qui rappelle aussi l’enfance de Mme Méra.

Un jeu d’enfant

Tous les desserts sont produits à l’atelier-boutique de Baie-Saint-Paul et transportés, le soir, dans un camion réfrigéré vers Québec. « Je suis fébrile, avoue-t-elle candidement. Nous sommes dans les balbutiements, il y a plein de petites choses à ajuster. Je prends ça un jour à la fois, comme lorsque j’ai ouvert dans Charlevoix. » Elle salue au passage sa fidèle équipe sans qui les choses auraient été tout autres. « J’ai plein de projets, mais sans eux, je n’avancerais pas. C’est fou comment les gens qui m’entourent depuis le début sont super créatifs et dévoués. C’est ce qui m’apporte le plus de gratitude. »

Et pour la suite, elle profite des bons échos qui se propagent et prend plaisir à rencontrer sa clientèle. « Il y en a qui nous connaissaient de Baie-Saint-Paul, d’autres qui viennent de nous découvrir, mais ils aiment tous s’arrêter ici pour se faire plaisir, souligne Catherine Méra. Il y a un côté un petit peu interdit, un peu enfantin et ludique avec la pâtisserie. Ça me plaît ! Et dans tous les cas, j’ai envie qu’en venant ici les gens de Québec se réapproprient leur Vieux-Québec. »

Catherine Méra Pâtisserie

40, côte de la Fabrique, à Québec, et 41, rue Ambroise-Fafard, à Baie-Saint-Paul

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