Boire bleu, mieux, pour peu

L’appel à la consommation de produits d’ici a été accueilli avec enthousiasme par l’industrie brassicole artisanale locale. Elles sont bonnes, nos bières, mais elles sont aussi un produit de luxe. En pleine pandémie, alors que plusieurs amateurs doivent composer avec une situation financière délicate, il est encore possible de boire local en faisant attention au portefeuille. Le Devoir a consulté trois détaillants spécialisés pour découvrir les meilleurs rapports qualité-prix sur le marché.
Pierre Bouchard, marchéCentre-Ville
Institution du Saguenay brassicole, le marché Centre-Ville est l’un des 10 premiers détaillants spécialisés en bières de microbrasseries au Québec, affirme son directeur, Pierre Bouchard, un virage dans la vocation du commerce opéré en 2002. « On était assez pionniers, dit fièrement le directeur. La distribution des bières n’était pas encore très bonne à l’époque. Fallait être débrouillard » pour garnir les tablettes de bières de partout en province.
Pierre Bouchard nous recommande d’emblée la gamme de recettes en canettes de la microbrasserie Oshlag, basée à Montréal : la Nano IPA (2 % d’alcool par volume) ; la Blanche au thé du Labrador (5 %) ; le Stout blanc (5,6 %) ; la Chêne rouge (rousse à 5 %) ; la Kellerbier (5 %) ; et la Miettes (hefeweizen brassée avec du pain récupéré, 5,2 %).
« Des bières fabuleuses au rapport qualité-prix exceptionnel », insiste le directeur, qui les vend près de 3,50 $ pour une canette de 473 ml. Au marché Centre-Ville, la Nano IPA, « tout de même bien houblonnée », se vend bien, mais Pierre Bouchard suggère particulièrement le Stout blanc. « On fait goûter ce produit-là à quelqu’un qui ne connaît pas bien les bières de microbrasseries et il est complètement ailleurs. Ça goûte autre chose, avec ses belles notes de café. »
Seconde suggestion : les recettes de la gamme régulière de la microbrasserie Riverbend, d’Alma : « La pale-ale 50 / 50 [un assemblage de bières fermentées en inox et en fût de chêne à 4,8 %] et sa méthode de brassage pas rudimentaire, mais avec un prix de vente intéressant. »
Présentement en promotion au marché Centre-Ville, on peut se procurer une caisse de quatre canettes de 473 ml pour un peu moins de dix dollars. « À ce prix, c’est très honnête et ce sont en plus des brasseurs de la région. » Son coup de cœur ? La Session IPA à 3,1 %, brassée avec du houblon Centennial du Québec. « Une bonne bière de soif ! »
Marché Centre-Ville, 31 rue Jacques-Cartier Ouest, Saguenay

Rémy Du Berger, L’Axe du Malt
Incontournable détaillant spécialisé en bières artisanales de Québec depuis 2013, l’Axe du Malt s’étend dans trois quartiers de la ville, soit Saint-Jean-Baptiste, Limoilou et Charlesbourg. La crise a forcé l’entreprise à prendre les mesures adéquates pour servir sa clientèle, assure son copropriétaire, Rémy Du Berger : « On a instauré des mesures d’hygiène additionnelles — à la succursale de Limoilou, par exemple, on ne fait que du service à l’auto et des commandes téléphoniques. » Le site Web renouvelé de l’entreprise permet désormais de passer sa commande pour livraison.
Première suggestion du spécialiste, Ta Meilleure de Lagabière, une NEIPA richement houblonnée titrant à 7 % d’alcool par volume. « Un coup de foudre depuis le jour où elle est sortie, insiste Du Berger. C’est surtout le meilleur rapport qualité / prix qu’on peut trouver au Québec pour une NEIPA. » L’Axe du Malt les propose à 3,99 $ la canette de 473 ml, ou à 15,29 $ les quatre.
En second lieu, Rémy Du Berger propose de revisiter une bière trop peu reconnue, la Belle Gueule Hefeweizen des Brasseurs RJ, une blanche de blé allemande à 5,2 % vendue autour de dix dollars la caisse de six bouteilles de 341 ml. « Celle-là est une belle bière de soif assez ronde, très fraîche, avec ses arômes de banane, de clou de girofle et de gomme balloune. Et Brasseurs RJ, c’est encore une microbrasserie — d’ailleurs, son propriétaire, Philippe Jaar, est président de l’Association des microbrasseries du Québec. Faut rendre à César ce qui lui appartient : c’est une belle bière, bien faite, et à bon prix. »
L’Axe du Malt, 601, rue D’Aiguillon, Québec ; 1495, 3e Avenue, Limoilou ; 5353, local 190, boul. Henri-Bourrassa, Charlesbourg
Patrice Lavoie, Veux-tu une bière ?
Patrice Lavoie, directeur des trois succursales montréalaises du détaillant Veux-tu une bière ?, n’a que des louanges pour les produits de la microbrasserie Dieu du Ciel !, s’étendant sur leurs noires, sur l’excellent rapport qualité-prix de l’IPA américaine Moralité, mais suggère en premier lieu La Sentinelle, une ale blonde de style kölsch.
« Une des moins chères, rapport qualité-prix, explique Lavoie. Avec la majorité de mes employés, ce qu’on préfère boire, ce sont les bonnes bières blondes de soif. La Sentinelle est incontournable — tu peux la faire goûter à l’aveugle, elle se démarquera. Une blonde allemande classique et très bien faite. »
Autre suggestion : les recettes d’Espace Public, « une petite microbrasserie dans Hochelag’. Leur spécialité, c’est la bière sure, mais des sures pas trop acides, donc très accessibles, et brassées avec ou sans fruits. » Elles seraient parmi les moins chères sur le marché (Veux-tu une bière vend la caisse de quatre à 11,50 $, taxes comprises). « Ma préférée est la Bière de coin d’rue », l’interprétation « hochelagaise » d’une Berliner Weisse, aromatisée au houblon Cascade et titrant à 4,5 % d’alcool. « Un bon goût de grain avec une acidité présente, idéale pour ceux qui ne sont pas trop habitués au style. »
Et puisque Patrice Lavoie insiste, laissons-le nous suggérer un cidre, le Rosy, cidre pétillant à 5,6 % d’alcool par volume de la cidrerie Alma, à Dunham : « Le Rosy est aromatisé à la framboise. C’est l’entrée de gamme des cidres de dégustation, à bon prix », soit un peu moins de 15 $ pour quatre canettes de 473 ml.
Veux-tu une bière ?, 1451, rue Saint-Zotique Est ; 5105, boul. Saint-Laurent ; 372, rue de Liège Est, Montréal