Manger de plus en plus bio et local

Martine Letarte Collaboration spéciale
Les aliments biologiques comptent maintenant pour environ 5 % de la consommation mondiale. Le marché des produits certifiés biologiques est passé de 35 milliards en 2006 à près de 100 milliards en 2016.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Les aliments biologiques comptent maintenant pour environ 5 % de la consommation mondiale. Le marché des produits certifiés biologiques est passé de 35 milliards en 2006 à près de 100 milliards en 2016.

Ce texte fait partie du cahier spécial Alimentation Manger mieux

Les ventes des aliments biologiques sont en croissance au Québec, mais le frein numéro un des consommateurs pour l’achat de ces produits est leur prix plus élevé. La Filière biologique du Québec a décidé de s’y attaquer en montrant aux Québécois pourquoi ce type de production vaut son coût, notamment en matière de santé et de protection de l’environnement.

Plus de 60 % des consommateurs ont invoqué le prix des aliments biologiques comme principal frein à l’achat, d’après deux sondages réalisés ces dernières années par la Filière biologique du Québec, dont la mission est de développer le secteur du bio québécois. C’est le cas pour toutes les catégories d’âge et de profil.

Si l’écart des prix entre les produits bios et traditionnels tend à se réduire depuis quelques années grâce à l’augmentation des volumes de ventes dans le biologique, le mode de production génère tout de même davantage de coûts.

« Lorsque les gens comprennent mieux les exigences des producteurs et des transformateurs de produits bios, ils ont tendance à accepter davantage de payer plus pour se les procurer », explique Daniel Dubé, membre du conseil d’administration de la Filière biologique du Québec et propriétaire du Rachelle-Béry de Saint-Sauveur.

Les avantages du bio

 

« C’est certain que, si on n’utilise pas d’herbicides, il faut prendre le temps de sarcler, puis si on n’utilise pas de pesticides, il faut essayer d’autres techniques pour lutter contre les ennemis des cultures », explique Alain Rioux, coordonnateur de la campagne « Le bio d’ici, ça vaut le coût » de la Filière biologique du Québec.

Et ce n’est pas tout. Le site de la campagne (www.lequebecbio.com) décrit les grands avantages d’opter pour le biologique dans les différentes catégories d’aliments. Par exemple, pour les produits de l’érable, on apprend entre autres que les producteurs ont l’obligation d’utiliser du matériel répondant à des exigences élevées, notamment en ce qui concerne la qualité des soudures. Ainsi, alors qu’une entente conclue avec la Californie oblige les acériculteurs québécois à se débarrasser de leurs outils qui contiennent du plomb pour 2020, c’est déjà la norme dans le bio.

Pour les produits laitiers, les animaux ont accès à l’extérieur et on n’utilise pas de pesticides, d’OGM et d’engrais minéraux dans les pâturages.

Pour les viandes, l’élevage bio bannit les antibiotiques, les hormones de croissance et les colorants synthétiques.

La raison principale pour laquelle les gens achètent du bio demeure d’ailleurs leur aspect santé (89 % des gens). Mais la Filière voit dans ses sondages une évolution dans les motivations.

Par exemple, le goût des aliments incite maintenant 74 % des consommateurs de bio à faire ce choix.

Un secteur en croissance

 

Si les motivations varient, il est incontestable que le marché mondial pour les produits certifiés biologiques connaît une croissance soutenue. Il est passé de 35 milliards en 2006 à près de 100 milliards en 2016. Ces aliments comptent maintenant pour environ 5 % de la consommation mondiale.

« Franchir le seuil de 5 % est une étape importante parce qu’on sort alors du marché spécialisé pour aller vers le créneau de masse, assure M. Rioux. Les détaillants n’ont plus le choix de prendre ce marché en considération parce qu’il y a un volume maintenant. Puis, c’est là qu’il y a une progression intéressante des ventes. On parle d’environ 10 % par année depuis 10 ans. »

La moitié des Québécois consomment déjà des aliments biologiques, dont 20 % sur une base quotidienne. Il n’est donc pas surprenant de voir les points de vente se multiplier au Québec. En plus des magasins spécialisés, les grandes surfaces développent aussi davantage ce créneau et cherchent des fournisseurs afin de répondre à la demande.

« Les détaillants demandent de plus en plus aux transformateurs d’avoir des produits biologiques dans leur gamme, constate le coordonnateur de la campagne « Le bio d’ici, ça vaut le coût » de la Filière biologique du Québec. Les transformateurs qui ne prennent pas le virage risquent d’avoir un accès plus limité au marché, alors on voit beaucoup d’effervescence en ce moment à ce niveau. Déjà, 702 sites font de la transformation biologique au Québec. »

Les résultats surpassent les attentes

 

Avec sa campagne « Le bio d’ici, ça vaut le coût », la Filière biologique du Québec souhaite avoir un impact à la fois sur les consommateurs, les producteurs, les transformateurs et les détaillants afin de soutenir cette transition.

C’est sur le Web que la Filière multiplie ses actions. Du 15 juillet au 31 décembre 2017, les différentes initiatives sur les médias sociaux ont été vues 38 millions de fois et ont donné lieu à près de 250 000 visites sur le site Web de la campagne.

« Les résultats sont au-delà de nos espérances, affirme M. Rioux. Il y a vraiment un attrait pour le bio sur le Web. Les gens réagissent fort, ils veulent de l’information. »

« Le bio va bien au Québec, mais nous souhaitons que les Québécois achètent plus de bio d’ici pour qu’on puisse réduire les importations, indique Daniel Dubé. Avec la campagne, nous voulons montrer à tous les acteurs que le virage est sérieux, qu’il vaut la peine d’investir des ressources pour le prendre et que les consommateurs sont au rendez-vous. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

Le bio au Québec en chiffres

2025, nombre d’entreprises présentes dans le bio au Québec (en date de janvier 2018). C’était 1660 l’an dernier, à pareille date.

Près de 10 000, nombre de produits biologiques québécois offerts sur le marché. C’était 8900 l’an dernier.

50 %, part des Québécois qui consomment des aliments biologiques.


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