La politique dans l’assiette

Au menu du festival : plus d’une cinquantaine d’exposants, des conférences, des ateliers thématiques et des démonstrations culinaires.
Photo: Guillaume Gibault Au menu du festival : plus d’une cinquantaine d’exposants, des conférences, des ateliers thématiques et des démonstrations culinaires.

Beurre de noix, laits végétaux et solutions de remplacement aux différents types de viande ne seront que quelques-unes des facettes du Festival végane de Montréal cette année. Pour sa deuxième édition, la foire végétalienne sort de l’alimentation et propose une programmation où les questions légales et politiques tentent de se tailler une place.

Le Festival végane de Montréal prend d’assaut la métropole. Et cette année, l’événement voit grand et délaisse le centre-ville au profit du Vieux-Port. C’est là, à deux pas du fleuve, au coeur du marché Bonsecours, que, toute la journée samedi, les amoureux des animaux et autres passionnés de l’alimentation végé pourront faire le plein d’aliments et de nouvelles connaissances.

« Pour notre première édition, nous étions au Coeur des sciences de l’UQAM [dans le centre du Quartier des spectacles], mais nous ne savions pas trop à quoi nous attendre, lance l’organisatrice de l’événement Élise Desaulniers. Nous avons eu tellement de monde que l’espace nous a manqué. »

 

Un lieu pour s’exprimer

Au menu : plus d’une cinquantaine d’exposants, des conférences, des ateliers thématiques et des démonstrations culinaires.

À mi-chemin entre le salon d’artisans et le colloque, le festival se présente comme l’événement par excellence pour permettre aux différentes facettes du végétarisme et du véganisme de s’exposer.

« Les raisons pour lesquelles les gens décident de changer leur alimentation et d’éliminer de leur mode de vie les produits issus des animaux sont de plus en plus variées », précise Élise Desaulniers, auteure de deux essais sur le sujet.

« Certains le font pour des questions éthiques, parce qu’ils sont sensibles au sort des animaux. D’autres pour des raisons de santé — on n’a qu’à penser au rapport de l’Organisation mondiale de la santé sur la viande rouge publié la semaine dernière — ou encore pour des motifs environnementaux. »

Selon celle qui évolue dans le milieu depuis une dizaine d’années, il n’y a pas de raison meilleure que l’autre, l’important est plutôt que ces dernières aient maintenant un endroit pour s’exprimer. « C’est un peu ça, l’idée du festival. Offrir un espace de rencontre, permettre à ceux qui s’intéressent à ces questions d’obtenir des réponses. »

L’événement est donc l’occasion pour les adeptes de faire le plein de nouvelles idées, mais aussi pour les néophytes de faire une première incursion dans cet univers particulier. « Pas besoin d’être déjà un mordu du véganisme pour y trouver son compte, insiste l’auteure de l’essai Vache à lait, publié chez Stanké en 2013. L’an dernier, plusieurs végétariens et végétaliens sont venus accompagnés de leur famille ou de leurs amis. C’est l’endroit idéal pour eux de mieux faire comprendre leur choix à leur entourage, de démystifier le tout ! »

Mouvement mondial

 

En plus d’être l’endroit idéal pour se familiariser avec les bases de la cuisine végane, le festival est aussi le moment parfait pour mettre à l’épreuve certains mythes qui perdurent par rapport à cette alimentation particulière.

« Les gens pensent à tort que les végétariens et les végétaliens ne sont que des bobos du Plateau, dit l’organisatrice en riant. Or, c’est beaucoup plus que cela. Il existe peu de statistiques, mais ce n’est pas un hasard si Montréal a finalement son festival végane, ça s’inscrit dans quelque chose de bien plus large. »

En effet, depuis déjà presque une décennie, d’autres villes proposent chaque année leur propre mouture, de Paris à San Francisco, en passant par Toronto.

Ces événements, couplés au nombre grandissant de végétariens et de végétaliens, ont rendu ces modes de vie beaucoup plus accessibles au fil des années. « C’est un peu l’oeuf ou la poule, note à la blague le chercheur Renan Larue, qui s’intéresse à ces questions depuis de nombreuses années. Il y a 10 ans, il n’y avait qu’un restaurant 100 % végétalien à Montréal. Aujourd’hui, on en compte une trentaine et c’est sans compter ceux qui offrent des options végés. »

Plus d’options, donc plus d’adeptes ? Ou est-ce l’inverse ? Difficile à dire. Il n’en demeure pas moins qu’il est de plus en plus simple d’exclure les produits animaliers de leur vie.

Au-delà des dégustations et autres démonstrations culinaires, le festival est surtout l’occasion d’aborder des questions de fond. « Oui, il y aura des cupcakes véganes, concède Élise Desaulniers. Mais on souhaite surtout donner la parole à ceux qui se penchent sur les enjeux derrière ces types d’alimentation. »

L’histoire du végétarisme

Pour celle qui a élaboré la liste des invités, il était donc important d’offrir un vaste éventail pour que tout le monde s’y retrouve et, surtout, étoffe son argumentaire.

Parmi les présentations qui piquent la curiosité, notons la conférence de Renan Larue sur l’histoire du végétarisme de l’Antiquité à aujourd’hui, celle de Wanquing Zhou sur le mouvement végane en Chine et le panel mode beauté (où il sera notamment question de tatouage végane).

Les impacts de l’élevage sur les changements climatiques et le droit animalier sont également au programme. « C’est important pour nous d’aller plus loin que la bouffe, insiste l’organisatrice. Ce qu’on achète, ce qu’on cuisine… ça va au-delà du fait de simplement faire de belles et bonnes assiettes. L’alimentation, c’est politique ! »

Le Festival végane de Montréal

Le 7 novembre, 10 h à… très tard. Au marché Bonsecours.

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