Depuis quelques années, les régions ont pris l'habitude de se mettre en avant en valorisant leur agroalimentaire. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean ne fait pas exception à la règle et a su profiter de cet engouement contagieux pour la culture régionale, souvent appelée à tort culture du terroir. Un mot trop facilement utilisé, au point où, désormais, il ne veut plus dire vraiment grand-chose.

Pourtant, il existe de toutes petites entreprises qui se battent pour percer localement et qui pourraient peut-être bénéficier d'un peu de promotion afin que leurs produits trouvent un accès jusqu'à la grande ville. Le Marché des saveurs, au marché Jean-Talon, a sûrement été un des tout premiers lieux à oser mettre en valeur ces artisans en quête de reconnaissance.

Comment se démarquer dans une région reconnue pour sa tourtière et ses bleuets, lesquels ne sont plus l'apanage du Lac-Saint-Jean? Certains ont compris l'intérêt grandissant pour les microbrasseries, qui peuvent désormais se targuer d'obtenir de 7 à 8 % des parts du marché de la bière au Québec.

La microbrasserie La Voie maltée est un bel exemple de réussite. Elle fait l'objet d'un engouement certain auprès du public avec ses produits artisanaux, particulièrement auprès des jeunes, plus sensibles à l'environnement et à l'importance de consommer les produits de proximité que ne l'étaient leurs parents.

Outre les microbrasseries, il est vrai, comme nous l'avons écrit la semaine dernière, que les fromagers de la région du Saguenay excellent. Ils produisent des fromages à grande valeur ajoutée, dignes des fromages du monde entier.

Dans la foulée des Cadieux dans la région de Charlevoix, dont l'agneau bénéficie non sans mal de la première appellation réservée du Québec, de petites fermes du Saguenay tentent à leur tour de produire un agneau local qu'ils voudraient bien faire reconnaître, à commencer par la restauration locale. Certains restaurateurs de la région confient qu'ils voudraient bien travailler avec les produits locaux mais que, à cause de la contrainte des prix, ils ne peuvent le faire.

Rien n'est encore fait en région pour aider les artisans de la gastronomie, qui travaillent souvent dur pour survivre en espérant des jours meilleurs.

Le problème demeure entier si le coût de la production locale de l'agneau dépasse celui du produit importé de la Nouvelle-Zélande, par exemple. On oublie que bon nombre de ces petits producteurs, encore en 2011, doivent faire abattre leurs animaux à Québec et payer eux-mêmes les frais de transport, lesquels se reflètent évidemment sur le coût du produit.

L'appartenance à une communauté passe aussi par là. Il faut accepter, pour valoriser l'agriculture régionale, d'aller dans les petits marchés et de payer plus cher afin d'encourager ces artisans du goût.

Une maison dans les arbres

Le Domaine Le Cageot est situé près de Jonquière. Dès l'arrivée, on peut constater le travail accompli par un ancien professeur devenu par plaisir producteur de boissons alcoolisées aux petits fruits. Les framboisiers s'affichent en rangs militaires et exposent avec bonheur des fruits d'excellente qualité. Le fondateur passe aujourd'hui la main à son fils, Pierre-Philippe Tremblay.

Plus haut, on s'est aventuré à planter des ceps de vigne en espérant qu'un jour on pourra produire du vin. Un rêve probablement irréalisable, car l'été très court peine déjà à satisfaire la culture des petits fruits, tels les bleuets et les framboises. L'entreprise trentenaire gagne chaque année en popularité. La vente sur place et dans quelques points à travers le Québec permet de faire découvrir cette PME qui, outre les produits alcoolisés, fabrique également des vinaigres, des coulis et d'autres préparations à partir des petits fruits cultivés localement.

À Saint-Fulgence, pas très loin, l'aventure se poursuit, autant en kayak de mer sur le fjord que carrément dans les arbres ou sur la cime de grands pins, avec un parcours fascinant à travers 73 ponts aériens répartis en quatre sections parfaitement identifiées. Il s'agit d'un véritable dépaysement dans un site exceptionnel et accessible à tous, ou presque.

Des maisons en bois rond ont été construites à huit mètres de hauteur dans des pins qui surplombent le cap Jaseux. Si le logement, très modeste, est sans prétention, mais avec les commodités usuelles à proximité, l'expérience est extraordinaire.

Pour bien des gens, comme moi, le Saguenay-Lac-Saint-Jean est une région qui fascine, permettant de faire de belles découvertes. Un lieu d'exotisme incomparable où les paysages grandioses nous accueillent été comme hiver.

Mes coups de coeur

Microbrasserie La Voix maltée, à Jonquière et à Chicoutimi, 418 542-4373.

Chocolaterie Bons délices, 244, rue La Fontaine, à Chicoutimi, 418 545-1660.

Le Privilège, Diane Tremblay, 1623, boulevard Saint-Jean-Baptiste, à Chicoutimi, 418 698-6262.

Parc aventures Cap Jaseux, à Saint-Fulgence, maisons dans les arbres et circuit, 1 888 674-9114.

Domaine Le Cageot, petits fruits et produits alcoolisés, à Jonquière, 418 547-2857.

Auberge du Jardin, à Petit-Saguenay, 1 888 272-3444.

La Vieille Ferme, au P'tit Marché, agneau et produits frais de la ferme, 163, chemin de la Pointe-aux-Pins, à Saint-Fulgence, 418 674-1237 (dégustation sur place).

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Philippe Mollé est conseiller en alimentation. On peut l'entendre tous les samedis matin à l'émission de Joël Le Bigot Samedi et rien d'autre, à la Première chaîne de Radio-Canada.

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Recette de la semaine

Betteraves confites et rôties aux herbes fraîches

- 1 kilo de betteraves orange, ou chioggha, épluchées
- 700 g de gras de canard
- 60 ml de fines herbes fraîches mélangées (ciboulette, estragon, coriandre, persil)
- 30 ml d'huile d'olive
- 20 ml de vinaigre de vin
- 30 ml de beurre
- Sel et poivre au goût

Blanchir les betteraves durant 2 minutes à l'eau bouillante salée.

Faire chauffer le gras de canard et cuire doucement, durant 30 à 40 minutes. Égoutter les betteraves et les assaisonner sur le dessus, puis les faire griller à «broil» durant 3 à 4 minutes. Mélanger l'huile et le vinaigre avec les herbes et verser sur les betteraves avant de servir.

Note: le gras de canard peut servir à maintes reprises.

Biblioscopie

Terroir et saveurs du Québec
Ulysse, 2011, 333 pages

Un superbe guide pour découvrir les régions du Québec, avec 330 gîtes et auberges du passant, des producteurs et de bonnes tables faisant découvrir les saveurs régionales.À l'ardoiseLes week-ends gourmands d'automne

Du 10 septembre au 10 octobre, Rougemont célèbre la pomme. Pour sa 9e édition, découvrez, toutes les fins de semaine, une vingtaine d'artisans de la région qui déclinent la pomme de bien des façons. www.tourismerougemont.ca

Le Festival des rythmes et saveurs de Saint-Donat

La fête du Travail regorge d'activités reliées aux cinq sens. Pour une septième année, la rue Principale de Saint-Donat revêt un côté festif avec une vingtaine d'artisans qui offrent leurs produits les 2, 3 et 4 septembre prochains.

Le Circuit du paysan, les 1er et 2 octobre

En Montérégie, à cette date, on fête les récoltes. Le Circuit du paysan propose, sur 194 kilomètres, six heures de découvertes sur le monde rural. www.circuitdupaysan.com