Saveurs - Faut-il revenir à une alimentation plus simple?

Les saisons n’existent plus dans le domaine du commerce des fruits et légumes, puisqu’il est désormais possible de tout acheter, ou presque, l’année durant.
Photo: Photo Philippe Mollé Les saisons n’existent plus dans le domaine du commerce des fruits et légumes, puisqu’il est désormais possible de tout acheter, ou presque, l’année durant.

Du poulet qui arrive à maturité après trois semaines, des fraises qui ne parviennent pas à mûrir et qu'on trouve durant toute l'année, du soya transgénique, du saumon aux antibiotiques, des pommes Granny Smith qui peuvent se conserver de six à huit mois au frigo... La liste est longue et pourrait s'étendre sur plusieurs pages. Tout pour remettre en question les produits que nous consommons.

Plus personne n'est censé ignorer en 2011 de quoi sont faits nos aliments. Différentes études sérieuses viennent troubler les consommateurs et soulever une réflexion concernant notre alimentation. De fait, tout cela apporte de l'eau au moulin des inconditionnels du bio et permet un retour à des valeurs alimentaires plus simples et à des aliments moins transformés.

Mis à part les spécialistes, bien peu de consommateurs s'y retrouvent devant la multitude de certifications, de labels, ou encore devant les analyses nutritionnelles, les additifs que permet l'industrie agroalimentaire. Souvent compliquée, la liste des ingrédients sur l'emballage est longue et dans bien des cas écrite en tout petits caractères.

Selon le Dr Laurent Chevallier, auteur de l'ouvrage Les 100 meilleurs aliments pour votre santé, nul ne devrait acheter des aliments transformés qui contiennent plus de trois additifs, même si, écrit-il, «tous ne sont pas à considérer de la même manière».

Difficile aussi de comprendre pourquoi certains pays industrialisés permettent ce qui est interdit ailleurs, comme les colorants, des additifs comme les nitrites, dont les effets néfastes sur l'organisme sont prouvés et qui sont quand même encore grandement utilisés dans l'industrie de la transformation, particulièrement en charcuterie.

Des choses également toutes simples soulèvent un questionnement à l'égard des aliments. Par exemple, bien que le Québec pratique la pomiculture, 40 % des pommes vendues en épicerie sont actuellement importées, et ce, afin de pouvoir offrir ces fruits à longueur d'année, alors que la période de consommation est l'automne et l'hiver.

Parlant de saisons, celles-ci n'existent plus dans le domaine du commerce des fruits et légumes puisqu'il est désormais possible de tout acheter, ou presque, l'année durant. Devrions-nous imiter les peuples nordiques et revoir notre façon d'acheter et de consommer les produits alimentaires afin de mieux répondre à la demande de notre organisme?

Consommer localement? Oui, mais...


L'Organisation mondiale de la santé (OMS) souhaite voir interdire l'usage de certains produits dans la chaîne alimentaire, dont les pesticides, certains intrants agricoles et d'autres produits réputés dangereux pour notre santé. La question n'est pas simple. Notre devoir est d'aider les peuples en voie de développement en consommant les produits de leur agriculture, sans néanmoins affaiblir notre économie locale.

Or il s'agit de produits dont les normes d'acceptation sont parfois différentes des nôtres, et qui sont vendus sur nos marchés bien moins cher que les équivalents locaux. C'est le cas des fraises, framboises et autres petits fruits en provenance du Mexique ou d'ailleurs, des asperges cultivées au Pérou, en Argentine, etc. Sans parler du saumon qui pollue les fonds marins du Chili, des pommes cirées qui peuvent durer six mois dans le réfrigérateur sans altération.

Que penser quand l'Europe se dote de marqueurs qui changent de couleur au fil de la fraîcheur sur les paquets de viande vendus en magasin, tandis que, chez nous, les dates de péremption sont obligatoires sur les aliments secs comme les pâtes, mais ne le sont plus partout pour la viande fraîche?

Ne devrions-nous pas retourner à une alimentation moins sophistiquée, plus simple, contenant moins de colorants, de vitamines ajoutées, d'agents de conservation? Le bio gagne en popularité chaque année, à raison de 15 à 20 %, bien que certains usent à tort des différentes certifications, qui ne se rejoignent pas toujours.

Plusieurs consommateurs feignent l'ignorance! Pourtant, depuis un certain nombre d'années, des scientifiques et plusieurs organismes de défense et de protection des consommateurs tirent la sonnette d'alarme, des ONG et d'autres mouvements proches des consommateurs s'inquiètent du sort réservé à nos aliments.

Quand un éleveur de volaille biologique de la région de Charlevoix assure qu'il lui faut trois mois pour produire une volaille de qualité, on peut se demander comment font d'autres producteurs pour arriver au même résultat en seulement cinq semaines.

La santé, assurent Josée Fiset et Liliane Colpron, cofondatrices de la boulangerie Première Moisson, est la principale préoccupation de l'entreprise familiale. On y considère que le rôle à jouer dans l'éducation et la santé des Québécois est fondamental. Après Les Moulins de Soulanges et les blés sélectionnés, il s'agit cette fois de produire des viandes et une baguettine sous le label Bleu-Blanc-Coeur, une étiquette responsable qui apporte aux aliments un meilleur équilibre d'oméga 3 et d'oméga 6.

Pour être plus précis, expliquent Mmes Fiset et Colpron, c'est l'alimentation des porcs, nourris à la graine de lin et élevés spécifiquement pour Première Moisson, qui les motive. L'alliance entre Camille Moore, vétérinaire et producteur de porcs en Montérégie, et Pierre Weill, fondateur de l'association française Bleu-Blanc-Coeur, les a convaincus du bien-fondé de la certification, affirme Mme Colpron.

Un cahier des charges très strict permet ainsi la mise en marché de produits sans antibiotiques, sans phosphates, sans agents de conservation, dans le plus grand respect de l'animal. Le résultat est d'ailleurs sans équivoque dans le cas du jambon cuit au bouillon pour ce qui est du goût, et dont le taux de protéines de 22 % est parmi les plus élevés sur le marché. Du bacon de dos à l'érable, des rillettes de porc et divers autres produits verront bientôt le jour aussi dans les boutiques de Première Moisson.

Dans le même ordre d'idée, Charlevoix vient également de se doter d'un label régional et qualitatif qui regroupe pour le moment pas moins de 40 entreprises. La marque «Veau de Charlevoix», rachetée par la MRC et le CLD local, devient «Saveurs de Charlevoix».

Si notre alimentation a terriblement changé depuis une trentaine d'années, dans certains cas elle s'est dégradée. En 2011, savoir ce que nous mangeons n'est plus réservé à une élite. Après, c'est le portefeuille qui décide, ou encore les valeurs de chacun.

Pour en savoir plus sur Bleu-Blanc-Coeur, visitez le site www.bleu-blanc-coeur.com

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Philippe Mollé est conseiller en alimentation. On peut l'entendre tous les samedis matin à l'émission de Joël Le Bigot, Samedi et rien d'autre, à la Première chaîne de Radio-Canada.

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Découverte

De nouveaux thés bio et écolos au Québec

Lov, qui signifie «feuille» en Scandinavie, propose aux consommateurs d'ici de nouveaux thés riches en saveurs et en bienfaits. Petits frères de la gamme Kusmi implantée dans plus de 150 boutiques au Québec, ces produits sont disponibles en différentes saveurs dans les boutiques d'aliments naturels et dans les épiceries fines.

Pour info: www.lov-organic.com ou 1 866 929-5076.

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Recette de la semaine

Boulettes d'agneau du Québec au curry

- 500 g de viande d'agneau hachée
- 1 oignon haché
- 2 gousses d'ail hachées
- 30 ml de coriandre hachée
- 1 oeuf
- 60 ml de lait
- 60 ml d'huile végétale
- 2 tranches de pain sans la croûte
- 10 g (2 c à thé) de poudre de curry
- 30 ml de graines de sésame
- 250 ml de lait de coco
- Sel et poivre au goût

Faire tremper le pain dans le lait quatre ou cinq minutes. Mélanger la viande, le curry, l'oignon, l'ail, l'oeuf et la coriandre, et assaisonner. Faire des boules de la grosseur d'une noix et les rouler dans les graines de sésame.

Faire cuire les boulettes dans l'huile dans une poêle durant 3 à 4 minutes. Disposer dans un plat allant au four et faire cuire durant 7 minutes avec le lait de coco. Servir avec un riz basmati.

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Biblioscopie

Terroir et saveurs du Québec
Éditions des guides Ulysse
Canada, 2011, 333 pages

Un guide pratique qui fournit des adresses de gîtes ou d'auberges, où trouver tel ou tel fromage, telle cidrerie sur la route des vacances, etc. Voilà un guide indispensable pour tous ceux qui prônent un Québec gourmand.

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