Dix merveilleuses tables champêtres
Il y a les secrets bien gardés, les arrêts obligatoires et ceux qui valent le détour. Il y a surtout des incontournables en tout genre qu’il fait bon de partager. Pour le plaisir de vos palais, Le Devoir a donc imaginé un rendez-vous sous forme de carnet gourmand, à raison d’un thème à la fois. Parfait lieu de partage s’il en est un, la table champêtre met en valeur les influences culinaires d’un chef, les produits de ses jardins, de sa ferme et les ingrédients chouchous de sa région. C’est l’incarnation même du concept de la terre à la table, et s’attabler en ces lieux est un réel voyage. En vue de la douce saison, voici 10 savoureuses destinations.
MONTÉRÉGIE
Le Mangeoir
L’idée d’un retour à la terre trottait depuis un bon moment dans la tête du chef Guillaume Asselin, lorsque — coup de chance ! — la propriété idéale est apparue en même temps qu’un certain virus… La clé mise sous la porte de son resto-traiteur Les Affamés, il s’est affairé avec sa conjointe, Marie Daudelin, à démarrer leur gîte et table champêtre Le Mangeoire. « L’objectif est de recevoir les gens comme des amis », souligne le chef. Offrant une cuisine personnelle et inspirée par ses voyages, Guillaume Asselin mise beaucoup sur l’autosuffisance dans la création de ses plats.

6004, chemin Ridge, Saint-Anicet

Bika
En plein soubresaut pandémique, Fisun Ercan, cheffe au renommé restaurant Su, éteint les fours définitivement et quitte la ville pour enfin réaliser son rêve : ouvrir une table champêtre. Installée à Saint-Blaise-sur-Richelieu, Bika Ferme et Cuisine est un espace de ravissement. La grande fenestration de l’établissement, annexé à la demeure centenaire familiale, donne sur les jardins et les champs environnants. Dès leur arrivée, les invités sont d’ailleurs conviés à une visite des terres avant de prendre place à l’intérieur. Dans les assiettes, les récoltes du jour sont à l’honneur du menu dégustation, en plus des viandes et poissons locaux. Le tout est sublimé par les arômes, le savoir-faire et l’amour de Fisun Ercan pour la cuisine de sa Turquie natale — cuisine qu’elle fait connaître lors d’ateliers culinaires durant la basse saison. Nota bene : formule apportez votre vin.
980, chemin du Grand-Bernier, Saint-Blaise-sur-Richelieu
La Rabouillère
En 1992, Pierre Pilon, un vétérinaire de métier, démarre sa table champêtre afin de promouvoir l’agrotourisme tel qu’il existe en Europe. Après de nombreuses années de travail et de prix d’excellence, c’est son fils, Jérémie, diplômé en cuisine, qui en a repris les rênes en 2020 avec sa conjointe, Marie-Claude Bouchard, formée en service sommellerie. Le nouveau visage de La Rabouillère est marqué par le legs familial et l’envie de s’amuser. D’abord avec les jardins et la ferme, qui offrent à Jérémie Pilon des ingrédients d’une grande fraîcheur, notamment du côté des viandes, des légumes et des fleurs comestibles. Puis, la maison du patriarche a été rénovée pour en faire un gîte pouvant accueillir une douzaine de personnes. À la table, dans un décor rustique, la cuisine de saison fait désormais des clins d’oeil à différentes cuisines du monde. Ici aussi, le concept apportez votre vin est de mise. Et si l’envie vous prend de simplement visiter la ferme, sachez que plusieurs animaux vous attendent dans le pâturage. Des paniers à pique-nique peuvent être préparés pour ceux qui voudraient se sustenter dehors.
1073, rang de l’Égypte, Saint-Valérien-de-Milton
CENTRE-DU-QUÉBEC
Au Pâturage
« Pourquoi est-ce qu’on ne sortirait pas la gastronomie des grands centres ? » C’est avec cette question que la cheffe Chloé Ouellet a démarré sa table champêtre dans le village de Sainte-Perpétue. Après avoir travaillé pour plusieurs bonnes tables de la région de Québec, dont Chez Boulay, bistro boréal, elle a décidé de sortir des sentiers battus et d’offrir ce qui la passionne dans un milieu de vie qui la fait vibrer. « M’installer ici n’est pas un choix stratégique, c’est un choix de valeur. J’ai toujours cru qu’un jour, les gens seraient prêts à sortir pour vivre une expérience. » Son menu dégustation de cinq à sept services se crée toutes les semaines en fonction de la production des trois acres de jardins où elle cultive légumes, fruits et fleurs comestibles. Après quatre ans d’activité, la saison 2023 est placée sous le signe de la recherche et développement, Chloé Ouellet souhaitant récolter davantage de nouvelles variétés ou d’autres méconnues. La cheffe et sa brigade proposent aussi des brunchs durant la fin de semaine. Le service se fait sur une jolie terrasse de 55 places en été.
2581, rang Saint-Joseph, Sainte-Perpétue
ESTRIE
Parcelles
L’offre du chef Dominic Labelle exhale l’été : un four à pizza, des plats de légumes du jardin et des vins nature, le tout dégusté sans flafla, à la manière d’un pique-nique, sur un grand lopin de terre avec vue sur les collines estriennes et le verger. Du midi au coucher du soleil, beau temps, mauvais temps — merci aux abris ! —, le menu est convivial et change selon les récoltes. Mentionnons au passage que les potagers foisonnent de cultures souvent rares qui se retrouvent aussi dans une quinzaine de restaurants de Montréal. Un bel endroit pour s’initier au concept de table champêtre ou pour sortir manger avec les enfants.
21, chemin Taylor, Austin
Espace Old Mill
C’était écrit dans le ciel que le populaire maraîcher Jean-Martin Fortier ouvrirait plus tôt que tard sa propre table champêtre. Inaugurée en février dernier dans un vaste bâtiment datant de 1849, Espace Old Mill est d’abord une table fermière où, chaque samedi, le chef Éric Gendron met en valeur les légumes de la ferme et les produits des artisans-fermiers de la région de Brome-Missisquoi dans une formule gastronomique de huit services. On peut également manger à la carte du mercredi au vendredi en pigeant parmi les plats du moment qui font également la part belle aux végétaux. Le domaine étant installé sur un hectare de terres maraîchères, le but est de participer au rayonnement du terme « manger de saison ». À partir du mois de juin, des paniers à pique-nique pourront être réservés pour ceux qui veulent casser la croûte autour des jardins ou dans les alentours des Cantons-de-l’Est. Des visites du domaine sont aussi dans les plans. En prime : l’Espace Old Mill offre aussi l’hébergement. L’auberge Cecil House dispose de quatre chambres et d’une suite pour prolonger le séjour.
7, chemin Caleb Tree, Stanbridge East
BAS-SAINT-LAURENT
40 Arpents
Secret de moins en moins bien gardé, la ferme 40 Arpents, spécialisée dans l’élevage et la transformation artisanale de porcs Berkshire et de veaux, offre l’apéro tous les jeudis. Tout le Bas-Saint-Laurent accourt dès la fin du jour sur la terre ancestrale de Patrick Lavoie et d’Isabelle Vaillancourt afin d’avoir une place dans ce qui convient d’appeler une buvette champêtre. La formule est simple et festive : on se partage des assiettes de charcuteries maison, des pizzas, des grillades et autres en-cas. On jase dehors autour du feu s’il fait beau, on s’abrite s’il fait frais. Et qui dit apéro, dit boisson. La cave du 40 Arpents est ravitaillée constamment de belles bouteilles, dont celles de Pinard et filles, Les Pervenches, La Bauge et Auval. Des options sans alcool sont évidemment aussi offertes. Promouvant autant les bienfaits d’une agriculture saine que la vitalité des villages, le couple Lavoie-Vaillancourt anime aussi le canton en devenant un marché de proximité les dimanches.
49, 4e Rang Ouest, Saint-Onésime
CHARLEVOIX
Faux Bergers
Depuis 2017, Emile Tremblay, Sylvain Dervieux et Andréanne Guay offrent une expérience unique et 100 % locavore ; une délicieuse carte postale de ce qui pousse et est transformé dans Charlevoix. Comme le nom l’indique, Faux Bergers est un hybride entre la table champêtre et le restaurant gastronomique. Ici, pas de jardin ni de poules pondeuses à proximité, mais une vaste région riche en métiers de bouche et agricoles. Chaque service commence d’ailleurs par un apéro sur la terrasse qui offre une vue en plan large sur la contrée nourricière. S’ensuit un menu dégustation unique pour les 42 convives, détaillé par l’un ou l’autre des hôtes, qui ne lésinent pas sur les anecdotes et les histoires entourant chacun des ingrédients. La cuisine, tout en simplicité au premier coup d’oeil, révèle mille et une inspirations et techniques puisées dans les rencontres et les voyages — dont un récent séjour au Japon. À noter : Andréanne Guay, responsable du cellier, propose l’accord mets-vin et des options sans alcool.
1339, boulevard Monseigneur-De Laval, Baie-Saint-Paul
LAURENTIDES
La Cabane d’à côté
Petite soeur de la Cabane Au pied de cochon, la table champêtre La Cabane d’à côté, sous l’égide du chef Vincent Dion-Lavallée, est installée dans le verger voisin, à Mirabel. Son concept fait le bonheur de tous : des paniers à pique-nique garnis de victuailles à partager et dégustées dans le verger, où tables, bancs et bûches sont disposés. Dans ledit panier, tout est en accord avec la saison et les découvertes dans les jardins. Guédilles, salades, grillades, tartinades, douceurs, chaque repas peut être accompagné d’une boisson, au choix, dont les très réussis cidres signature. Nouveauté cette année : un bar sera installé sous un chapiteau. « On veut que les gens s’accrochent les pieds et profitent de l’été avec nous, s’enthousiasme Vincent Dion-Lavallée. En plus des prêts-à-boire et des alcools de la Cabane, des barbotines aux parfums aussi inusités qu’estivaux seront en vedette. Un comptoir à huîtres sera aussi de la partie pour « que les gens s’arrêtent et prennent le temps de se retrouver ». Conseil : réservez le grand chapiteau pour un groupe privé. En plus d’avoir un cuisinier et un serveur attitrés, vous serez installés directement en bordure du verger avec la meilleure vue sur le domaine.
3595, montée Robillard, Mirabel
LANAUDIÈRE
Les Jardins sauvages
Fondé en 1986 par François Brouillard, un cueilleur professionnel pour plusieurs restaurants et passionné par ce savoir familiale qui se transmet depuis quatre générations, Les Jardins sauvages devient aussi une table forestière en 2001 avec la venue de chefs invités. L’arrivée de la cheffe Nancy Hinton crée l’union parfaite. Sis dans le chalet d’enfance de François Brouillard, à un jet de la rivière Saint-Esprit, le couple reçoit les invités pour des menus dégustations de cinq ou sept services suivant un thème de saison, où champignons, racines et pousses de toutes sortes accompagnent viandes, poissons et fromages québécois. Influencée par les ingrédients sauvages, Nancy Hinton mitonne des plats gastronomiques qui démontrent toute la richesse du terroir boréal et l’importance des connaissances traditionnelles. Bon à savoir : On apporte son vin, si envie. Les cueillettes de François Brouillard et les produits transformés de Nancy Hinton sont disponibles au Marché Jean-Talon (kiosque 87-88).
17, chemin Martin, Saint-Roch-de-l’Achigan