L’offre d’escapades destinée aux Montréalais sans voiture s’enrichit de plus en plus

Pour prendre la clé des champs, quand on n’a pas de voiture, on joue au touriste. Même que dans Lanaudière, Bonjour Nature se charge de tout.
Ces temps-ci, Express Tours dépose les skieurs au pied des plus beaux sommets du Québec (bonjour le Massif !) comme de l’est des États-Unis (hello Sugarbush !). Navette Nature nous véhicule gratuitement du centre-ville au parc du Cap-Saint-Jacques encore neuf fois d’ici à mars prochain. Dès février, Kava Tours reprendra ses circuits vers les vignobles montérégiens. Et voilà que l’offre d’escapades destinée aux Montréalais sans bagnole vient de s’enrichir d’un nouveau joueur : Bonjour Nature.
En préparation depuis cinq ans, Bonjour Nature est une initiative de l’Association touristique régionale de Lanaudière et de la MRC de la Matawinie. C’est une coopérative de solidarité constituée d’une vingtaine d’entreprises touristiques lanaudoises dont la mission est de faire découvrir la région aux Montréalais comme aux étrangers. Le service est tout nouveau, le site de réservation en ligne ayant été inauguré le 17 décembre dernier.
Bonjour Nature a ainsi adopté une démarche jadis préconisée par sir William Van Horne, président-directeur général du Canadien Pacifique : « Puisque nous ne pouvons exporter le paysage, nous importerons des touristes ! »
« On ne peut plus compter sur le réseau de distribution touristique traditionnel pour faire connaître les régions, note le coordonnateur Jean-François Allard. Il faut aller plus loin que la promotion. Et puisqu’il est impossible de venir chez nous sans voiture, il était impératif d’offrir le transport. »

D’où la naissance de cette entité qui prend les excursionnistes en charge à Montréal pour les emmener vivre, du vendredi au dimanche et au fil des saisons, des expériences aussi variées qu’originales. En avril, par exemple, on prévoit de proposer des parties de sucre… véganes. De mai à octobre, on enchaînera avec des activités estivales, et de la mi-novembre à la mi-décembre, on valorisera les trois marchés de Noël de la région.
Vaste territoire, Lanaudière englobe jusqu’à l’archipel des îles de Berthier. « L’été, on pourrait y faire escale lors de sorties en canot ou en kayak », dit M. Allard. La région comprend aussi l’immense lac Taureau, sur lequel il est question d’organiser des croisières gastronomiques dès l’arrivée des beaux jours. Pourraient également être programmées des soirées de musique traditionnelle à Saint-Jean-de-Matha, village connu pour sa diffusion du patrimoine vivant lanaudois.
Par ailleurs, à Joliette, un centre d’interprétation de la culture amérindienne est en chantier pour répondre à l’engouement des visiteurs. « Selon les statistiques, chaque année, 150 000 touristes séjournant à Montréal demandent expressément des rencontres avec des Autochtones », affirme le coordonnateur.
Raconter la région
« Offrir du transport avec un chauffeur qui lance des jokes, ça ne suffit plus, ajoute M. Allard. Le visiteur recherche la plus-value de l’authenticité et d’un bon accueil. Nous, nous voulons surtout lui faire vivre une expérience qu’il n’aurait jamais pensé vivre. » À cette fin, plusieurs des sorties proposées comportent trois composantes : agritourisme, rencontre avec des « locaux » et plein air.
Cet hiver, les excursions sont au nombre de huit. Pêche à la truite sur glace, apprentissage des techniques de conduite d’un traîneau à chiens, pause spirituelle à l’abbaye Val Notre-Dame, le temps d’un récital de chants grégoriens, suivie d’un lunch et d’une trempette au spa… il y en a pour tous les goûts.

Samedi dernier, par moins 800 °C, nous avons testé l’excursion « Marcheur des bois » à l’invitation de Bonjour Nature. Après le départ du centre Infotouriste, square Dorchester, nous nous sommes d’abord arrêtés à La Terre des bisons, à Rawdon.
Copropriétaires de cette ferme d’élevage raisonné, Josée Toupin et Alain Demontigny nous ont raconté leur aventure un peu folle — celle de Montréalais qui, ayant envie d’une meilleure qualité de vie, s’installent à la campagne et achètent trois bisons. « Nous voulions aussi bien manger ! » dit Mme Toupin, en ajoutant que cette viande est faible en gras et très protéinée.
Un sentier de 1,2 km ceinture les pâturages et permet d’observer les animaux d’allure préhistorique, aujourd’hui au nombre de 80. Des wapitis d’élevage y ont aussi leurs quartiers. Avant de partir, on fait provision de « tartins », saucisses et autres produits concoctés sur place.
« C’est le tourisme qui met en valeur l’agriculture, dit Mme Toupin. On est rendus là où on est là grâce au tourisme. » « Là », c’est 15 000 visiteurs par année et Blue Moon qui débarque pour tourner des scènes sur le site.
Puisque nous ne pouvons exporter le paysage, nous importerons des touristes !
Nous mettons ensuite le cap sur la prochaine étape : un pique-nique nordique organisé par Jean-Guy Sergerie, artisan forestier, et sa complice, Josée Miller. Dans une petite clairière de la forêt Ouareau, un terrain de jeux de 150 km2, nos hôtes préparent le lunch sur un brasero : saucisses de bison, patates aux champignons sauvages et pain à la farine de chaga. « C’est un champignon qui pousse sur les bouleaux », explique M. Sergerie en présentant les différents ingrédients du garde-manger forestier qu’il cueille en saison. « Sous deux pieds de neige, c’est plus difficile ! » lance-t-il.
Il fait peut-être moins 800 °C, mais le soleil est au rendez-vous et les ramages, couverts d’une dentelle de neige, ajoutent à la beauté du paysage. Nous chaussons les raquettes que Bonjour Nature a prévues pour nous, et c’est parti pour une rando vers les hauteurs de la forêt. La tisane aux fleurs d’épilobes et les biscuits au mélilot attendront…
Renseignements
- navettenature.com- expresstours.ca
- routedesvins.com
- bonjournature.ca