Stimuler son cerveau avec des nootropes

«C’est le cerveau qui mène le bal! C’est à lui qu’on doit notre humeur, notre concentration, notre créativité et notre confiance en nous-mêmes», explique le psychiatre américain Drew Ramsey de l’Université Columbia.
Photo: Archives Le Devoir «C’est le cerveau qui mène le bal! C’est à lui qu’on doit notre humeur, notre concentration, notre créativité et notre confiance en nous-mêmes», explique le psychiatre américain Drew Ramsey de l’Université Columbia.

Qui n’a pas déjà fait usage de stimulants lors d’un examen ou d’un mandat professionnel exigeant ? De la caféine à la nicotine, en passant par les boissons énergisantes, le recours à ces substances est chose courante. On assiste depuis quelques années à un nouveau phénomène : prendre des médicaments — Ritalin, Adderall, Alertec — pour augmenter ses capacités cognitives. Appelés « smart drugs », ces médicaments ont été conçus à l’origine pour soigner des troubles tels que l’hyperactivité ou la narcolepsie. Les substances nootropiques sont aujourd’hui de plus en plus prisées par des adultes en bonne santé. Selon les statistiques disponibles, entre 5 et 35 % des étudiants de certaines universités américaines avaleraient ces pilules.

Dangereuses, les smart drugs ?

Johanne Collin, professeure titulaire à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal et directrice du MEOS, a publié une étude au sujet des avantages et des inconvénients de la prise de ces médicaments dans le but de stimuler les facultés cérébrales. Certains spécialistes de la bioéthique prônent l’usage des smart drugs en invoquant le libre choix et l’égalité des chances. Ils sont convaincus que, dans un cadre réglementé, la prise de ces médicaments profiterait non seulement à l’individu, mais aussi à l’ensemble de la collectivité.

Les opposants à l’utilisation de ces substances indiquent, quant à eux, que leur efficacité sur des personnes ne souffrant d’aucune maladie n’est pas encore établie. Ils sont, par ailleurs, en possession de données probantes au sujet de leurs effets secondaires : vertiges, somnolence, maux de tête, nausées, troubles de la vision, problèmes gastriques et cardiaques, éruptions cutanées, hallucinations, etc. La question reste ouverte : les smart drugs permettent-elles d’être davantage soi-même et de développer tout son potentiel ou servent-elles en premier lieu à booster les profits de l’industrie pharmaceutique et la culture de la performance ?

Une solution naturelle

 

Et s’il existait une autre voie, plus naturelle, qui nous permettrait d’améliorer nos facultés mentales en douceur, en toute légalité et sans effets indésirables ? Parmi les nootropes impulsant une amélioration des fonctions cognitives qui ne présentent pas ou peu d’effets nocifs sur la santé, on retrouve un certain nombre de plantes.

Daniel Crisafi, naturopathe et détenteur d’un doctorat en biochimie de la nutrition, confirme qu’il existe des plantes reconnues notamment par l’Organisation mondiale de la santé pour leurs effets bénéfiques sur le cerveau humain. Les plus efficaces en matière d’amélioration des fonctions cognitives sont les plantes adaptogènes. Parmi les plus répandues, mentionnons le ginkgo biloba et le ginseng de Sibérie. Il y a aussi le millepertuis et le griffonia qui, parce qu’elles améliorent la qualité du sommeil et réduisent le stress, favorisent la concentration.

Est-ce qu’on se sent vraiment comme l’émule d’Einstein après avoir ingurgité ces végétaux ? « L’efficacité de ces plantes va différer d’une personne à l’autre en fonction de son métabolisme, indique M. Crisafi. Il faut savoir que leurs effets bénéfiques sont dus à des substances actives. Ces substances sont présentes en plus ou moins grande quantité selon plusieurs variables : le bagage génétique de la plante initiale, le sol dans lequel elle a été cultivée et la façon dont elle a été transformée. Il est donc difficile de garantir leur efficacité. Si l’on veut s’en procurer, on privilégiera les produits fabriqués au Japon, en Europe et au Canada parce qu’ils sont soumis à un meilleur contrôle de la qualité. »

Le cerveau star

 

Selon la firme de marketing Research and Markets, la vente de produits améliorant les fonctions cérébrales devrait augmenter considérablement dans les prochaines années. Évaluée à 2,3 milliards de dollars américains en 2015, elle atteindrait 11,6 milliards en 2024. Une population vieillissante, des marchés de plus en plus compétitifs et le culte de la performance représenteraient les causes principales de la demande accrue pour ces produits.

Interrogé au sujet de l’engouement de la population envers les nootropes, le psychiatre américain Drew Ramsey de l’Université Columbia a déclaré sur le site de la publication Well + Good : « C’est le cerveau qui mène le bal ! C’est à lui qu’on doit notre humeur, notre concentration, notre créativité et notre confiance en nous-mêmes. Cela fait plusieurs années que l’on vante les vertus de la pratique du yoga et de la méditation, entre autres pour réduire le stress et améliorer nos facultés mentales et créatives. Il était à prévoir que l’industrie axée sur le mieux-être emboîte le pas. » Alors, une petite pilule ou une petite médit’ ?

Quelques nootropes naturels

Gingko biloba : les effets des feuilles de cet arbre originaire de Chine sur l’organisme sont nombreux : activité antioxydante, augmentation du débit sanguin notamment cérébral, potentialisation des neurotransmetteurs et modulation du métabolisme du glucose.

Ginseng : cette plante vivace, dont on compte environ dix espèces, est recommandée en cas de fatigue générale, physique ou intellectuelle. Depuis des millénaires, les médecines traditionnelles chinoises, japonaises et coréennes l’utilisent pour ses effets toniques et aphrodisiaques.

Centella asiatica ou Gotu kola : cette plante herbacée est utilisée dans la médecine ayurvédique et la médecine traditionnelle chinoise. En plus de ses effets nootropiques, on lui attribue les vertus de réduire l’hypertension, d’apaiser les démangeaisons et d’adoucir les brûlures.

Rhodiola : cette plante qui pousse dans les régions froides et montagneuses telles que l’Arctique et les montagnes Rocheuses est reconnue pour améliorer l’humeur. Des études démontrent également qu’elle améliore les performances physique et mentale, et réduit la fatigue.


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