Face au tollé, le CF Montréal met fin à son entente avec Sandro Grande
Un nouvel entraîneur du CF Montréal qui avait qualifié les souverainistes de « stupides » et de « colons » en 2012 a été disqualifié de son poste mardi, après un raz-de-marée de réactions négatives qui a déferlé depuis les quatre coins de la classe politique québécoise.
Il y a plus de 10 ans, dans les heures qui ont suivi l’attaque armée de Richard Henry Bain au rassemblement électoral victorieux du Parti québécois au Métropolis, le compte Twitter de l’ex-joueur de l’Impact de Montréal Sandro Grande affichait les mots suivants : « La seule erreur que le tireur a commise la nuit dernière, c’est de rater sa cible ! Marois ! La prochaine fois mon gars ! J’espère ! »
Or, lundi, M. Grande s’est retrouvé pendant quelques heures à la tête de l’équipe réserve du CF Montréal. Et ce, malgré ces propos qu’il a toujours nié avoir tenus, prétextant un « piratage ». Et malgré des publications où il a qualifié les souverainistes de « hillbillies » (« colons »), de « fermiers » ou carrément de personnes « stupides ».
Mardi, après une série de dénonciations en provenance des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale, l’équipe de soccer montréalaise a finalement choisi de revenir sur sa décision. « Nous reconnaissons que l’embauche de Sandro Grande a été une erreur, a écrit le club dans un communiqué. Nous tenons à présenter nos plus sincères excuses à toutes les personnes qui ont été blessées ou choquées. De toute évidence, nous avons manqué de sensibilité. »
Grande n’a pas commis une seule erreur banale ou un tweet de trop un soir, il a tenu à de nombreuses reprises des propos orduriers et criminels visant plus de 2 millions de [Québécois] indépendantistes
Lors d’un point de presse tenu en début d’après-midi, le président et chef de la direction du CF Montréal, Gabriel Gervais, a tenu à adresser ses excuses plus particulièrement à l’ex-première ministre Pauline Marois. Il a admis avoir effectué le processus d’embauche en étant parfaitement au fait du « passé un peu troublé » de Sandro Grande.
« Je prends la responsabilité de cette décision », a-t-il dit, tout en confirmant que le propriétaire de l’équipe, Joey Saputo, avait été mis au courant.
Le club désirait donner l’occasion de se réhabiliter à l’ex-joueur — qui avait par ailleurs été retranché par l’Impact en 2009 après avoir empoigné son coéquipier Mauro Biello à la gorge en plein match —, a indiqué M. Gervais. « Il y a des choses qui nous ont incités à lui donner une deuxième chance. Force est d’admettre aujourd’hui que ce fut une erreur », a-t-il affirmé.
« Inacceptables et blessants »
Après avoir vivement condamné l’embauche de M. Grande mardi matin, le premier ministre François Legault a salué sur Twitter la décision de le remercier. « Cette histoire doit nous rappeler l’importance de ne jamais banaliser l’attentat du Métropolis survenu en septembre 2012 », a-t-il dit.
« M. Grande a tenu dans le passé des propos inacceptables et blessants. Sa nomination manque de respect et envoie un mauvais message », avait-il signifié dans une déclaration transmise par son cabinet en matinée.

L’ex-première ministre Pauline Marois a indiqué avoir été « boulevers[ée] énormément » par les propos de l’ancien joueur. La veille, c’est le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, qui avait lancé le bal, sur Twitter. « Cette caution tacite par le [CF Montréal est] intenable et extrêmement malaisante », avait-il écrit.
« Grande n’a pas commis une seule erreur banale ou un tweet de trop un soir, il a tenu à de nombreuses reprises des propos orduriers et criminels visant plus de 2 millions de [Québécois] indépendantistes », avait-il ajouté.
.@cfmontreal a pris la décision qui s’imposait. Les propos envers Mme Marois demeurent inacceptables.
— Valérie Plante (@Val_Plante) January 10, 2023
La haine, le racisme et la misogynie n’ont pas leur place dans nos sociétés, et j'espère que le club continuera d’incarner les valeurs montréalaises de respect et d’inclusion.
« J’ai fait de graves erreurs il y a plusieurs années et je suis profondément désolé d’avoir manqué de respect à qui que ce soit, avait signifié M. Grande à travers les canaux officiels de l’équipe lundi soir. J’ai énormément appris de celles-ci et je sais que je me joins à une organisation où les valeurs d’inclusion et de diversité sont fondamentales. » Il devait s’adresser aux médias pour s’expliquer, a dit Gabriel Gervais mardi. Il n’en aura finalement jamais eu l’occasion.
Selon le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, le message « générique » de M. Grande était insuffisant et « tout ceci aurait pu être évité si le club avait fait preuve de bon sens élémentaire ». Le Parti libéral du Québec a pour sa part qualifié la nouvelle embauche d’« inacceptable ».
Celui qui devait épauler M. Grande au sommet de l’équipe réserve, Patrick Viollat, tiendra le rôle d’entraîneur-chef.