Messi, un génie au panthéon de son sport

Avec ce 41e trophée de sa longue et fructueuse carrière, le plus prestigieux, Messi se pose tout en haut de la pyramide des monstres du ballon rond, à hauteur de son compatriote Diego Maradona, sacré en 1986.
Anne-Christine Poujoulat Agence France-Presse Avec ce 41e trophée de sa longue et fructueuse carrière, le plus prestigieux, Messi se pose tout en haut de la pyramide des monstres du ballon rond, à hauteur de son compatriote Diego Maradona, sacré en 1986.

Divin Messi ! Génie virevoltant à la personnalité discrète, faisant de l’exploit une routine, l’Argentin a rejoint dimanche l’Olympe du soccer en remportant enfin la Coupe du monde, ce qui lui vaut de prétendre au statut de plus grand footballeur de l’histoire.

Au terme d’une finale à rallonge contre la France (3-3 a.p., 4 tirs au but à 2), l’ombre du petit attaquant s’est encore allongée. Voilà Lionel Messi (35 ans) parmi les légendes du foot, ces champions du monde enviés et adulés, ce que des héros comme Johan Cruyff, Michel Platini ou Ferenc Puskas n’ont jamais réussi à être.

Avec ce 41e trophée de sa longue et fructueuse carrière, le plus prestigieux, Messi se pose tout en haut de la pyramide des monstres du ballon rond, à hauteur de son compatriote Diego Maradona, sacré en 1986.

« Bien sûr que je voulais achever ma carrière avec » ce trophée, a savouré Messi après la rencontre. « Je savais que Dieu allait me l’accorder à un moment donné et, je ne sais pas pourquoi, je pressentais que ce serait cette fois-ci. »

Et s’il y a match avec le « roi » Pelé, seul joueur triple champion du monde, mais qui n’a jamais joué dans un club européen, le palmarès majestueux de l’Argentin risque d’être difficilement égalé… Même Cristiano Ronaldo, quintuple Ballon d’or, se retrouve distancé : à 37 ans, le Portugais ne sera probablement jamais champion du monde et s’est incliné devant son éternel rival, « un joueur incroyable, magique, top », avait-il résumé en novembre.

En Argentine, le sacre de l’Albiceleste a déclenché des scènes d’extase. Jusqu’à dimanche, les supporters jugeaient Messi immense, mais il n’y avait qu’un seul « dios », Diego Maradona, le « pibe de oro ». La troisième étoile va tout changer.

« Maintenant, je sais quel joueur occupera ma place dans le football, et son nom est Lionel Messi », avait prophétisé Maradona en 2010.

Désillusions oubliées

D’ailleurs, Messi a beaucoup plus gagné que Maradona et Pelé. Sept Ballons d’or, quatre Ligues des champions, une avalanche de championnats et de coupes avec Barcelone puis avec le Paris SG, une Copa América en 2021 et donc, ce Mondial.

Désormais polythéiste, l’Argentine vénérera à jamais le gamin de Rosario, entré au firmament avec la troisième étoile de l’Albiceleste, 36 ans après l’épopée maradonienne de 1986.

Messi est né un an après, en 1987, à Rosario, dans le nord du pays. Quand la planète a découvert ce gamin aux cheveux longs, elle s’est émue du destin du petit gaucher qui, selon l’histoire consacrée, a quitté l’Argentine à 13 ans pour trouver à Barcelone un club qui finance son traitement médical pour régler ses problèmes de croissance. Lancé en équipe première du Barça en 2004, l’attaquant a quitté le club en 2021, devenu le joueur le plus titré du club en cumulant les records : meilleur buteur de l’histoire du Barça, meilleur buteur de l’histoire de la Liga espagnole, détenteur du record du nombre de buts sur une année civile (91 en 2012)…

« Il est trop fort »

Joueur d’exception, Messi a développé des qualités innées qui font la différence : vitesse, vision, dribles dévastateurs et finition chirurgicale. « Aucun système défensif ne l’arrête, aucun entraîneur. Il est trop fort », a résumé un jour Pep Guardiola, son ex-mentor au Barça.

Au Qatar, Messi a ajouté une arme à sa panoplie : une touche d’agressivité dans l’attitude, qui plaît tant en Argentine. On l’a vu afficher un visage méconnu de chambreur, vindicatif et colérique après la victoire de l’Albiceleste en quarts face aux Pays-Bas, avec son désormais fameux « Qué miras, bobo ? [Qu’est-ce que tu regardes, abruti ?] », adressé au Néerlandais Wout Weghorst, auteur d’un doublé, lors de son interview en direct.

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