La Croatie crée la surprise et élimine le Brésil de la Coupe du monde
Ballottés une grande partie du match, les Croates de Luka Modrić ont éliminé les Brésiliens aux tirs au but (1-1, 4 buts aux tirs contre 2), leur spécialité, pour atteindre comme il y a quatre ans les demi-finales de la Coupe du monde de soccer, vendredi, à Doha.
Intraitable pendant plus de 120 minutes, sauf sur le magnifique but de Neymar (105e + 1), Dominik Livaković a encore gagné sa séance de tirs de barrage, comme contre le Japon (1-1, 3 buts contre 1), au tour précédent. Le gardien du Dinamo de Zagreb est donc prêt pour le carré d’as, au sein duquel la Croatie affrontera l’Argentine, qui a également remporté vendredi son duel aux tirs (2-2, 4 buts à 3), contre les Pays-Bas.
Les autres héros de la folle soirée au stade Education City jouent tous dans le plus grand club croate : l’égalisation est signée Bruno Petković, sur un centre en retrait létal de Mislav Oršić (117e), un but 100 % Dinamo, dévié par le genou de Marquinhos, avec, bien sûr, le patron Luka Modrić au départ, pour récupérer le ballon.
Les « Vatreni » (les Flamboyants) étaient nettement dominés, étouffés même à partir de la seconde période, mais n’ont pas plié. « Ils ont marqué sur leur seule frappe cadrée, nous avons eu 19 occasions, a clamé l’entraîneur adjoint brésilien Cleber Xavier. Leur gardien a été très bon. »
Avant de repousser le premier tir au but de Rodrygo, Livaković a réussi 10 arrêts, dont 5 très difficiles. Il a tendu son pied comme un gardien de handball devant Richarlison (47e), et s’est imposé deux fois devant Neymar lancé (55e, 76e) ainsi que sur une reprise de Lucas Paquetá (66e).
« Nous sommes des guerriers »
À la dernière seconde, le portier croate a encore barré la route à Casemiro (120e + 2). Il avait pris l’ascendant sur les tireurs croates, comme contre le Japon en huitième de finale. Mais ce talent ne date pas d’hier. Dans ses neuf derniers matchs de phase à élimination directe, la Croatie a disputé huit fois la prolongation, s’imposant cinq fois, dont quatre fois sur quatre aux tirs au but.
Elle a inauguré la série à l’Euro 2008, perdant en quart de finale contre la Turquie (1-1, 3 buts aux tirs contre 1). Mais depuis, elle a stoppé les tireurs du Danemark et de la Russie en 2018, puis du Japon et du Brésil cette année, au Qatar.
« Quand arrivent les tirs au but, nous devenons favoris, comme si l’adversaire avait déjà perdu », indique, heureux, le sélectionneur Zlatko Dalić. « Nous sommes des guerriers », a répondu Livaković quand on lui a demandé sa recette, en bon héritier de Danijel Subašić, un des héros de 2018.
Les tirs de barrage ne sont pas la seule spécialité de la Croatie. L’équipe de Dalić a été menée au pointage sept fois dans ses neuf derniers matchs de Coupe du monde (dont deux 0-0, contre le Maroc et la Belgique), mais a perdu seulement contre la France en finale en 2018 (4-2).
Déception brésilienne
Le Brésil a pourtant longtemps fait le siège, et il croyait tenir sa demi-finale quand Neymar a fini par faire sauter le verrou croate, après deux appuis successifs sur Rodrygo, puis Paquetá, à l’aide d’un crochet.
Il a égalé avec un certain panache le record de Pelé, 77 buts pour la Seleçao, mais cela ne le consolera pas. La vedette du Paris Saint-Germain a fini en larmes : sa quête ultime est encore ratée, et il ne sera peut-être jamais champion du monde — il aura 34 ans lors de la prochaine édition du Mondial.
Les « Neymar ! Neymar ! » des partisans brésiliens se sont éteints. Placé en cinquième position aux tirs au but, il n’a même pas pu assurer le sien, après que Marquinhos a tiré sur le poteau. C’était arrivé à Cristiano Ronaldo contre l’Espagne, à l’Euro 2012 : éliminé en demi-finale avant d’avoir pu tirer.
Quand arrivent les tirs au but, nous devenons favoris, comme si l’adversaire avait déjà perdu
Le Brésil s’arrête donc en quarts de finale contre une équipe européenne, comme il y a quatre ans contre la Belgique (2-1).
La Croatie a éliminé les quintuples champions du monde pour la première fois de son histoire, et atteint pour la troisième fois ce stade du tournoi, elle qui ne participe aux compétitions internationales que depuis les qualifications pour l’Euro 1996. « C’est un grand succès de revenir en demi-finales pour un petit pays comme le nôtre, a conclu Dalić. Je félicite toute mon équipe pour la façon dont elle a joué, seuls des joueurs de soccer croates peuvent faire cela. »