Hugo Houle fait l’histoire en remportant la 16e étape du Tour de France

Les yeux humides, Hugo Houle a fait frissonner le Québec et les amateurs de cyclisme du monde entier en remportant mardi une victoire d’étape historique au Tour de France, dans une chaleur accablante. Le coureur de 31 ans est devenu le premier Québécois (et le deuxième Canadien) à remporter une étape de la compétition cycliste la plus prestigieuse du monde.

Il a dédié sa victoire à son jeune frère, tué en 2012 par un conducteur ivre pendant qu’il joggait dans sa ville natale de Sainte-Perpétue, dans le Centre-du-Québec. « Celle-ci est pour mon frère », pouvait-on l’entendre dire alors que son équipe lui faisait l’accolade, après une étape de 178,5 km entre Carcassonne et Foix.

« Aujourd’hui, il porte une médaille, et il pense à son frère chaque fois qu’il participe à des courses. C’est quelque chose qui le rend très émotif quand il en parle », raconte Louis Barbeau, directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC). « Je suis d’autant plus heureux qu’il ait pu réaliser une promesse pour honorer la mémoire de Pierrick. »

Pendant les 40 derniers kilomètres, Hugo Houle a foncé droit devant en solitaire, s’offrant un court regard vers l’arrière pour constater son triomphe juste avant sa victoire. Bras haut et fier, doigt et visage levés vers le ciel, le Québécois a franchi la ligne d’arrivée une minute et dix secondes devant son plus proche poursuivant, preuve d’une domination sans contestation.

Lui-même restait surpris de cette avance prodigieuse. « C’était serré, je suis resté longtemps à 30 secondes d’écart. Quand [on m’a] montré que j’étais à une minute, je trouvais ça surréel », lançait Houle après la course, la voix déjà un peu moins tremblante d’émotion.

Une inspiration nouvelle

 

« Hugo est en train d’inspirer toute une génération de coureurs », indique, très enthousiaste, le directeur de la FQSC.

Outre un excellent professionnel, Hugo Houle est, selon Louis Barbeau, un athlète persévérant et surtout apprécié du circuit cycliste. « Hugo Houle, ça ne date pas d’hier. Il a fait les Jeux du Québec en vélo et n’avait pas eu beaucoup de succès à l’époque », relate M. Barbeau. Il se réjouit à présent de le voir recevoir une reconnaissance bien méritée et durement acquise.

Une réussite hors du commun dont de nombreuses personnalités publiques se sont empressées de souligner le caractère « historique ». « Quel exploit spectaculaire ! Bravo Hugo Houle pour cette victoire historique ! » a écrit sur Twitter la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en réaction à la nouvelle, imitée peu après par le premier ministre François Legault.

Mais la dominance du cycliste de 31 ans n’était déjà plus à prouver. Quelques jours plus tôt, il avait signé un coup d’éclat lors de la 13^e étape de la Grande Boucle en terminant troisième. Après une semaine lourde en traversées de montagnes et en escalades de côtes abruptes, Hugo Houle aura malgré tout tenu bon et concrétisé un espoir qu’il caressait déjà depuis un moment.

« C’est incroyable ce qu’il a réussi aujourd’hui. Spécialement dans des conditions aussi difficiles, avec la chaleur et les montagnes de hautes catégories. Il a été superbe ! » a affirmé en entrevue au Devoir Steve Bauer, le directeur sportif de l’équipe Israel-Premier Tech, dont fait partie Hugo Houle. C’est ce même Bauer qui, en 1988, était devenu le tout premier Canadien à remporter une étape du Tour.

Après ce qu’il a perçu comme une « trop longue » attente, l’ancien cycliste devenu mentor affiche sa joie de voir naître un nouveau modèle pour la relève canadienne en cyclisme. « Les jeunes peuvent vraiment le regarder comme un champion. »

Bauer ne se laisse toutefois pas distraire par cette vague d’éloges à l’endroit d’Hugo Houle. « Pour le Canada, c’est vraiment super, mais sur le coup, je ne pense pas trop à ça. Je pense à comment on va gagner la course, et c’est tout ! » confie-t-il en riant.

Du pain sur la planche

 

La 17^e étape, prévue mercredi, sera une journée encore plus difficile dans les Pyrénées, avec trois ascensions de première catégorie et une ascension de deuxième classe. Le trajet de 129,7 km commence à Saint-Gaudens, pour se terminer au sommet à la station de ski de Peyragudes.

Mais chaque chose en son temps : avant de penser à la prochaine étape, Houle et son équipe comptent bien célébrer. « [Mardi] soir, il va vraiment fêter la victoire d’abord. C’était une longue carrière pour en venir à une victoire comme ça », souligne Steve Bauer. « Répéter cette performance demain, ce sera difficile. Mais je suis certain qu’il va récupérer ; il va mener à bien sa course les prochains jours aussi. »

Le Tour de France prend fin dimanche à Paris. La 21^e et ultime étape se conclura alors sur les Champs-Élysées.

Avec La Presse canadienne