L’équipe canadienne en grève

Le président de Canada Soccer, Nick Bontis, a refusé l’offre faite par les joueurs de l’équipe, qui ont refusé de participer à un match de préparation de la coupe du monde.
Photo: Darryl Dyck La Presse canadienne Le président de Canada Soccer, Nick Bontis, a refusé l’offre faite par les joueurs de l’équipe, qui ont refusé de participer à un match de préparation de la coupe du monde.

L’équipe canadienne de soccer masculin a refusé de disputer un match amical en prévision de la Coupe du monde contre le Panama, dimanche, en raison d’un différend contractuel entre les joueurs et l’organisme national.

Le match prévu à la B.C. Place de Vancouver a été annulé moins de deux heures avant le coup d’envoi. Des centaines de partisans déçus vêtus de chandails rouge et blanc se sont attardés à l’extérieur du stade après l’annonce de la nouvelle.

Les joueurs canadiens ont publié dimanche un communiqué révélant qu’ils avaient décidé de ne pas disputer le match parce que les négociations sur un nouvel accord avaient été « inutilement prolongées ».

« Il est temps que nous prenions position pour l’avenir du soccer au Canada », indique le communiqué, soulignant que les pourparlers ont commencé en mars.

Les joueurs ont fait savoir qu’ils souhaitaient plus de transparence de la part de Canada Soccer, des changements à la tête de l’organisme, ainsi qu’une compensation pour la Coupe du monde 2022 au Qatar qui comprend 40 % en rémunération et un « forfait complet pour les amis et la famille ».

« Nous voulons travailler avec notre organisation, mais la relation est tendue depuis des années, poursuit le communiqué. Et maintenant, Canada Soccer a manqué de respect à notre équipe et a compromis nos efforts pour élever les normes et faire progresser efficacement le sport au Canada. »

La proposition des joueurs n’est pas viable financièrement, a affirmé le président de Canada Soccer, Nick Bontis.

« Mon travail de président est une responsabilité à l’égard de la santé fiduciaire et de la stabilité de cette organisation, pas seulement pour les 120 dernières années que nous avons traversées, mais pour les 100 prochaines années, a-t-il déclaré en conférence de presse, dimanche après-midi. Et je ne peux pas accepter cette offre, qui mettrait notre organisation dans une situation financière intenable. »

Les joueurs veulent également une révision de l’accord que Canada Soccer a signé avec Canadian Soccer Business (CSB) en 2019. L’accord de 10 ans prévoit que CSB représente les équipes nationales masculine et féminine dans toutes les ententes de commandite et de diffusion.

La déclaration des joueurs indique que l’entente « compromet la capacité [de Canada Soccer] de tirer parti du succès sur le terrain de nos équipes nationales seniors ».

« Nous avons besoin que les détails de cet accord soient divulgués et corrigés, précise-t-elle. Nous voulons savoir qui a signé cet accord qui a menotté notre association. Pourquoi Canada Soccer a-t-il renoncé à de l’autonomie dans la plus grande occasion de développer notre programme depuis des années ? »

Bontis a défendu l’accord, affirmant que CSB joue un rôle « pivot » dans le développement du sport au Canada.

Dimanche soir, le président de CSB, Scott Mitchell, a publié une déclaration disant qu’il « soutient pleinement » l’appel à plus de transparence.

« Nous sommes fiers de notre accord avec Canada Soccer et de ce que cela signifie pour l’écosystème du soccer canadien, a-t-il mentionné. Nous sommes prêts à une totale transparence sur notre accord, qui a inclus un montant sans précédent de revenus pour Canada Soccer au cours des 18 derniers mois sous forme de commandites et d’argent des médias internationaux. »

Les joueurs demandent également une structure de rémunération équitable pour les équipes masculines et féminines, et la création d’une ligue nationale féminine.

L’équipe féminine canadienne a fait savoir dans un communiqué qu’elle était heureuse de l’initiative de l’équipe masculine, mais a noté qu’elle ne considérait pas les pourcentages égaux de la FIFA pour les deux équipes comme un salaire égal.

« L’équipe nationale féminine n’acceptera pas un accord qui n’offre pas un salaire égal », indique le communiqué.

Elle a également précisé qu’elle considérait la proposition déposée vendredi par Canada Soccer pour les deux équipes comme une « étape positive » vers l’équité salariale entre les équipes masculine et féminine, « et qui fournit une base pour de futures négociations ».

L’association américaine de soccer a récemment accepté des conventions collectives qui offrent un salaire égal pour la première fois aux équipes masculine et féminine.

L’équipe masculine du Canada a annulé deux séances d’entraînement, vendredi et samedi, en raison du différend contractuel.

Elle n’a pas joué à domicile depuis qu’elle a vaincu la Jamaïque 4-0 à Toronto, le 27 mars, et décroché une place pour la Coupe du monde.

Le Canada doit donner le coup d’envoi de la Ligue des nations de la Concacaf contre Curaçao (79e) à Vancouver, le 9 juin.

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