Un successeur d’Hamelin médaillé au 1500 mètres

Steven Dubois jubile à l'arrivée de la course, qu'il a effectuée en 2:09,254.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Steven Dubois jubile à l'arrivée de la course, qu'il a effectuée en 2:09,254.

On attendait la dernière médaille du vieux lion. On a eu celle de l’un de ceux qui vont lui succéder.

Le Québécois Steven Dubois a remporté la médaille d’argent à la course du 1500 mètres en patinage de vitesse courte de piste mercredi aux Jeux olympiques de Pékin. Parti à la queue d’un peloton de dix coureurs, l’athlète de 24 ans de Terrebonne a rattrapé graduellement ses concurrents et a su reconnaître le bon moment pour se caler dans le sillon du Coréen Hwang Dae-heon, qui a pris les commandes de la course pour la mener ensuite jusqu’au fil d’arrivée à un train d’enfer. Le Russe Semen Elistratov a bien essayé de passer le Québécois à la sortie du dernier virage, mais a dû se contenter de la troisième place.

Photo: Marie-France Coallier Le Devoir

Accroché par un concurrent qui lui a fait perdre toute sa vitesse lors de la demi-finale, Steven Dubois s’est vu accorder par les juges le droit de se joindre aux finalistes. Des rares fois où il avait eu à courir avec autant d’adversaires, il avait retenu une grande leçon : c’est de ne surtout pas tarder trop longtemps avant de se porter à l’attaque parce que rapidement « en arrière, tu ne peux plus rien faire ».

« À dix coureurs, tu as une chance et il faut la saisir », a confirmé l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne, Sébastien Cros. À ses premiers Jeux olympiques, mais parmi les dix premiers au monde depuis quelques années déjà aux 500 mètres, 1000 mètres et 1500 mètres, Steven Dubois a bien été obligé de constater que ce n’était pas d’abord à lui qu’on pensait au début de l’épreuve parmi les Canadiens.

Le chant du cygne d’Hamelin

À ses cinquièmes et derniers Jeux olympiques en carrière, et à une seule médaille de devenir l’athlète masculin canadien le plus décoré des Jeux d’hiver avec déjà cinq médailles olympiques à son palmarès, Charles Hamelin avait pourtant facilement dominé sa première vague de qualification. Mais une pénalité à la suite d’un accrochage en demi-finale a brutalement mis un terme à ses espoirs de remporter cette médaille à sa dernière épreuve individuelle à Pékin. Il lui restera toutefois encore une chance lors de la course à relais masculine, dont les qualifications sont prévues vendredi, et la finale mercredi prochain.

« C’est sûr que je n’ai pas eu le résultat que je voulais, mais ça ne me dérange pas tellement. Je suis rendu, dans ma carrière, à un moment où une course comme cela ne m’affecte plus comme avant. J’ai tout donné et je suis juste content d’être ici à Pékin », a dit après l’épreuve l’athlète, qui avait eu le temps d’aller chercher un peu de réconfort auprès de sa conjointe et de leur petite Violette.

Âgé de 37 ans, la « locomotive de Sainte-Julie » est, de loin, le doyen aux épreuves de patinage de vitesse courte piste aux Jeux de Pékin. Commencé en 2003, son parcours au sein de l’équipe nationale canadienne n’a pas été seulement long, il a aussi été fructueux.

Aux derniers Championnats mondiaux, il y a presque un an, il avait encore remporté sa troisième médaille d’or en carrière au 1500 mètres, y portant son total en presque 20 ans à 37 médailles, dont 13 d’or, toutes épreuves confondues. Il n’avait pas caché alors sa satisfaction d’avoir cloué le bec à ceux qui le croyaient trop vieux pour encore gagner. « J’ai les jambes et la force pour être capable de réaliser de grandes choses », avait-il déclaré, tournant son regard vers les Jeux olympiques qui s’en venaient.

Le plus grand

 

La présence de Charles Hamelin dans une très jeune équipe canadienne, dont seulement trois membres avaient déjà participé aux Jeux avant leur arrivée à Pékin, a ajouté de l’importance à son rôle.

« C’est le plus grand athlète qu’on a jamais eu. Il nous a permis à tous de croire qu’on pouvait écrire notre propre histoire », a dit de lui mercredi une autre vétérane, Kim Boutin, qui dominait, elle aussi, les épreuves de qualification de l’épreuve du 1000 mètres mercredi jusqu’à ce qu’une craque dans la glace la fasse tomber à la sortie du dernier virage. Elle n’a toutefois pas tardé à se relever, joignant quelques minutes plus tard ses efforts à l’équipe de relais féminin qui s’est qualifiée pour la finale de dimanche.

Le nouveau médaillé olympique ne s’est pas fait prier pour vanter à son tour son coéquipier, qui devrait prendre sa retraite après les prochains Championnats du monde qui doivent se tenir à Montréal du 18 au 20 mars. « J’ai de la misère à croire qu’il y aura un autre patineur comme Charles Hamelin dans l’équipe nationale masculine, a déclaré Steven Dubois. Je ne peux pas me comparer à lui parce que c’est clairement une légende dans le sport. C’est vraiment une partie importante de l’équipe. »

Le principal intéressé espère avoir laissé à ses coéquipiers l’image d’un « travailleur acharné » et d’un « amoureux du sport », en plus de nombreux records à battre.

Sébastien Cros confirme ce portrait. Le legs de Charles Hamelin ? « C’est l’amour de ce sport. Il prend plaisir à le pratiquer, mais aussi à s’entraîner. Et ça, c’est important. On est même obligé de lui dire de s’arrêter des fois. »

« C’est dommage, s’est désolé l’entraîneur après la course de mercredi. Ce n’est pas comme ça qu’on voudrait que ça se termine. Mais il a encore [la course à] relais pour se rattraper. Et je crois que les gars sont vraiment motivés. »

Ce reportage a été financé grâce au soutien du Fonds de journalisme international Transat-Le Devoir.



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