Kim Boutin gagne le bronze sur 500 m en patinage de vitesse courte piste

Kim Boutin est restée en troisième position d’un bout à l’autre de la course.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Kim Boutin est restée en troisième position d’un bout à l’autre de la course.

Kim Boutin pourra pleinement savourer sa médaille cette fois-ci. Victime de menaces en ligne après avoir gagné sa première médaille olympique il y a quatre ans, la Sherbrookoise a récidivé en remportant de nouveau le bronze au 500 mètres en patinage de vitesse courte piste aux Jeux olympiques de Pékin.

Lors des Jeux de Pyeongchang en 2018, Boutin avait été promue sur le podium au 500 mètres à la suite d’une pénalité imposée à la Sud-Coréenne Choi Minjeong. Le cauchemar qu’elle a vécu par la suite l’a affectée pendant le reste des Jeux, malgré deux autres médailles, et les années suivantes.

L’athlète âgée de 27 ans a eu besoin de se recentrer sur elle-même, de faire une pause du sport et de consulter une psychologue spécialisée en trauma pour retrouver le plaisir sur la glace. C’est grâce au long chemin parcouru qu’elle a pu à nouveau afficher son sourire le plus radieux, lundi soir, au Palais omnisport de la capitale.

« Je suis contente d’être contente, s’est exclamée Boutin. Rapidement, on devient pas content de ces succès-là, mais le processus derrière cette médaille est immense. »

« Pour moi, d’avoir été en symbiose avec la glace, d’avoir été ici, présente, c’est une victoire », a-t-elle ajouté.

Lors de la finale, Boutin est restée coincée en troisième position d’un bout à l’autre. L’Italienne Arianna Fontana a triomphé devant la Néerlandaise Suzanne Schulting. La Chinoise Zhang Yuting et la Belge Hanne Desmet ont suivi dans l’ordre derrière Boutin.

Fontana, âgée de 31 ans, a ainsi défendu son titre acquis au 500 mètres il y a quatre ans. « C’était de grandes athlètes devant moi, a souligné Boutin. C’est toujours excitant de patiner contre Arianna et Suzanne. »

« Honnêtement, je ne savais pas où aller, a-t-elle concédé. J’étais troisième, je me demandais si je devais aller à l’intérieur ou à l’extérieur. Les deux défendaient leur place de façon différente. À un moment donné, j’ai pris la décision de protéger ma troisième place. »

Sauver l’honneur

Avant la médaille de Boutin, l’équipe canadienne connaissait jusque-là une soirée désastreuse.

Florence Brunelle a été pénalisée dès la première course au programme pour avoir fait chuter sa coéquipière, Alyson Charles, et la Chinoise Fan Kexin. Charles a été avancée en demi-finale, où elle a terminé quatrième. Elle a ensuite pris le troisième rang en finale B pour une huitième position au classement final.

 

Pour leur part, Pascal Dion et Jordan Pierre-Gilles ont été éliminés au 1000 mètres masculin dès les quarts de finale. Dion a été victime d’une chute en voulant effectuer un dépassement par l’extérieur, tandis que Pierre-Gilles a été pénalisé pour un dépassement trop agressif aux yeux des juges à l’endroit du favori local, Wu Dajing.

Brunelle était particulièrement inconsolable. La Trifluvienne âgée de 18 ans avait aussi été responsable de la pénalité du Canada en finale du relais mixte deux soirs plus tôt. « C’est ça, le sport. À force de faire des erreurs, je vais apprendre, a-t-elle dit alors qu’elle avait encore les yeux rougis par l’émotion. J’arriverai plus prête à d’autres compétitions en ayant vécu ce que je suis en train de vivre. »

De son côté, Pierre-Gilles a aussi promis de retenir la leçon, tout en notant que l’action sur la glace était encore plus chaotique aux Jeux olympiques. « On le voit à chaque course, il y a des disqualifications et des avancements. Il y a beaucoup de chutes, a dit le Sherbrookois âgé de 23 ans. Tout le monde est all-in à chaque course. Ça se retrouve entre les mains des arbitres, qui n’ont pas un rôle facile à jouer. »

La finale du 1000 mètres messieurs a aussi été le théâtre d’une décision controversée. Le Hongrois Shaolin Sándor Liu a été le premier à franchir la ligne d’arrivée, mais il a écopé de deux punitions. Le Chinois Ren Ziwei a été déclaré vainqueur, devant son compatriote Li Wenlong et le Hongrois.

Questionnée sur les rebondissements de la soirée, Boutin n’a pas mâché ses mots. « C’est dommage pour le sport et j’espère que [les responsables] vont s’ajuster lors des autres distances. Ça ne rend pas justice à notre sport », a-t-elle dit.

Boutin s’est toutefois rendu justice à elle-même en se donnant la chance de pouvoir vivre ce dont elle avait été privée il y a quatre ans. En se donnant l’occasion de savourer pleinement sa quatrième médaille olympique, qui fait d’elle la patineuse courte piste canadienne la plus décorée de l’histoire, en compagnie de Tania Vicent.

Cette médaille permet aussi auxpatineurs canadiens de tourner la page, après un début d’Olympiques difficile. « Je pense que là, on met tout ça derrière et on est prêts à ramasser d’autres médailles », a conclu Boutin.



À voir en vidéo