Marie-Ève Dicaire n’a pas eu à travailler fort pour convaincre GYM

La boxeuse Marie Eve Dicaire en conférence de presse, le 3 mars 2021
Photo: Jake May/The Flint Journal via AP La boxeuse Marie Eve Dicaire en conférence de presse, le 3 mars 2021

Yvon Michel procède toujours de la même façon quand vient le temps de proposer d’importants combats à ses boxeurs : il invite ces derniers avec leur équipe dans ses bureaux du Vieux-Montréal et étudie leur réaction.

Celle de Marie-Ève Dicaire l’a rapidement convaincu.

« Il y a deux sortes d’athlètes. […] Si on offre un combat majeur à une boxeuse et qu’elle regarde par terre, qu’elle ne semble pas trop certaine, ça nous donne une indication qu’on est mieux de regarder ailleurs », a expliqué le président de Groupe Yvon Michel d’un hôtel de Flint, au Michigan, où Dicaire tentera de devenir la championne unifiée des super-mi-moyennes face à Claressa Shields, vendredi.

« Mais ça arrive aussi très souvent, comme c’est arrivé avec Marie-Ève, qu’ils sautent au plafond, a ajouté Michel. On ne sait plus comment les retenir. Elle nous disait : “Oui, oui, oui !”. Elle ne nous a pas demandé combien, quand, comment. »

Dicaire ne comptait pas laisser cette occasion lui filer entre les doigts.

 

« J’avais besoin de me prouver des choses et de prouver que j’étais prête pour ce combat, a souligné Dicaire. […] De mémoire, ce que je me rappelle avoir dit à Yvon que plus le défi est grand, plus je vais avoir une préparation en conséquence. J’avais l’impression que ma carrière faisait du surplace. J’avais besoin de ce tourbillon, de me mettre en danger. »

Et pour être en danger, la championne de l’International Boxing Federation (IBF) le sera. Déjà championne unifiée à 160 livres, Shields (10-0, 2 K.-O.) tentera de devenir la première athlète tous genres confondus à être sacrée championne unifiée dans deux divisions de poids depuis l’avènement des quatre ceintures.

Face à Dicaire (17-0), elle mettra en jeu ses titres du World Boxing Council (WBC) et de la World Boxing Organization (WBO). Pour ne pas demeurer en reste, la World Boxing Association (WBA) ajoutera le titre vacant de super championne de la division à l’enjeu.

L’ampleur du combat ajoute-t-elle à la pression ?

« Ma conquête et mes défenses de titre m’ont permis de me bâtir une confiance, me confirmer que j’avais ma place parmi les meilleures, a indiqué la Québécoise de 34 ans. Quand j’ai gagné la ceinture, je croyais que je pouvais l’emporter, mais j’avais encore un petit doute en moi. Après mes victoires consécutives (face à Chris Namus, Mikaela Lauren, Maria Lindberg et Ogleidis Suarez), ça m’a prouvé que j’avais ma place au sein de l’élite mondiale.

« J’ai l’impression que je m’en vais passer le plus difficile examen de ma vie, mais que je suis tellement préparée. Amène-les tes questions ! Alors, ce n’est pas vraiment une pression, mais bien une belle fébrilité. »

Shields en rajoute

 

Par contre, même si Shields est sans l’ombre d’un doute reconnue comme l’une des meilleures — sinon la meilleure — de la profession, l’Américaine de 25 ans a senti le besoin d’en rajouter.

« Si Ali n’avait pas dit qu’il était le plus grand de tous les temps, on ne dirait pas cela de lui aujourd’hui, a-t-elle affirmé. Alors je vais le dire : je suis la plus grande de tous les temps. Il y a Mohamed Ali et il y a ensuite Claressa Shields. Je veux que vous sachiez qu’à compter du 5 mars, mon nom sera maintenant Claressa “The G.O.A.T.” Shields. “T-Rex” n’existe plus. »

« Elle est qui elle est, a dit Michel quand on lui a demandé s’il s’agissait d’un manque de respect de la part de Shields que de s’autoproclamer la plus grande de tous les temps. Elle n’a probablement pas tort, mais je pense qu’après le combat de vendredi, elle parlera avec un peu plus d’humilité. »

« Je regarde toujours ce que l’adversaire dit, fait, pense, réagit, a pour sa part raconté Stéphane Harnois, l’entraîneur de Dicaire. On la connaît bien, on sait comment elle fonctionne. On a fait le travail nécessaire pour l’affronter. »

Le clan Dicaire ne s’inquiète pas outre mesure de l’absence de juges du Québec pour ce combat. Certains ont fait remarquer que par le passé (le combat entre Éric Lucas et Markus Beyer en Allemagne en 2003 a été évoqué), des boxeurs de La Belle Province ont été victimes de décisions douteuses.

« Si le combat avait eu lieu en Europe ou en Angleterre, je pense que ça n’aurait pas été la même chose, a fait valoir Dicaire. Mais regardez le combat entre « Badou » Jack et Jean Pascal : il avait été très serré et c’est Jean qui l’a tout de même emporté.

« Au contraire : peut-être que des juges du Québec qui n’ont jamais vu boxer Shields auraient pu être impressionnés et lui donner des rounds qu’elle ne méritait pas vraiment. »

Michel a toutefois obtenu qu’aucun juge du Michigan ne soit aux abords du ring pour le combat. Ce sont Robin Taylor (New York) Perla Rodriguez (Oregon) et Mauro Di Fiore (Illinois) qui noteront les rounds.

Dans le ring, le réputé arbitre montréalais Michael Griffin gérera l’action.

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