Montréal, ville de basket?

Selon les promoteurs du projet, installer une équipe de la NBA dans la métropole représenterait un investissement entièrement privé variant entre 1,5 et 2 milliards de dollars américains.
Photo: Peter Aiken Getty Images Agence France-Presse Selon les promoteurs du projet, installer une équipe de la NBA dans la métropole représenterait un investissement entièrement privé variant entre 1,5 et 2 milliards de dollars américains.

Montréal est une métropole nord-américaine, mais est-elle une ville de basket ? Les gens d’affaires appuyés par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) qui ont officialisé mercredi leur intention d’attirer une équipe de la National Basketball Association (NBA) dans la métropole en sont convaincus. Sauront-ils convaincre les sceptiques ?

Attablés dans un chic hôtel du centre-ville de Montréal pour dévoiler leur projet, l’avocat et ex-politicien Michael Fortier, le consultant et ancien vice-président directeur du Canadien de Montréal Kevin Gilmore et le président de la CCMM, Michel Leblanc, n’ont pas fait de cachotteries.

Ils souhaitent que Montréal ait son équipe de la NBA, mais ils savent que ce n’est pas pour tout de suite. « Même si la NBA et son commissaire [Adam Silver] nous ont clairement dit qu’ils n’ont actuellement pas de plan d’expansion, nous avons pris la décision de nous préparer pour le moment où une expansion arrivera, parce que nous croyons qu’elle arrivera », a lancé d’entrée de jeu M. Fortier, quelques heures avant le match hors concours entre les Raptors de Toronto et les Nets de Brooklyn disputé au Centre Bell.

La sortie médiatique de mercredi avait donc essentiellement pour but de démontrer que Montréal a ce qu’il faut pour accueillir une formation de la NBA, le moment venu. Pour ce faire, les promoteurs ont dévoilé une étude dans laquelle ils ont comparé les 49 villes nord-américaines ayant au moins une équipe évoluant dans l’une des quatre plus grandes ligues professionnelles (LNH, NBA, NFL et MLB).

En évaluant ces villes selon une série d’indicateurs, ils ont pu déterminer que Montréal représente le 7e marché le plus « attrayant ». Et parmi les dix premières villes de ce classement, Montréal est la seule n’ayant qu’une équipe de ces quatre grandes ligues, ce qui leur fait dire qu’il s’agit d’un marché « sous-exploité ».

Investisseurs recherchés

 

Selon les promoteurs du projet, installer une équipe de la NBA dans la métropole québécoise représenterait un investissement entièrement privé variant entre 1,5 et 2 milliards de dollars américains.

Stéphan Crétier, le chef de la direction de GardaWorld, est déjà prêt à investir jusqu’à 10 % de cette somme, et le groupe est maintenant à la recherche d’investisseurs pouvant provenir de « n’importe où dans le monde » qui seraient prêt à se joindre à lui.

Si une équipe s’installait à Montréal, elle jouerait vraisemblablement au Centre Bell. Il faudrait cependant que ses propriétaires s’entendent avec l’organisation du Canadien de Montréal.

Selon M. Gilmore, les échecs passés d’équipes professionnelles de basketball à Montréal ne sont pas annonciateurs de l’avenir. À son avis, la qualité du spectacle de la NBA fera en sorte que l’offre de billets ne suffira pas à la demande.

Plusieurs autres villes nord-américaines comme Seattle, Las Vegas ou même Mexico sont souvent évoquées comme de potentiels marchés pour une nouvelle équipe de la NBA, bien avant Montréal. Et Michael Fortier en est bien conscient.

 

« Comme je l’ai dit au commissaire, ça ne me dérange pas d’être [son] plan B pour le moment », a-t-il souligné. Je suis convaincu qu’à mesure que nous poursuivrons nos discussions avec différents partenaires, Montréal sera davantage prise au sérieux. »

Peu d’espoirs

Le professeur de l’Université Laval et directeur de l’Observatoire international en management du sport Frank Pons ne partage cependant pas l’optimisme de M. Fortier. « Honnêtement, l’espoir d’avoir une franchise de la NBA est très, très, très limité », dit-il.

« Montréal est un marché intéressant quand on regarde son attractivité économique dans son ensemble, mais quand on regarde la culture du basket, on est plus dans l’événementiel », ajoute-t-il.

« C’est sûr qu’il existe une culture de hockey qui est assez forte au Québec, mais je pense qu’il est en train de se créer une culture du basket », rétorque le directeur général de Basketball Québec, Daniel Grimard.

« C’est évident qu’avoir une équipe professionnelle à Montréal, ça donnerait une belle vitrine pour le basketball, ce qui nous manque actuellement, malgré notre belle croissance. »

Renforcer l’image

Au-delà des considérations sportives, Michel Leblanc estime qu’une équipe montréalaise de la NBA permettrait à la métropole de gagner en « notoriété ».

« Montréal a présentement un dynamisme qui ne se reflète pas dans la perception nord-américaine ou extérieure et les équipes de sport majeures à Montréal viendraient simplement rétablir le statut réel de la ville en Amérique du Nord », a-t-il déclaré mercredi.

C’est vrai, dans une certaine mesure, estime André Richelieu, un professeur de l’UQAM spécialisé en marketing du sport. « Du point de vue de la notoriété uniquement, Montréal n’aurait pas grand-chose à y gagner. La ville est connue et reconnue à l’échelle internationale », observe-t-il.

« Par contre, une stratégie de mise en valeur et de mise en marché d’un territoire par le sport pourrait être bénéfique à Montréal pour l’aider à renforcer son image de marque. »

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