Les stades éphémères, l’avenir des Jeux olympiques

Érigé au coût approximatif de 138 millions de dollars canadiens, le Stade olympique de Pyeongchang ne servira que quatre fois avant d’être démantelé. Une courte durée de vie qui marque une tendance aux infrastructures sportives éphémères, changeant la façon de mettre en valeur les villes hôtes.
Sans toit ni chauffage — un avertissement sur le site officiel des Olympiques suggère aux spectateurs d’apporter des couvertures parce qu’il y fait « très froid » —, le Stade olympique de Pyeongchang est une installation éphémère d’une capacité de 35 000 places, destinée à être démontée après avoir servi aux cérémonies d’ouverture et de fermeture des Jeux olympiques et des paralympiques, qui auront lieu le mois prochain.
Il existe peu d’exemples semblables pour des Jeux olympiques d’hiver, à part à Albertville, en France, en 1992. Son Théâtre des cérémonies avait aussi accueilli 35 000 spectateurs avant d’être détruit. Les infrastructures temporaires utilisées dans le cadre d’événements sportifs sont toutefois un peu plus courantes dans le cadre des Jeux d’été. Par exemple, à Londres, en 2012, le stade de basketball a été conçu pour être démonté après les compétitions, et ses matériaux pouvaient être recyclés.
Contrer la « débauche » d’investissements
Malgré son coût qui semble élevé — à plus de 25 millions à chaque utilisation —, les frais engagés pour le stade de Pyeongchang restent modestes pour un tel type d’équipement, affirme Stéphane Koval, consultant en stratégie d’infrastructures sportives et doctorant en études urbaines à l’UQAM. M. Koval les compare ainsi aux coûts d’une construction permanente équivalente, qui pourraient s’élever, eux, à 200 ou 250 millions. D’autant plus qu’un bâtiment permanent doit avoir une vie après les Jeux ; un pari qui serait difficile à gagner alors que la région de Pyeongchang compte 45 000 habitants, soit 10 000 de plus que la capacité du stade.
C’est pour réagir à la « débauche » passée en investissements pour des infrastructures infructueuses, qui sont souvent mal utilisées après les Jeux, que le Comité international olympique encourage lui-même le recours aux infrastructures démontables et moins coûteuses, indique M. Koval. Il précise toutefois qu’il y aura toujours possibilité pour les villes hôtes de construire des équipements permanents, si ceux-ci répondent à un besoin local. « C’est vraiment une affaire de contexte ».
Ainsi, bien qu’un stade d’hiver éphémère soit inusité, on peut s’attendre à ce que ce type d’infrastructures se développe de plus en plus, dit le consultant. « Je pense que ça va être l’avenir. D’ailleurs, il y a un certain nombre d’entreprises qui se positionnent au niveau de la mise en scène des paysages urbains ».
Une nouvelle mise en valeur des lieux
« En termes d’image et de retombées sociales, [l’impact d’un stade démontable] est nul. C’est un "one shot". Après, on démonte et le cirque s’en va, quoi ! », admet Stéphane Koval.
À Pyeongchang, le stade éphémère n’a pas comme fonction de mettre en valeur le paysage autour, indique-t-il. Par contre, les infrastructures sportives démontables participent d’une façon différente de concevoir l’environnement entourant les événements. « C’est le cadre qui va jouer plus que l’équipement lui-même », dénote-t-il. À Rio en 2016, les épreuves de volley ball de plage se disputaient dans le décor de la plage de Copacabana. À Paris, en 2024, elles se tiendront sur le Champ-de-Mars, avec la tour Eiffel en toile de fond. Effet spectaculaire garanti.
Considérant cette tendance, peut-on imaginer un avenir où le CIO remballe et déballe de Jeux en Jeux le même stade, à la manière d’un spectacle itinérant ? Sans exclure complètement cette hypothèse, M. Koval indique ce serait peu probable. « Les normes de sécurité et d’évacuation, différentes entre les pays, rendent cette solution compliquée à mettre en oeuvre ».