Coderre veut s’assurer que l’AMA demeurera à Montréal

Le maire Denis Coderre
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le maire Denis Coderre

Le maire de Montréal, Denis Coderre, craint que le siège social de l’Agence mondiale antidopage ne quitte la ville qu’il dirige, et il entend veiller à ce que cela ne se produise pas.

En point de presse mercredi matin, le premier magistrat a évoqué des « tensions » au sein du mouvement olympique et du sport international qui pourraient faire en sorte qu’on veuille replacer l’AMA en Europe, très probablement en Suisse, où se trouvent déjà plusieurs instances mondiales du sport.

« On entend toutes sortes de choses sur l’avenir de l’AMA à Montréal. C’est sûr qu’il y a des membres de la communauté olympique qui voudraient peut-être rapatrier [les bureaux principaux de l’AMA], a déclaré le maire. Il y a toujours cette tendance presque aristocratique des gens du Comité international olympique qui veut tout centraliser. Mais mettre dans une même place le siège social de l’Agence et du CIO, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas là-dedans. »

Les « tensions » en question renvoient à quelques épisodes survenus en 2016, notamment le dépôt par l’AMA d’un rapport accablant sur le dopage systémique en Russie quelques semaines à peine avant les Jeux olympiques de Rio de Janeiro et la recommandation faite par l’Agence que tous les athlètes russes en soient exclus, qui a irrité de hauts dirigeants du CIO. Finalement, seuls les membres des équipes d’athlétisme et d’haltérophilie du pays ont été interdits de participation en bloc.

En novembre dernier, le président de l’Association des comités olympiques nationaux et membre du CIO, le cheikh koweïtien Ahmad al-Fahad al-Sabah, a publiquement réclamé un transfert de l’AMA vers la Suisse.

Créée en 1999 par le CIO dans la foulée de scandales de dopage ayant ébranlé le Tour de France cycliste, l’AMA a d’abord eu pignon sur rue à Lausanne. En 2002, elle a déménagé à Montréal à la suite d’un vote serré du CIO, après que M. Coderre, alors secrétaire d’État au Sport amateur dans le cabinet fédéral, eut mené une campagne de persuasion intense. Comme il l’a dit mercredi, l’idée était que « l’ensemble des régions du monde puisse avoir voix au chapitre ».

Le bail actuel de l’AMA, qui loge dans la tour de la Bourse et emploie près de 80 personnes, vient à échéance en 2021.

Le maire a expliqué qu’il rencontrera prochainement à ce sujet la ministre fédérale des Sports, Carla Qualtrough, afin de connaître les intentions d’Ottawa, de même que le président du CIO, Thomas Bach. « Il y a des games qui se jouent au niveau des organisations internationales. C’est donc le meilleur moment présentement pour s’assurer qu’on ne soit pas en mode réaction et que le pire arrive, ne serait-ce que de lever un drapeau pour que les gens puissent s’assurer que ça n’arrive pas. »

« Je veux juste sensibiliser, a-t-il poursuivi. Je pense que c’est important à ce moment-ci de le faire pour que tous ceux qui ont un rôle à jouer puissent répondre aux questions. J’aime mieux prévenir que guérir. On ne part pas en peur. »

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