Ecclestone met de la pression sur les organisateurs du GP du Canada

Le grand argentier de la Formule 1, Bernie Ecclestone, met en doute la capacité des organisateurs du Grand Prix du Canada à Montréal de respecter leur part du contrat et de donner comme convenu à ses bolides de nouveaux garages et paddocks pour l’an prochain.
Passé maître dans l’art de jouer avec les journalistes, l’homme d’affaires leur en a juste assez dit jeudi, dans le brouhaha d’une mêlée de presse survenue en marge de l’annonce de l’arrivée d’un nouveau gros commanditaire en F1, pour mettre la pression sur ses partenaires montréalais.
À la question : est-ce qu’il croit que les nouveaux équipements promis seront prêts en 2017 ?, il a répondu : « J’en doute. » À la question : est-ce que cela pourrait compromettre la tenue du Grand Prix à Montréal l’an prochain ?, il a fait cette nuance : « Cela compromet le contrat » avec le promoteur.
Le contrat de 10 ans signé en 2014 entre le Formula One Group d’Ecclestone et le promoteur du Grand Prix du Canada, le Groupe de course Octane, de François Dumontier, prévoit de nouveaux garages et paddocks pour 2017. Estimés à 32,6 millions de dollars, les travaux relèvent de la responsabilité de la Ville de Montréal et n’ont toujours pas franchi les étapes de conception, en raison notamment de critiques formulées par le Bureau de l’inspecteur général de Montréal sur la gestion d’autres projets.
Faire des affaires avec Bernie
Dumontier, le promoteur du GP de Montréal, n’a pas voulu commenter les déclarations d’Ecclestone ni ses chances d’avoir à temps de nouveaux garages sur le circuit Gilles-Villeneuve de l’île Notre-Dame.
Il n’est pas sans savoir que M. Ecclestone lui cherchait un remplaçant cet hiver et qu’il a notamment approché le président fondateur du festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, ainsi que l’homme d’affaires Alexandre Taillefer. Le Groupe Octane a eu du mal à payer des fournisseurs l’an dernier, mais il assure avoir raffermi ses assises financières depuis lors.
Dumontier espérait encore, il y a quelques semaines, pouvoir annoncer, durant le week-end du Grand Prix, la venue d’un commanditaire principal, mais il a reconnu jeudi que les négociations sont toujours en cours.
L’important événement de presse qui venait de se tenir sur le circuit visait à annoncer la venue du géant de la bière Heineken en F1. S’élevant à 220 millions d’euros (315 millions de dollars) sur 7 ans, la commandite du brasseur néerlandais s’appliquera à 9 des 21 épreuves du championnat à partir de l’an prochain, mais pas à celle de Montréal.
Moins de retombées que prévu
Le gouvernement du Québec, la Ville de Montréal, Tourisme Montréal et le Groupe Octane ont par ailleurs dévoilé, en fin de journée vendredi, une étude révisant considérablement à la baisse les retombées économiques du Grand Prix du Canada. Estimées par Québec à plus de 89 millions en 2009, ces retombées annuelles sont maintenant établies à 42,4 millions, en vertu d’une méthode de calcul jugée plus rigoureuse.
En échange des quelque 18,6 millions versés annuellement par les trois ordres de gouvernement et Tourisme Montréal à l’entreprise de Bernie Ecclestone, les gouvernements engrangeraient notamment 8,1 millions de retombées fiscales. Plus de 85 % de ces retombées économiques et fiscales ont été générées par des visiteurs issus de l’extérieur du Québec.
Le Grand Prix de Formule 1 « fait partie de la signature de Montréal et nous procure une visibilité extraordinaire tant au Canada qu’à l’étranger », a déclaré le maire de Montréal, Denis Coderre, lors du dévoilement de ces nouveaux chiffres.
L’événement a attiré sur les abords du circuit 93 273 spectateurs l’an dernier, pour un total de 244 000 entrées durant les trois jours d’activités.
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