La résonance magnétique pour pincer les tricheurs

La nouvelle méthode de numérisation utilise une tablette, un boîtier, un adaptateur et un programme développé pour l’occasion.
Photo: Fabrice Coffrini Agence France-Presse La nouvelle méthode de numérisation utilise une tablette, un boîtier, un adaptateur et un programme développé pour l’occasion.

Moteur caché, aimant, batterie dissimulée dans un cadre… À deux mois du Tour de France et après un premier cas prouvé, l’Union cycliste internationale met en garde les tricheurs et assure que grâce à la résonance magnétique, elle peut désormais détecter le « dopage mécanique ».

Ce n’était jusque-là qu’une rumeur colportée par des images troublantes de coureurs accélérant de façon étrange. Puis, en janvier, un premier cas a été révélé : la Belge Femke Van den Driessche, championne de cyclo-cross, avait dissimulé un moteur dans son vélo lors des Championnats du monde à Zolder. Fin avril, l’athlète de 19 ans a été suspendue pour six ans et a annoncé qu’elle mettait fin à sa carrière.

Cette première infraction avérée a mis en ébullition la presse spécialisée. Et à quelques jours du Tour d’Italie et à quelques semaines du Tour de France, il fallait que les instances mondiales montrent qu’elles prennent le problème à bras-le-corps.

Mardi, l’UCI a ainsi convoqué la presse pour promouvoir la technique qui a permis de trouver ce premier moteur caché, un système de résonance magnétique capable de détecter « toute forme » de fraude technologique, a assuré mardi son président, Brian Cookson, lors d’une présentation à la presse au siège de l’instance internationale à Aigle, en Suisse.

La nouvelle méthode de numérisation, préférée aux rayons X, à l’imagerie thermique et aux ultrasons, utilise une tablette, un boîtier, un adaptateur et un programme développé pour l’occasion qui permettent à l’opérateur de contrôler un vélo complet, ses roues, son cadre, son groupe et autres composantes « en moins d’une minute », explique l’UCI.

Le scanner crée un champ magnétique et la tablette détecte ensuite toute interruption de ce dernier qui serait causée par la présence d’un moteur, d’un aimant ou d’un objet solide comme une batterie dissimulée dans un cadre ou un autre composant. La technologie a été développée avec le concours de la société Typhoon, située à Monaco et dirigée par l’Irlandais Harry Gibbings.

« Nous vous attraperons »

Le dopage mécanique « est une question que nous prenons très au sérieux. Nous envoyons un message pour dire aux tricheurs : « Si vous utilisez cette méthode, nous vous attraperons »», a insisté Cookson, qui n’a pas voulu donner de précisions sur la somme d’argent investie par l’UCI dans la mise au point de ce système, « une somme importante certes, mais à moins de sept chiffres ».

« Nous sommes conscients de l’intérêt porté par les médias au cours des dernières semaines », a ajouté Cookson, faisant allusion à un reportage d’une émission sportive de la télévision française qui, avec des caméras thermiques, a alimenté les soupçons quant à l’ampleur du phénomène.

« Nous estimons que notre système est plus efficace que celui qu’ils ont utilisé », a dit Cookson, qui estime que « l’imagerie thermique n’est pas aussi fiable que notre technologie ».

L’UCI a également testé la technique des rayons X, qui s’est révélée « peu pertinente en raison de la complexité des problèmes logistiques inhérents à sa mise en oeuvre » ainsi que celle des ultrasons, « prometteuse en théorie mais inefficace en raison de l’épaisseur et de la densité très différentes des cadres des vélos et de leurs composants ».

Depuis le début de l’année, a précisé Mark Barfield, directeur technique, l’UCI a procédé à « 2500 tests et d’ici à la fin de l’année, nous aurons effectué un total de 10 000 à 12 000 tests ».

Au Tour de Romandie qui s’est achevé dimanche à Genève avec la victoire du Colombien Nairo Quintana, l’UCI a procédé à « des contrôles inopinés » et « a contrôlé 507 vélos. Aucune fraude technologique n’a été détectée. »

Cette année, 274 tests ont été effectués pendant les Championnats du monde sur piste à Londres, 216 au Tour des Flandres et 232 sur Paris-Roubaix.

Les équipes professionnelles « réclamaient ces tests », a déclaré Barfield, qui assure avoir eu « une bonne collaboration » de leur part.

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