Quel avenir pour la Seleção ?

Luiz Felipe Scolari
Photo: Fabrice Coffrini Agence France-Presse Luiz Felipe Scolari

On redoutait le pire pour le Brésil — le pays, pas son équipe de foot.

 

Pourtant, le pays hôte a organisé une magnifique Coupe du monde, mis à part quelques fausses notes. C’est finalement la performance de l’équipe qui a incité plusieurs Brésiliens à se questionner sur les raisons pour lesquelles les choses ont si mal tourné.

 

On estimait que le championnat était à la portée de la Seleção, surtout qu’elle jouait sur ses terres. Mais l’équipe s’est finalement contentée de la quatrième position alors que sa grande vedette a été victime d’une grave blessure et qu’elle a subi une défaite brutale de 7-1 contre les Allemands en demi-finale.

 

La nation la plus titrée de l’histoire du Mondial a donc échoué à ses trois derniers tournois, un palmarès qui soulève bien des questions sur ses façons de faire.

 

Il est déjà établi que l’équipe subira des changements après ce tournoi. Dès lundi, on a appris que le sélectionneur Luiz Felipe Scolari avait remis sa démission. Son successeur n’est pas encore connu.

 

De nouveaux joueurs se joindront à Neymar et Oscar pour la prochaine édition de la Coupe du monde, en Russie en 2018. Les critiques disent que de plus gros changements sont nécessaires, y compris au sein de la Confédération brésilienne de football (CBF).

 

L’humiliante défaite contre l’Allemagne, qui a embarrassé tout le Brésil, pourrait devenir le point tournant pour l’équipe nationale. Ce revers a démontré qu’il faut reconstruire.

 

« Nous avons échoué. Nous n’avons pas répondu aux attentes, nous savons que nous n’avons pas disputé un bon tournoi », a déclaré l’attaquant Neymar, qui a raté les deux derniers matchs en raison d’une fracture d’une vertèbre lombaire. « Nous n’avons pas offert le type de football qui caractérise l’équipe nationale brésilienne. Nous avons suffisamment bien joué pour atteindre les demi-finales, mais ce n’était pas le football brésilien, celui qui fait le délice de tout le monde. »

 

Le Brésil n’a jamais offert son traditionnel « jogo bonito », le légendaire « beau jeu », et il a terminé le tournoi avec trois victoires, deux verdicts nuls et deux défaites, dont un revers de 3-0 contre les Pays-Bas lors de la petite finale samedi.

 

« Le football brésilien doit évoluer en général, a analysé le défenseur Dani Alves. Nous ne pouvons pas discréditer le travail qui a été fait au sein de cette équipe, mais nous devons trouver une façon de commencer la restructuration de notre football grâce à la relève. »

 

Le président de la CBF, Jose Maria Marin, avait déclaré que perdre la Coupe du monde à domicile serait comme « aller en enfer ».

 

« Nous devons penser notre football différemment », estime l’entraîneur brésilien Paulo Autuori, qui a guidé le São Paulo FC au titre de la Coupe du monde des clubs en 2005. « La CBF doit être entre les mains de personnes du monde du football. Les personnes en charge doivent pouvoir penser football. »

 

Marin, un ancien politicien, quittera la CBF l’année prochaine et il sera remplacé par le président de l’État de São Paulo, Marco Paulo Del Nero. Tous les deux ont des liens politiques avec Ricardo Teixeira, qui a dirigé la Confédération pendant plus de 20 ans avant de démissionner en 2012 en évoquant des raisons médicales mais qui était en plein coeur d’allégations de corruption et d’irrégularités au sein de son administration.

 

« Mauvaise gestion »

 

Scolari a été nommé à la tête de l’équipe de 2014 surtout en raison de sa popularité et de son expérience, lui qui a remporté la Coupe du monde en 2002. Plusieurs critiques estiment qu’il est dépassé comme entraîneur. Avant de se joindre à l’équipe nationale, il avait été relégué dans la Ligue brésilienne à Palmeiras.

 

« Nous devrions le remercier, mais nous avons besoin de nouvelles personnes avec de nouvelles idées sur la façon de jouer à la manière brésilienne », a déclaré l’ancienne vedette Zico, qui a également expliqué les problèmes du Brésil par « la mauvaise gestion, un manque de structure et un manque de leadership ».

 

Scolari a précisé que le Brésil traverse une période où il y a « moins de jeunes joueurs prometteurs » dans le pays, et il a déclaré que la CFB doit « continuer de travailler » pour en produire davantage dans l’avenir.

 

Quel que soit l’identité du nouvel entraîneur, on assistera à un changement de la garde parmi les joueurs.

 

Des 23 joueurs sélectionnés par Scolari pour le tournoi de cette année, seulement sept auront moins de 30 ans en 2018 — Neymar, Oscar, Marcelo, Luiz Gustavo, Paulinho, Willian et Bernard.

 

« C’était décevant comme dénouement, mais nous devons nous rappeler que cette génération a commencé un processus de reconstruction pour 2018 avec une quatrième place à la Coupe du monde », a mentionné Scolari.

 

Neymar, qui aura 26 ans en 2018, portera alors toujours les espoirs d’un sixième titre mondial pour l’équipe nationale.

 

« Ce sera un souvenir douloureux pour un bon moment, mais nous savons que des jours meilleurs viendront, a déclaré l’attaquant de 22 ans. Nous devons faire tout ce qui est possible pour que le peuple brésilien redevienne heureux. »

 

L’échec de l’équipe est l’échec d’une structure, qui doit être repensée.

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