De la fougue pour conquérir le coeur des Canadiens

Toronto – Les joueuses de l’équipe canadienne de soccer s’étaient fixé un objectif élevé cette année, mais au bout du compte, elles ont réussi bien plus que simplement remporter une médaille olympique. Elles voulaient inspirer une génération de jeunes femmes afin qu’elles suivent leurs traces, et elles y sont parvenues.
Les Canadiennes ont décroché une médaille de bronze aux Jeux de Londres au moyen d’une fougueuse prestation qui a gagné le coeur des amateurs de sport canadiens et inspiré bien des petites filles à faire comme elles un jour.
L’exploit de la sélection canadienne, survenu à la suite d’une année spectaculaire, lui a valu le titre d’équipe de l’année 2012 selon La Presse canadienne à la suite d’un scrutin réalisé auprès des directeurs des sports et des diffuseurs du pays.
« Les filles savaient, avant même d’entreprendre leur aventure, qu’elles allaient se dévouer entièrement à la cause, qui était d’amener ce pays à un autre niveau, a indiqué l’entraîneur de la sélection canadienne féminine, John Herdman. Ce n’était pas la médaille de bronze qui les motivait, c’était l’héritage qu’elles allaient se donner et laisser au pays. Certains trouveront que ce sont là des sentiments à l’eau de rose, mais ce n’était pas le cas. »
L’équipe a récolté 228 points, ainsi que la majorité des votes de première place (68), pour se sauver avec l’honneur qui a été décerné pour la première fois en 1966.
Les Argonauts de Toronto, champions de la Coupe Grey, ont pris le deuxième rang du scrutin avec 99 points, devant le huit masculin en aviron et l’équipe canadienne de hockey féminin (43 chacun) ainsi que l’équipe de curling de Glenn Howard (41).
Personne n’aurait pu prédire ce qui allait survenir à Londres, à l’occasion du plus grand événement sportif au monde.
Les Canadiennes venaient de connaître une démoralisante Coupe du monde en 2011, où elles ont terminé au tout dernier rang. Herdman a alors été embauché afin de recoller les morceaux. Le premier signe du virage qui a alors été entrepris est survenu lors des Jeux panaméricains, à l’automne 2011, quand le Canada a défait le Brésil dans la finale pour l’or.
À Londres, les Canadiennes ont assuré leur place en quarts de finale avec un verdict nul de 2-2 contre la Suède, puis elles ont vaincu les Britanniques 2-0, préparant la table pour un duel de demi-finale contre leurs grandes rivales américaines.
Lors d’un match qui restera l’un des plus mémorables du soccer canadien, la capitaine Christine Sinclair a réussi un tour du chapeau dans une défaite crève-coeur de 4-3 aux mains des États-Unis. Le résultat controversé a nécessité 123 minutes de jeu et a mené à une suspension de quatre matchs imposée à Sinclair en raison d’un « incident » d’après-match (elle a critiqué l’arbitrage).
Dans le match pour la médaille de bronze, Diana Matheson a marqué à la 92e minute pour fournir un dénouement inattendu à un match qui a vu la France dominer outrageusement une formation canadienne épuisée. Et au cours d’une année qui a vu la sélection masculine de soccer s’écraser de manière spectaculaire en qualification pour la Coupe du monde, les femmes ont gagné une pléiade de nouveaux partisans.
« Je crois que le programme féminin est plus qu’une affaire pour les filles, a lancé le président de l’Association canadienne de soccer, Victor Montagliani. Il y a tellement d’émotions qui sont rattachées à cette équipe. Ce n’est pas seulement Christine ; l’équipe compte plusieurs joueuses de caractère. »
Les émotions ont continué d’être au rendez-vous ces quatre derniers mois, au retour de Londres, alors que les joueuses ont pu voir dans le visage de leurs partisans l’impact qu’elles ont eu dans leur vie. « C’est quelque chose que nous avons toutes accepté avec joie, et je crois que nous comprenons que c’est ça que nous voulions. Nous voulions ramener cette médaille, et nous voulions changer le visage du sport au Canada », a indiqué Sinclair, qui a reçu jeudi le trophée Bobbie Rosenfeld remis à l’athlète féminine canadienne de l’année selon La Presse canadienne.