Québec - M. Sports

Québec — Jacques Tanguay, l'homme d'affaires derrière les récents succès sportifs de la capitale (Remparts, Rouge et Or) n'est pas désireux d'investir dans une équipe de sport professionnelle. Il préfère suivre le développement de ses deux «bébés» et doter les jeunes de la région d'infrastructures sportives.
«Je n'aurais pas de plaisir demain matin à opérer du sport professionnel», explique-t-il dans son bureau des entrepôts d'Ameublements Tanguay. Une petite décoration trône sur une table: la coupe Vanier que le Rouge et Or vient de remporter pour la troisième fois en quatre ans. «Dans la vie, il faut que tu te limites à ce que tu fais de bien au lieu de courir deux ou trois lièvres à la fois. Personnellement, j'en ai assez avec ma famille, le Rouge et Or, les Remparts, le Midget 3A à Sainte-Foy et le Challenge Bell, en plus du commerce que j'ai à opérer. J'ai deux bébés et je ne les laisserai pas tomber pour aller chercher quelque chose de professionnel.»Depuis dix ans, Jacques Tanguay est associé de près ou de loin à pratiquement tous les grands projets sportifs dans la capitale. Au milieu des années 1990, il s'associait avec le regroupement des équipes sportives de l'Université Laval (le Rouge et Or) pour lancer un club de football qui connaît aujourd'hui le succès que l'on sait. Peu après, en 1996, il rachetait avec Patrick Roy et Gaston Cadrin la franchise des Harfangs de Beauport pour 750 000 $ avant de fonder les Remparts de Québec. Et c'est sans compter le tennis et le hockey mineur.
Même s'il refuse de faire ce lien, ses équipes sont venues combler au moins une partie du vide laissé par le départ des Nordiques. «Nordiques ou pas, le Rouge et Or aurait probablement vu le jour», lance-t-il. Quant à l'aventure des Remparts, il dit avoir été guidé avant tout par la volonté de garder une équipe de hockey junior majeur à Québec. «La ligue ne pouvait pas accepter que Québec perde sa franchise. C'était le berceau de la Ligue junior majeure du Québec durant les années 1970», rappelle cet ancien joueur des Aigles bleus de l'Université de Moncton.
Le sport, une affaire de famille chez les Tanguay
Jacques Tanguay a la carrure d'un joueur de hockey et il en impose. Si on ne l'avait pas vu fumer une cigarette à l'entrée de l'immeuble, on l'aurait sûrement cru invulnérable. Comme bien des gens de Québec d'ailleurs, qui l'ont classé, dans un sondage cette année, deuxième personnalité de la ville en influence, juste derrière Andrée P. Boucher.
De cela, le principal intéressé se dit «fier» mais ajoute que «ce n'est pas pour ça qu'on fait du sport, qu'on gagne un championnat et qu'on se passionne pour les athlètes».
La passion du sport est une affaire de famille chez les Tanguay, toutes générations confondues. Les trois fils de Jacques jouent au hockey et c'est Maurice, le grand-père, qui a fondé l'Océanic de Rimouski. «C'est dans les valeurs de mon père d'être très impliqué dans le sport. Lorsqu'il était très actif dans le commerce, souvent le temps lui manquait. C'est lorsqu'il a cessé de diriger l'entreprise au jour le jour qu'il a pu exercer sa vraie passion, en devenant propriétaire de l'Océanic de Rimouski.»
Pour Jacques Tanguay, le sport est une affaire de famille à plus d'un niveau. Un loisir pour les enfants et leurs parents. Il se réjouit tout particulièrement de voir les inscriptions augmenter dans les ligues de hockey mineur à Québec. «Il y a une recrudescence, et le président du hockey mineur dans la région l'attribue au succès des Remparts de Québec. C'était ça notre but. Que les joueurs deviennent des modèles pour les plus jeunes.»
C'est dans cet esprit que l'homme d'affaires cherche à convaincre les gouvernements d'investir dans un projet de 75 millions afin d'agrandir et moderniser le complexe sportif (PEPS) de l'Université Laval. «L'Université s'est ouverte à la population avec le temps. Maintenant, le PEPS sert autant aux gens de l'extérieur qu'aux étudiants. [...] L'investissement de 75 millions dont on parle, ça n'a pas nécessairement à voir avec le football, ça concerne l'accès à tous les sports pour les jeunes. C'est bien beau de parler de l'élite sportive mais pour avoir une élite, ça prend des ressources pour les jeunes»
La mairesse Boucher a déjà promis dix millions, et l'Université attend maintenant les appuis des gouvernements provincial et fédéral qui partageraient le reste de la facture. Les signaux sont positifs, assure Jacques Tanguay, qui n'a pas manqué de discuter du projet avec le premier ministre Charest mardi dernier, lors de l'hommage rendu au Rouge et Or, à l'Assemblée nationale. «Ça fait deux ans qu'on travaille sur ce dossier-là. Je pense qu'on est à quelques semaines de l'aboutissement du projet. Il a fait l'unanimité partout. C'est rare.»
Collaboratrice du Devoir