La Formule 1 en crise - La réplique de Villeneuve
Suzuka, Japon - La situation délicate où se trouve actuellement la Formule 1 a de quoi inquiéter les plus hauts dirigeants de cette discipline. Le président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), Max Mosley, ainsi que le grand manitou de la Formule 1, Bernie Ecclestone, sont d'accord pour dire qu'il faut bouger en vue de la saison prochaine.
Jacques Villeneuve, comme d'autres pilotes, a été convoqué à Londres juste avant le Grand Prix des États-Unis afin de discuter de la situation qui frôlerait la «crise» et tenter d'y remédier pour 2003 en y apportant quelques changements.Trois mesures principales auraient déjà été proposées de manière officieuse: ajouter du lest sur les voitures par rapport aux points acquis face à ses adversaires, imposer aux équipes de n'utiliser qu'un seul moteur pour les week-ends de course et n'avoir qu'un seul manufacturier de pneumatiques. Selon Villeneuve, ces mesures risquent de ne rien changer et pourraient même être encore plus menaçantes pour le sport.
«Et après, ça devient un faux spectacle, a continué Villeneuve. Si un pilote est rapide, on fera en sorte qu'il le soit moins. C'est ridicule. On ne va pas lester les chaussures d'un sprinter parce qu'il gagne toutes les courses», a-t-il dit en guise de comparaison.
«C'est un peu aberrant, surtout que du lest, c'est dangereux en cas d'accident. Une voiture plus lourde parce que sa monocoque est plus épaisse [plus de carbone pour absorber les chocs], ce n'est pas très dangereux, mais mettre du lest, oui.
«Et quant au choix de pneus, je crois que c'est ridicule et que ce serait une erreur, a-t-il soutenu. La seule raison pour laquelle Ferrari n'a pas fait toutes les poles cette année et qu'elle n'a pas gagné toutes les courses, c'est justement parce qu'il y avait une compétition entre les manufacturiers de pneus. Parfois, les gommes Bridgestone étaient moins performantes que les autres gommes. S'il n'y avait eu que ces gommes, déjà, elles auraient été plus rigides et, sur certains circuits, la voiture aurait été impossible à conduire. Ferrari aurait dominé encore plus.
«Quant au seul moteur, a-t-il poursuivi, je ne vois pas à quoi cela servirait car il en coûterait peut-être plus cher aux motoristes. Tout cela aura pour effet de ne pas rouler le vendredi pour que le moteur puisse tenir lors de la course le dimanche et ainsi compter moins de kilomètres», a ajouté Villeneuve en comparant la situation actuelle à certaines séances de qualifications.
«On constate déjà qu'il n'y a pas beaucoup de pilotes en piste lors des 20 premières minutes. Alors, si personne ne tourne le vendredi parce qu'ils ont les bons réglages et veulent économiser leur moteur pour le reste du week-end, cela ne sert à rien.»
Retour aux pneus lisses?
«Et si nous retournions aux pneus lisses, ce serait déjà moins gênant pour les fans, qui verraient de vraies voitures de course. Enlever le ravitaillement d'essence et conserver le ravitaillement de pneus? De cette façon, le pilote fait sa stratégie pendant la course qui, actuellement, se joue pendant les arrêts aux stands et parfois lors des cinq derniers tours, si tout le monde court ensemble évidemment.
«Les médias ont été utilisés pour exercer une pression afin que je quitte l'équipe et cela a ajouté du poids inutile tout au long de la saison. Enfin!, s'est-il exclamé. Si nous pouvons terminer la saison comme nous l'avons fait à Monza et aux États-Unis, ce serait bien avant l'intersaison, d'autant plus que ce que nous sommes à préparer sera très positif pour l'année prochaine», a conclu Villeneuve, très optimiste car, pour ce dernier Grand Prix, Honda a concocté un moteur de qualification très vitaminé.